L’arena di bella ragazza

8.11.09

image [ Une virée à deux ] Nous roulons depuis vingt minutes sur la route des plages. Une grande ligne droite limitée à 90 km/h. Fendant l’air, nous approchons de la maison familiale. Plus que quelques virages, droite, gauche, et nous voilà dans un chemin de terre cabossé. Étrange ! Je n'imaginais pas le décor comme cela. Des terrains vagues tout autour, nous roulons au pas pour ne pas abîmer le carénage trop bas de l’auto. Quelques centaines de mètres et nous stoppons devant un portail blanc orné de deux grands poteaux en pierres sur lesquels deux tourterelles statufiées semblent nous guetter d’un mauvais œil.

Elle fouille dans le vide-poches et sort une mini-télécommande pour ouvrir le portail. Une pression sur le bouton rouge et les battants s’ouvre sur « l’arena ». La classe ! Là, je découvre une allée carrelée de pavés ocres et bordée de petits buis taillés étonnement à la Française. Nous avançons et je découvre le jardin luxuriant, que dis-je, le parc aux milles couleurs. Le vert épais de la pelouse fraîchement tondue côtoie le rouge foncé des cerisiers gorgés de fruits. Les massifs de fleurs orangés et roses ostentatoires tranchent vivement sur le simple bleu du ciel. Mais où suis-je ? Cette allée n’en finit plus. Je la regarde sans mots. L’angoisse me gagne peu à peu.

Pour me décontracter, elle pose sa main sur ma cuisse et cherche la mienne. Je garde mes mains serrées entre mes jambes ; elles sont moites et le reste inadéquat. Prêt à accepter son soutien, je les délie et viens rejoindre la sienne errante désormais sur le boîtier de vitesse. Une boule dans la gorge comprime ma respiration. Nous arrivons enfin sur une large place parée d’une grande fontaine en galets sur laquelle ne manque qu’un rond point à priorité à gauche. Elle tourne brusquement à droite et s’engouffre dans un garage. Dans l’obscurité de l’écurie de la bête, je la prends dans mes bras et la serre très fort. J’évoque pour l’énième fois mon appréhension. Elle me rassure à nouveau sur l’amabilité de tous ses parents présents ce dimanche. Elle omet toutefois de mentionner la mansuétude de son père…

Nous descendons de l’auto. Elle ferme d'un coup de pied le portail du garage. J’aperçois alors en haut de la place, perchée sur une colline artificielle, la « casa di bella ragazza ». C’est une battisse énorme contemporaine avec toit terrasse d’environ trois cent mètres carrés au sol. Entourée d’une multitude de baies vitrées scintillantes, elles renvoient l’image du soleil à son zénith. Époustouflant spectacle ! Nous gravissons la vingtaine de marches du large escalier extérieur pour atteindre la porte d’entrée. Sur le palier, ma main se contracte dans la sienne. La chaleur est étouffante, ma glotte gonfle et je déglutis difficilement. Il faut que je me reprenne. Je redresse mon torse, arrange mes cheveux, époussète mon jean et frotte mes mocassins contre mes mollets afin qu’autant moi que les glands, nous soyons les plus convenables possibles. Elle me prend par la taille, me caresse le visage ruisselant de transpiration et nous pénétrons dans le hall.

« Christophe !!! Ciao, piacere di fare la vostra conoscenza, sono la mamma! ». Gloups !

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