Reflet

21.6.10

Tiens, me suis aperçu ce matin, barbe hirsute d’une semaine et yeux pantois de quatre décennies. C’est le miroir de la salle de bains qui m’a dit que j’étais là, avais oublié mon visage, il l’a découvert. Critique mes poils trop peu poivre et beaucoup trop sel, gratte ma peau d’hérisson et mes mains automatiques de masquer les plaques rouges qui pointent sur mon cou. Premières marques cutanées de la vieillesse, paraît-il. Flexion des cervicales, extension des orteils. Zoom sur le miroir, déniche une pelure morte glissée dans le coin d’un œil, l’ai vue, touchée, puis elle a disparu. Sourire crispé, dents tabagiques. Ouvre la bouche. Aaaaah ! Même les molaires ! Mastique dans le vide et clapote ma langue pâteuse dans mon cendrier. Expulse un grognement éraillé puis pense et oublie dans la seconde d’arrêter de fumer. Tête qui roule, balance que l’esprit. Vite un coup d’eau sur mon cliché trop matinal. Rasage ? Non, plus tard. Me douche sous eau tiède juste pour embuer le miroir. Plus de reflet, redeviens transparent comme le temps. Pas celui qui passe mais celui qu’il fait.

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