J’écris avec l’ordi sur les genoux #VasesCommunicants

5.11.10

En mémoire : cette espèce de mirador qui se trouve en face de la salle du Sufco, université Paul Valéry, Montpellier. Je l’ai pris en photo il y a deux ou trois semaines. Pris quelques notes aussi, à la va-vite, sur un carnet rouge. Photo et notes à l’origine de ce texte.

Les lieux où j’aurais aimé lire/écrire.
  • Dans la buanderie de ma mère, une pièce qui prolongeait le couloir, étroite et sombre, parfaite pour la table à repasser. Je la convoitais. Je m’y voyais déjà, planquée, incrustée coquillage dans les livres roses, verts, rouge et or. Je me rappelle avoir supplié, fait des pieds et des mains. Mon désir était violent. Ma mère ne voulait pas céder son coin repassage. Entre nous, c’était la guerre. J’ai fini par renoncer. Je me souviens très bien du trouble de ma mère devant mon insistance. Et de son inadmissible et incompréhensible résistance.
  • Dans la cave de ma grand-mère, la tête sous les grands bocaux de prunes, de cerises à l’eau de vie. Avec cette odeur de moellon humide qui me faisait écarquiller les narines. Là aussi j’ai dû insister. Mais je ne m’en souviens pas. Mes parents ont fini par aménager une petite salle attenante avec bibliothèque et fauteuil. Jamais vraiment investie. Trop confortable. Trop faite pour lire/écrire.
  • Dans un film de Bergman et plus précisément dans un bateau échoué dans un film de Bergman dont je ne me souviens pas le titre. Dans la prison, aussi, avec Roberto Begnini mais là je me souviens très bien du titre : Down by Law.
  • Quelque part dans un bâtiment immense et inachevé, posé en promontoire au-dessus de la minuscule baie de Cerbère. Sa forme évoquait un paquebot, il serait arrivé par les terres, il serait encore gris de fatigue.
  • Dans une datcha perdue au milieu de la campagne Russe, enfin l’idée que je m’en fais. C'est-à-dire dans les profondeurs de n’importe quel livre de Dostoïevski.
  • A l’intérieur d’un de ces minuscules coquillages gris qui peuplent jusqu’à la plus petite anfractuosité sur les parois des blocs, brise-lames, Sète.
  • Au creux des plis d’une sculpture de Stéphane Gantelet.
  • Au milieu d’une équipe de nuit – dans ce pli-là, lui-même enfoui dans un pli du Désordre – mais uniquement si Philippe de Jonckeere en fait partie.
  • Dans la partie commune située juste au-dessus de la banquette où souvent je m’installe avec mon ordi. Une pièce tout en longueur. Au bout : trois fenêtres et tu es cerné par le paysage portuaire, la mer et le Mont Saint-Clair. Mon jeune fils s’y installe parfois pour monter et peindre ses Warhammer.
  • Dans cette verrue posée sur le toit d’un bâtiment de la fac. C’est pourtant pas la guerre.
A chaque fois, un maquis.
Ce billet a été rédigé par Juliette Mézenc que vous pouvez lire sur son blog éponyme mais aussi sur publie.net. Je reçois son texte aujourd’hui dans le cadre des vases communicants et elle reçoit le mien ici, billet écrit à partir d’un de ses ateliers d’écriture qu’elle propose depuis quelques semaines à la librairie “l’échappée belle” à Sète.

Et voici la liste des autres participants à ces vases communicants de novembre (encore un grand merci à Brigitte Célérier pour la recension) :

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