Le roman d’Arnaud (extrait)

4.11.10

image Voici par où tout a commencé...

« Constamment, Arnaud pense à vous. À tout moment, vous êtes dans ses pensées et ses rêves. Mais est-ce vraiment une bonne chose ? »

D'une existence vide, exsangue de tout sens, est-il possible de renaître, différent ? Je ne cesse de m’interroger. Suis-je le seul à ne pas voir mon reflet ? Est-ce seulement possible ? Ne me demandez pas pourquoi et encore moins comment une telle hérésie a pu se produire : je ne connais pas la réponse. D’ailleurs, comment pourrais-je savoir ?

Se pourrait-il que ma propre image ait été confisquée par quelques forces obscures ? Mon berceau, que j’imagine bruyant, aurait-il été enveloppé d’un sort ? Quelles basses œuvres ou esprits torturés se sont attachés à créer cet être difforme nommé : Arnaud ?

Arnaud, c’est mon nom. Mais je vous préviens, ne vous fiez pas à sa douce sonorité. Son étymologie est bien plus évocatrice, bien que légèrement erronée en ce qui me concerne. Du terme germanique « arn », l’aigle, je ne vois vraiment pas où ce majestueux oiseau de proie se retrouve en moi. Car l’être est repoussant. Oh oui, il l’est ! Si Dieu existe, il a bien dû se marrer le jour où ma tendre mère a eu l’idée de me nommer ainsi.

Possible que cela soit lui qui m’empêche de me voir, de m’observer dans ce satané miroir. À moins que cela ne vienne de cet endroit, de cette maison et de ce grenier poussiéreux.

Ce grenier : un bric-à-brac que je hais autant que je l’aime. C’est une vieille dualité entre nous. Il est mon refuge, mon repère. Une prison aussi. Une cellule pour ma conscience, un cachot pour ma laideur. Et la vieille en est le bourreau. La vieille... Je l’exècre autant qu’elle me méprise. Dire que c’est ma grand-mère.

Comment un tel être a-t-il pu enfanter une chose aussi merveilleuse que ma mère ? L’hérédité est parfois sournoise. Ma grand-mère n’a toujours eu qu’un seul rêve : avoir un garçon. Qu’il soit beau ou intelligent n’entrait même pas dans ses critères. Elle était issue d’une vieille, très vieille famille aristocrate. N’étant pas mariée, ce qui n’avait pas manqué de créer la polémique, cette vieille fille sûrement engrossée à l’emporte-pièce n’avait qu’une idée en tête, transmettre son nom. À vrai dire, c’était bien la seule chose qui lui importait.

…/…

Extrait du prologue du Roman d’Arnaud que vous pouvez télécharger gratuitement sur epagine.fr au format pdf ou epub. Sortie du Tome 1 fin novembre chez numeriklivres.

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