Quatrième acte

image Les trois coups retentissent et l’épais rideau rouge se lève. Une chambre biscornue faite de bric et de broc, rehaussée de couleurs chaudes languides. Sur sa droite, s’entrouvre en permanence une fenêtre aux rideaux rouges voltigeurs et gracieux. Leur ballet impose un va-et-vient discret entre intérieur extérieur selon l’humeur du vent. Au centre, trône un lit en bois d’un autre âge offrant couche généreuse et craquements dissolus. Pour l’ambiance, une lumière tamisée s’obtient d’une étole légère jetée sur une lampe de chevet au reflet d’ambre. Pour agrandir l’espace, devant le lit s’impose un grand miroir boisé moucheté des petites marques ébènes du temps. Les draps blancs aux surpiqûres d’antan et la couette de papier couverte d'un épais édredon molletonné sont prêts à accueillir les deux uniques acteurs. Voilà, le décor planté. La représentation se joue en quatre actes. Ici, pas de metteur en scène, l'histoire se déroule de manière totalement improvisée. Les comédiens entrent et s’allongent sur le lit alors que le silence tombe en murmure sur les derniers spectateurs qui s’installent. La pièce peut débuter.

Le premier acte s’intime par un échange doux et intelligent. Des paroles simples formulées avec sincérité se chuchotent dans le creux de l’oreille. Des mots doux et réconfortants circulent entre les deux acteurs ouverts. Tous deux conversent calmement sur les plans d’un jour à retarder et se confient tendrement les inquiétudes d’un soir sur les jours à venir. La discussion est sereine et ronronne agréablement cadencée par le tempo piano d’une vie de couple ordinaire. Deux livres posés au sol remontent lentement dans leurs mains après que la discussion se soit perdue dans des pensées vagabondes. Les spectateurs sont captivés, les pages se tournent et la salle sous le charme impose un silence complice qui ponctue le changement de ton.

Deuxième acte. La parole cède la place au regard. Les bouquins tombent accompagnés lentement par les mains en balançoire qui effleurent les dernières pages lues. Le public absorbe l’ambiance et soupire un instant sur le rapprochement des deux corps. Toujours le silence, la lumière faiblit, les acteurs s’enlacent. Croisées, tendres, explicites, les œillades minaudées posent sans mot une nouvelle dimension sensuelle. Collés dans un douillet abandon, leur reflet dans le miroir renvoie l’oraison de la journée ; l'étreinte absolue en ligne de mire pour un relâchement charnel de l’esprit.

Troisième acte. Le regard s'évanouit sous les paupières. Yeux clos, les corps se mélangent. Plus besoin de voir, il est temps de sentir, toucher, écouter. Les râles avant-coureurs du plaisir se débrident dans la pénombre. Des bouts de feu jaillissent des premiers rangs. Briquets portés aux nues d’une séquence inédite. Les spectateurs en haleine deviennent voyeurs montés sur une fièvre impudique. Troublés, les plus jeunes baissent les yeux, certains mêmes sont priés de sortir. La salle bouillonne d’impatience et perfore le noir d’un engouement concupiscent. Enclave indécente de la réalité. Les protagonistes ne jouent plus, ils vivent entièrement leurs personnages, tombent leurs masques et se laissent aller à leurs élans amoureux.

Le quatrième acte est censuré par l'auteur.

Les yeux s’ouvrent. Le public exacerbé se lève et applaudit d'un jet puissant qui gicle sur la scène dans un sillage onctueux. Encore, encore, encore ! La foule scande le rappel. La clameur explose puis retombe sur la tribune tétanisée. Nos acteurs comblés s'épongent puis se calent l'un contre l'autre pour laisser s’évanouir la nuit sous la couette de papier. Rideau.

  • 28.4.10

L’ouverture des possibles (9)

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[ Le commentaire d’Alvin (8) ] Cassandre clique fébrilement sur le lien contenu dans l’email et la page où Alvin vient de déposer un commentaire s’affiche sur son écran. Une phrase, une seule misérable phrase qu’elle consulte de façon instantanée sans prêter attention sous quel billet elle a été publiée. L’ouverture, le champ des possibles. Quatre heures du matin, les yeux exorbités, elle est exténuée par cette nuit sans fin mais s’enroule rapidement dans cette ligne succincte. Quinze mots épars mais réfléchis. Elle décortique chacun d’eux. Elle trouve la formule de politesse très convenue bien qu’emplie de bienveillance. Trois points, deux virgules, la ponctuation est strictement respectée mais trop méticuleuse. Le C. énigmatique a laissé place à Cassandre. Il la nomme précisément cette fois ci, c’est curieux. Elle tourne, renvoie, cherche un indice entre les mots, quelque chose qui pourrait les réchauffer, leur donner du relief. Elle est agacée par cette fixation à examiner ainsi le commentaire. L’ouverture des possibles. Bien sûr qu’elle veut l’ouverture, marmonne-t-elle la main crispée sur sa souris.

Même si un sourire s’insinue sur son visage, même si le désir immédiat de répondre se fait sentir, elle hésite encore et reste désorientée par cette première approche. Elle recule, s’adosse fermement à son fauteuil et étire ses bras dans un large bâillement. Après un craquement nerveux des doigts, elle plante ses coudes devant l’écran et colle les mains sur ses joues avec une moue dubitative. Cassandre boue et souffle son dépit. Le message lui offre certes l'entrée en matière tant espérée, il déloge quelques incertitudes mais elle ne peut dénouer le doute qui la tiraille. Anxieuse, elle mastique les mots dans sa bouche en relisant à voix haute ce premier effleurement virtuel, si sobre et tellement dépourvu de saveur.

Sur cette fin. Après avoir lu des dizaines de fois, elle accroche enfin sur ces trois mots. Elle scrolle vers le haut d’un coup de roulette de souris pour remonter vers le billet et remarque avec retard le texte sur lequel Alvin a décidé de l'aborder. Son premier texte, sa toute première libération de mots. Une histoire si ancienne qu’elle en redécouvre le contenu et le contexte avec amusement. Une amourette disparue qui n’aura duré que quelques mois. Un des ses feux de paille fréquents auxquels Cassandre est malheureusement abonnée. Pourquoi Alvin a t’il choisi ce billet ? Quelle signification faut-il donner à cela ?

Cassandre est fatiguée de ses cogitations excessives. Elle peste intérieurement sur toutes les questions qu’elles se posent sans cesse et qui lui pourrissent la vie. Il faudrait qu’elle se lâche, qu’elle arrête de tout vouloir maîtriser. S’engager et  oser, se répète-t-elle. Mais cette nuit, il est trop tard. Elle ne peut pas lui répondre maintenant. C’est trop tôt. Trop tard ou trop tôt ? Non, c’est trop tôt, il se douterait de sa surveillance, de son attente invariable. Elle ne peut pas lui montrer son impatience, son émoi grandissant. Elle ne veut pas jouer l’introspective bardée de questions inopportunes, elle ne veut surtout pas se confronter à ses réponses. Elle claque l’écran de son notebook sur le clavier et se glisse sous les draps. Dans son sommeil, elle refera le tour des mots d’Alvin.

A suivre…
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  • 26.4.10

Ok, je monte

image Après les congés de Pâques, le teint et l’humeur légèrement hâlés, je retourne au bureau détendu et reposé. Un lundi comme les autres où je vaque à mes occupations habituelles. Je trie les mails de la semaine écoulée, traite les plus importants et supprime tous les pourriels envahissants. Je fais de même avec le courrier accumulé dans ma bannette, décachète les enveloppes, lit, agrafe, classe. Une routine laborieuse pour une rentrée classique. Autour de moi, des chuchotements m’interpellent. Messes basses de curé au téléphone, yeux qui roulent sous l’inquiétude. Mes voisines de bureau s’agitent en sourdine. Le brouhaha habituel de l’open-space est remplacé par le chuintement irritant de paroles inaudibles. Il fait pourtant doux ce matin mais je sens au fil des heures monter une pression anormale. Fenêtre ouverte, vent léger, le baromètre est au beau fixe sans que je ne détecte la portée de cette agitation confuse. Trouble qui se transforme peu à peu en rumeur mal identifiée.

Je ne m’attarde pas et plonge dans ma bulle habituelle, acte protecteur et enveloppe autiste, posture que j’ai adoptée depuis de longues semaines. Les persiflages de mes collègues sont fréquents et il ne me semble pas utile pour l’instant de chercher leur raison. A dix heures, je sors pour fumer ma première cigarette de la matinée. Je suis très vite rejoint par deux collègues féminines du service recouvrement. En aparté, à quelques mètres de moi, elles s’assoient sur un banc et tournées l’un vers l’autre, continuent leurs bavardages sous cape. J’écrase ma cigarette et retourne à mon poste. La rumeur tourne et valse dans les esprits rajoutant à chaque minute de la gravité à la journée.

Onze heures. Une personne se lève brusquement après un bref coup de téléphone ponctué d’une sentence révélatrice, « Ok, je monte. ». L’escalier en colimaçon rejoint le bureau du directeur. Par la porte vitrée, quinze regards se braquent sur elle alors qu’elle gravit les premières marches. Un quart d’heure plus tard, elle redescend, un courrier à la main, l’air dépité et la vue basse. Nous détournons alors dans une même émotion nos yeux inquisiteurs pour les pointer sur nos écrans respectifs, nous donnant ainsi une consistance détournée, une ignorance désormais feinte. Et les claviers dans leurs clapotis exagérés s’agitent à nouveau. Nos visages rivés sur un point de fuite s’empressent de simuler la quiétude des jours ordinaires.

Elle, puis une autre, puis encore une autre. Huit personnes au total répondront au téléphone, franchiront la porte vitrée, grimperont le colimaçon, redescendront avec le même courrier. Toutes auront droit à ce regard biaisé, perdu entre soutien et crainte, empathie et fatalité. La rumeur morte, les évènements sont actés et déversent déception et rage. La complainte de l’employé et la stigmatisation du patron animent les débats de couloirs. De nombreuses discussions, des toilettes à la cafétéria, s'étendent en violences verbales ou inquiétudes légitimes sur un avenir incertain. Tandis que la journée s’achève, les délégués du personnel maintenant libérés de leur devoir de réserve traversent les services à la rescousse des âmes égarés. Une agitation qui va perdurer pendant quelques semaines jusqu’au congé définitif.

Le lendemain vers quinze heures, mon téléphone sonne : « Ok, je monte ».

  • 24.4.10

Casse Nini !

imageDans l’ambiance délétère de la maison, un petit bonhomme chétif, binoclard avec peu d’envergure est posé là ; un garçonnet sage qui entend ses parents sans vraiment les écouter. En définitive, il discerne mieux le silence que les paroles. Beaucoup trop de mots faussement corrects sont synonymes d’une violence qu’il ne veut pas laisser entrer.  Dans cette bulle, un fils « unique » avec deux grandes sœurs. Unique car il a toujours été seul, élevé par des parents qui semblent avoir oublié leurs deux filles. Il faut dire qu’elles sont parties il y a bien longtemps alors qu’il n’était qu’un jeune enfant. Elles volent aujourd’hui de leurs propres ailes, comme l'enjolive cette formule volatile encourageant à la liberté. Des ailes qui parfois reviennent papillonner à la maison et découvrent, au travers des battements rapides de leur vie, un foyer maquillé en existence paramétrée. Chaque chose est à sa place. Chaque personne joue son rôle. Le père est évanescent et inanimé, la mère organisée jusqu’au psychorigide, et l’enfant propre, bien éduqué, spectateur de ses parents désabusés. Le malaise est constant dans la maison silencieuse. Fomenté par la tension du couple, les troubles et les sous-entendus ont progressivement découpé les relations familiales en séquences caricaturales. Et quand les filles reviennent à la faveur d’un changement de saison où les oiseaux migrent, la famille décomposée simule le bien-être en feignant une cure de jouvence pour mieux continuer dans l’illusion le reste du temps.

Cependant, au sein de ce tableau peu séduisant, demeurent quelques éclats de vie, véritables anecdotes plongées dans le formol du souvenir. Plus particulièrement, la venue de la sœur cadette, la vingtaine au grand cœur, reste un ravissement pour le garçon gommé par le mutisme ambiant. Elle et sa bonne humeur font toujours de ses heures de rien une parenthèse enchantée. Longs cheveux bruns coiffant une allure élancée, axe d’un corps gracile, Nini, de son drôle surnom, est pétillante, magnifique et irradiante de bonheur. Un sourire affable constant est planté sur son visage comme pour conjurer le sort jeté sur sa famille engloutie. Assorti de courtoisies surprenantes, le déballage de bons sentiments souffle une gaieté déliée et extirpe un instant la maison de sa torpeur. Nini arrive toujours avec une kyrielle de cadeaux pour chacun. Son petit frère est le plus choyé. Jeux de société, bonbons acidulés, et surtout voitures miniatures, collection du jeune garçon que sa sœur prend soin de compléter régulièrement. Ses réductions automobiles sont les répliques exactes des modèles réels. Peugeot 205, Renault 5 GT Turbo, et autres marques exotiques. Aucune n’échappe à la diminution pour ravir l’enfant rêveur qui convoite l’adulte et sa machine vrombissante. Toutes sont estampillées Majorette, c’est important et nécessaire. Ces petits bolides à frictions ou à simples roulettes ont bercé et bercent encore l’enfance de nombreux bambins.

Le frère à Nini n’échappe pas à cet engouement et en accumule des dizaines de toutes les couleurs, de toutes les marques, des plus luxueuses au plus ordinaires. Petites perles maculées par le temps, cabossées par les accidents de cuisine et autres crash tests sur les pieds de la table basse du salon. Mais lui, il leur trouve toujours les mêmes défauts. Il ne supporte pas le silence que le jouet fait sur le carrelage froid. Tout juste si un sifflement plastique imite pauvrement le bruit du moteur absent. Et ce manque se réfléchit dans ses silences semblables à un écho muet qui renforce la gravité revêche collée aux murs de la maison. Aux vrombissements absents des Majorettes s’ajoute la limite de la réplique. Les portières, coffre arrière ou avant restent clos, désespérément clos, scellés dans la masse de l’objet. Impossible d’ouvrir, de passer son doigt à l’intérieur, de voir ou de toucher les sièges, de caresser le volant ou d’actionner le pommeau de vitesse ! Un défaut de sensation conforme à sa vie silencieuse, coupée, enfermée, inaccessible. Et l’enfant s’use le bout des ongles à tenter d’ouvrir les factices chambranles de l’auto comme il s'abîme les sens à dérober les mots maintes fois refoulés. Agacé et  frustré par cette liberté bafouée, il conteste et stigmatise le plaisir déchu. Une parcelle précoce d’émancipation qu’il croyait offerte s’avère un leurre angoissant. Dans l’espoir de rattraper sa liberté par l’ouverture soudaine des portières, il détruit chaque Majorette offerte en la jetant violemment au sol. Le jouet éclate, se sépare en deux mais les accès à l’auto ne cèdent pas aussi aisément au silence. Et dans un appel désespéré, il implore le secours de sa sœur : « Casse Nini ! Casse ! Ouvre la Majorette ! ».

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  • 21.4.10

Le commentaire d’Alvin (8)

image [ C. et si ce n’était pas elle ? (7) ] De jour en jour, de nuit en nuit, Alvin se perd, Alvin se meurt. Tragi-comédie idiote d’un homme seul. Parfois, il en rit, se frappe le visage pour réveiller son instinct de chasseur, de Casanova de la toile et ainsi sortir de cette obsession galopante pour trouver posture plus détachée. Mais il ne maîtrise plus rien, tout cela le dépasse. L’emprise des mots est plus forte. Il continue à arpenter comme un monomane les pages de Cassandre à la recherche de la clé, celle qui pourra lui faire franchir le pas. Pas une enjambée physique, même pas une mise en abîme dangereuse. Il ne s’agit pas ici d’affronter réellement, il n’en est pas à ce stade, cela ne l’effleure pas une seconde. Non, il aimerait simplement entrer en contact virtuel. Et il tourne mille fois dans sa tête ce blocage inconscient, cette pudeur effarante qu’il éprouve en lisant les mots de Cassandre.  C’est comme si elle lui tendait un miroir et que dans le reflet, il y découvrait son vrai visage. Il faut pourtant que cette transposition s’incarne, fut-elle éthérée. Alors, il répète inlassablement les mêmes gestes, les mêmes clics, retourne les pages virtuelles de l’univers de Cassandre pour déceler le billet opportun, celui qui sera le plus en accord avec ses pensées. Il cogite et rationalise sans cesse les effets boomerang de son cœur. Chaque oscillation sanguine qui tambourine sur ses tempes affole son épiderme et le fragilise encore un peu plus. Il dénie son corps pour remonter tout le sens dans sa tête. Il fume et fulmine. Son ventre se noue et ses idées débordent puis s’évaporent dans les effluves des cigarettes qu’il écrase une à une dans son cendrier. Il lit, dissèque chaque mot. Il étudie avec minutie le sens de la prose de Cassandre, sa portée et la corrélation délicate qu’elle pique dans sa vie.

Il est tard. La nuit allonge ses jambes et Alvin est toujours recroquevillé sur son ego, la tête collée à l’écran. Il ne se débat plus comme un beau diable dans cet univers parallèle qu’il affectionne. Le flux a cessé, il a échoué sur une île où toutes les contradictions comme tous les possibles sont admis. Sa paralysie, son manque d’accessibilité, son repli sur lui sont autant de barrières qu’il n’arrive plus à surmonter. Il sent que la moindre interaction avec sa belle inconnue pourrait le faire vaciller, le mettre en danger et casser le personnage qu’il a mis tant de soins à construire. Pourtant, il n’a qu’une seule chose à faire, se laisser porter par son instinct primitif. La décision est au bout de sa souris, posé là sous ses doigts sur les lettres juxtaposées de son clavier. Il n’a qu’une entrée à exécuter, une simple pression sur un lien hypertexte pour déposer une phrase laconique invitant à la discussion, au partage de ses perceptions troublantes. Mais derrière se cache l'affection suprême, il le sent et il a peur. Il ne veut pas s’adonner à une aubade désuète. Il n’a cure de ses représentations surannées de l’amour. Il n’aime pas ce mot, ne sait pas vraiment ce qu’il est, ce qu’il symbolise exactement. Il ne le connaît pas, le fuit, ne sait et ne veut pas l’apprécier. Il le met en scène pour le démystifier, le risque uniquement de son regard influencé par des romances improbables. Comme le poète imbu, il ne lui donne corps que pour choyer son narcissisme. Et pourtant, il sait que quelque chose se trame derrière ce blog, qu’une personne s’inscrit et vit comme lui, dans une réclusion sentimentale, une prison d’émotion qui se croit  libre par l’artefact de  l’écriture. Tant de perceptions similaires entre elle et lui ne peuvent rester aveugles l’une de l’autre.

Par discrétion, évitant le trouble que pourrait occasionner son entrée sur les autres lecteurs , il décide de s’enfoncer dans les archives du blog de Cassandre et sur son premier texte où il est paradoxalement question de la fin d’une histoire amoureuse, il dépose ses premiers mots, l'embrasure en exergue, le contre-pied de sa tempête cérébrale. Par un élan non contrôlé, éloigné pour un instant de ses dérobades, il jette la première pierre en espérant le ricochet.

Publié par Cassandre, le 17 janvier :
« Une fin, j'en voulais une. Quand l'absence de lui devenait usure, quand le silence devenait nuit, quand je ne savais plus où il était dans l'espace de ses fuites, je me diluais, me perdais. Alors grondait dans ces moments la peine immense de ne pouvoir lui donner, lui demander. Je ne pouvais qu'attendre ou me précipiter dans le futile et l'incertain. Il est parti. Il est parti comme un étranger, sans se retourner, pour ne pas dire au revoir, pour ne pas croiser, mon regard et je suis restée là. Belle lurette que je croyais avoir accepté cette histoire qui se finissait, et je voulais une jolie fin, et je ne l'ai pas eue... Aujourd'hui, j'accepte mais je suis prise parfois par un raclement comme du sable fin, là coincé dans ma gorge et je déglutis, je ravale, je zappe... »

image A suivre…
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  • 18.4.10

Je ne saurais voir

image Il est 9h30. Je suis quelque peu stressé ce matin. Je dois intervenir auprès des managers commerciaux pour leur exposer procédures et autres règles de gestion à adopter pour que nous puissions travailler ensemble dans les meilleures conditions. Je peaufine ma présentation « pauvre point » (Powerpoint pour les non-initiés) et je regarde, sceptique, par la fenêtre en doutant de l’intérêt de celle-ci. Je me ravise très vite en me disant qu’il n’est pas temps à faire de l’existentialisme de pacotille. Il faut que je sois convaincant, enthousiaste, professionnel et « corporate ».

J’insère ma clé USB, copie le document et me dirige prestement vers la salle de réunion. Là, m’attend la troupe complète affairée autour de la table du petit-déjeuner. Cafés, jus d’oranges, viennoiseries d’usage sont présentés, avec un goût improbable, sur une nappe blanche ornée d’une orchidée jaune. Je salue l’assemblée d’un geste papal. N’allez pas penser que je suis un goujat mais nos managers étant exclusivement des manageuses, vingt fois trois bises à 10h00 du matin s’est beaucoup trop pour moi, sauvage des Carpates !

Après quelques bavardages de circonstances sur le temps et sur le dernier éliminé de Koh Lanta, tout ce beau monde s’installe autour des tables positionnées en demi-cercle. Notre vénéré et honorable directeur commercial, coq dans sa basse-cour, prend la parole, présente les petites nouvelles et distille ses bons mots motivants dont il garde jalousement le secret de fabrication. L’ambiance est tendue comme à l’accoutumée et chacune d’elle, vamp exacerbée, s’attache à trouver l’anecdote qui va détendre l’atmosphère. Pendant ce temps, je règle le rétro-projecteur connecté au macbook de notre orateur. L’introduction terminée, la parole m’est donnée.

Tandis que j’endosse progressivement mon habit de gestionnaire dynamique et volubile, je scrute les regards enjôleurs qui parcourent mon corps de la tête au pied. Je sais bien, depuis le temps que je travaille dans des entreprises commerciales, la part de la séduction induite dans nos rapports professionnels ; mais lorsque j’y suis confronté de face comme aujourd’hui, je suis toujours sidéré par l’érotisation rapide des comportements. Solide comme un iceberg prêt à fondre, je débute ma présentation fastidieuse et déroule les « slides » avec dextérité. Mon intervention doit durer maximum une heure et nous avons déjà pris une demi-heure de retard. Je poursuis tout en pestant contre la montre qui va au moins tourner jusqu’à midi avant que je ne sois délivré de la basse-cour.

Le temps s’égrène et sous les tables, les jeux de jambes se font de plus en plus ostensibles. Ma présentation, de toute évidence, n’intéresse personne si ce n’est notre directeur commercial qui m’interrompt largement pour répéter « made in cadres » les mêmes choses que moi. Malgré mon self control légendaire, mes yeux se portent soudain sur un décolleté plongeant qui aurait pu passer inaperçu s’il n’avait pas été déposé généreusement sur la table. Un sourire m’échappe, m’écarte de mes paroles et étonnamment, capte l’assemblée. Ce rictus se propage rapidement et amène l’ensemble des regards à se porter sur les atouts mammaires de notre comparse. Les diapos se mélangent, le notebook ronronne et chauffe, les esprits aussi. Le ballet des longilignes jambes s’accélèrent, le pouls de notre patron également.

Mon professionnalisme jusqu’alors sans faille est maintenant quelque peu ébranlé. Afin de recouvrer ma prestance, je crois bon d’ironiser sur la stupéfiante découverte. Grand mal me fasse, tout le monde me suit et part dans des iconographies des plus graveleuses. « Au secours ! le poulailler s’enflamme ! ». Les détails de l’anatomie débordante de ces dames sont dévoilés ; chacune divulguant les surnoms de leurs attributs à l’assemblée médusée. La franche rigolade bat son plein et le coq, malgré sa gêne non feinte, semble prendre plaisir à satisfaire ce besoin de défoulement sexué. A ce moment là, tout part à vau-l’eau. Les rires fusent. Les interactions sont vives et l’ambiance à milles lieux des conventions de l’entreprise.

« Mademoiselle, cachez ces seins que je ne saurais voir ! ». La poitrine enfin remontée à des altitudes moins visibles, le calme revient peu à peu grâce à l‘intervention athlétique du « maître de cérémonie ». Les œillades coquines s’estompent, les sourires se figent et mon intervention se termine tant bien que mal.

Je repars avec dans l’esprit ces échanges que je ne peux détacher de leur contexte. La tension du résultat, la pression de la hiérarchie, le couperet du chiffre d’affaires mensuel sont autant de points qui amènent notre force commerciale à dériver vers ces sujets hormonaux. L’appétence de l’autre par sa plastique, son charme, sa sensualité reste le meilleur sas de décompression. Et dans ces instants oppressants, cette frivolité me rassure, m’anime, me stimule, et conforte mes pensées et ma foi en l’homo erectus.

Texte publié initialement sur le blog ligne de vie dans le cadre des vases communicants.

  • 15.4.10

Un verre de grenadine

image Lorsque survenait l’heure du crépuscule, je savais où trouver mon paternel. Le tout était de bien identifier le jour de la semaine. Lundi, mardi, c’était le jaune. Mercredi, jeudi, c’était l’orange et vendredi, samedi c’était le rouge. Le dimanche était particulier car toute la journée ou presque étant dévouée à la détente bien méritée, il pouvait donc se trouver indéfiniment dans le jaune, l’orange ou le rouge. Après quelques années, j’ai pu rapprocher sa position à l’évènement du dimanche midi : jour du PMU. Je ne pouvais le trouver que dans le jaune, le seul estaminet à proposer les paris équestres. Le reste de la journée dominicale, sa position demeurait variable, le café du Vernazobre, l’orange ou le bar du balcon, le rouge. J'hésitais, tâtonnais, me trompais mais finissais toujours par le trouver.

Au fond du bistrot, une fesse sur un tabouret et le coude bien scellé sur le comptoir, mon petit bonhomme trapu de papa jacassait, beuglait, plaisantait avec ses amis tout en savourant suivant l’heure un pastis Ricard bien dosé ou un bock de bière. Je me suis toujours demandé pour quelle raison il buvait la bière dans un si petit récipient. Au regard de la quantité qu’il ingurgitait à chaque visite, il aurait été plus simple et certainement moins coûteux de commander son breuvage de prédilection en demi (qui ne fait en définitive que 33cl) voire en grande chope. Bref, pour mon père c’était le bock de Kronenbourg et pour moi, c’était la grenadine de Teisseire.

« Et, Jo, tu mettras une grenadine en plus pour le petit, avec une paille ! ». Mais pourquoi me commandait-il toujours ce sirop au fruit étrange ? Du haut de ma dizaine d’années, j’aurais préféré un Ricqlès, un soda aux extraits de menthe. Cette petite bouteille à l’étiquette esthétique faisait à ce moment là très branché avec ses micro-bulles transparentes qui remontaient à la surface une fois la boisson versée dans son verre. A la rigueur, j’aurais accepté un tang orange ou citron, le bon jus de fruits lyophilisé également très prisé des ados. Et bien non, je n’avais pas mon mot à dire. Pour le petit, c’était grenadine, la boisson dévolue à tout enfant qui, sorti du cadre familial, doit rester à sa place d’enfant en buvant une boisson d’enfant. Et depuis toujours, la boisson d’enfant, c’est la grenadine. Il dut y avoir sans que je m’en rende compte une mercatique bien ancienne qui installa ce sirop dans cette sorte de légende urbaine. La grenadine, le sirop pour les gredines oui ! Puis, franchement, il n’y qu’à regarder deux secondes une grenade, ce n’est pas vraiment le fruit qui fait rêver une génération naissante ! Je ne comprenais pas et n’ai toujours admis cet acharnement à me faire boire ce verre impersonnel de grenadine avec sa paille grotesque !

Un dimanche après son tiercé invariable - le 4-5-15 ma date d’anniversaire jouée tous les dimanches depuis ma venue au monde - papa interpella une nouvelle fois le serveur pour me commander la boisson rouge maligne. Je me dressai alors entre lui et le comptoir et refusai sèchement l’offrande du paternel. Moi-même surpris par cette audace, j’attendais la réaction avec angoisse. Il but d’un trait son bock, en commanda un second sans me regarder et sans mot dire. Il se retourna ensuite vers moi, sembla acquiescer d’un hochement de tête et d’un clin d’œil complice vers le taulier, il ajouta en souriant: « Et le même pour le grand ! ». C’est ce jour là où j’ai arrêté la grenadine enfantine pour le bock du mâle.

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  • 13.4.10

C. et si ce n’était pas elle ? (7)

image [ Alvin, de lui vers C. (6) ] Un matin comme tous les autres, Cassandre se réveille sur le blog d’Alvin. Un billet à nouveau écrit d’une plume emportée trouble un peu plus la perception des évènements. Les mains de C., comme Cassandre. Personnage omnipotent dans ses propos, répété plusieurs fois comme une rengaine, comme une louange à sa déesse. Alvin semble inspiré jusqu’à l'obsession par cette dulcinée qui absorbe ses mots dans l’encre numérique intachable qui les répand. Comme les précédentes publications, l’énigmatique C. se décline sous les yeux médusés de Cassandre. Et si ce n’était pas elle. Tout semble si irréel. Elle lit plusieurs fois ses lignes, suit du regard les mains de C. tout en examinant les siennes. Mes mains ? Pourquoi Alvin écrirait-il sur mes mains ? Décidément, le blogueur la tourmente autant qu’il la séduit. Un charme effronté qu’elle ne parvient plus à ajuster à sa personne tant l’idolâtrie déployée par Alvin s’écarte de sa réalité. Et elle s’interroge encore sur cette propension à célébrer C. Par quel truchement psychique arrive-t-il ainsi à parler d’elle alors qu’il ne connaît rien ? Perturbée par ces déclarations dithyrambiques, il devient urgent qu’elle en sache davantage. Elle veut être sure que sous cette initiale impersonnelle c’est bien d’elle dont il est question, que sous son écriture exaltée se taisent une demande de correspondance, un appel à se dévoiler. Le jeu a assez duré. Il faut savoir maintenant quitte à se tromper sur les intentions de l’inconnu. Ce soir, elle passe à l’action.

Elle referme son notebook en pensant déjà à la manière dont elle fera son entrée en scène. Elle songe un instant à s’infiltrer dans son jeu, à publier un billet éloquent divulguant un A. idéalisé. Mais elle se ravise très vite. Le but est désormais de découvrir la séduction d’Alvin. Elle veut du contact, un vrai échange, un éclaircissement sur ce qu’elle a lu depuis des semaines. Elle désire bousculer l’alchimie présumée naissante pour pourvoir mieux la reconnaître, y donner vie, l’explorer ou la laisser s’évanouir si d'infortune C. n’était qu’un fantasme dévoyé. Toute la journée elle songe à la manière la mieux adaptée. Un commentaire sur son dernier billet gagne au fil des heures une adhésion timide. De toute façon elle ne voit que ce moyen, Alvin ayant verrouillé les autres possibilités de contact. Elle aurait aimé pourtant se livrer plus amplement sur ces ressentis, lui écrire une lettre, missive personnelle à l’abri du regard des autres. Si elle opte pour le commentaire, il sera lu par la troupe divisée qui arpente le blog d’Alvin. Elle témoignera ainsi de son existence réelle. Sur le flux racoleur, elle alimentera les curiosités malsaines qui abondent dans les sentiers battus de l’espace d’Alvin. Dévoiler sa présence tout en avouant que les nobles déclarations du blogueur sont perpétrées à son insu lui paraît d’ores et déjà inenvisageable. L’extimité ne peut pas se conjuguer à deux, c’est beaucoup trop dangereux. Et reporte toujours sa décision la question lancinante qui vient tordre sa raison : si ce n’était pas elle ? Cassandre se perd en atermoiements sans fin, s’épuise en cogitations excessives et finit par renoncer une nouvelle fois.

Le soir venu, devant son écran, elle se retrouve angoissée au milieu des pages insipides qui défilent. Empêtrée dans son indécision, elle fuit le blog d’Alvin, ne veut pas voir si une nouvelle mise à jour est apparue. Elle clique hagarde sur d’autres liens, d’autres espaces sans importance pour déloger le nœud malin qui a lentement mûri dans son ventre. Elle passe ainsi la soirée et une partie de la nuit à naviguer sans attention jusqu’au moment où, sur le point d’éteindre son ordinateur, un email l’informe d’un nouveau commentaire sur son blog. L’auteur du message  a pour pseudo révélateur un A suivant d’un point.

A suivre…
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  • 12.4.10

La maison

image La maison familiale est banale. Une moyenne demeure de village sur trois étages à l’angle d’un pâté d’autres maisons. Mes parents ont laissé en l’état la façade qui tombe peu à peu en décrépitude. Peu importe, un des trois côtés donne sur une maison de retraite qui va, dans quelques temps, être démolie. Cela ne vaut pas la peine de la rénover maintenant. On y rentre par une porte style années soixante-dix décorée de petits et épais carreaux de verre. On peut préférer le large portail en bois qui donne directement dans le garage où s’amoncellent des objets de toutes sortes, aussi inutiles les uns que les autres. Une fois à l’intérieur, un couloir avec une tapisserie jaunie dessert une cave gorgée de vins rouges de qualité ordinaire et un salon à moquette murale verte. A l’étage, une grande cuisine en bois massif trône fièrement et se veut la pièce à vivre. A coté, deux chambres – celle de maman et la mienne - et au troisième étage, une autre chambre – celle de papa -. Sur le même palier, grenier et salle de bain rose rococo terminent l’ascension de l’escalier principal.

Cette maison est toujours là aujourd’hui, inhabitée depuis quelques années. Elle reste l’axe central de mes souvenirs d’enfance et chaque pièce recèle une bribe de ma mémoire. Le garage est toujours sombre et désordonné. Il me rappelle ma première moto rouge feu, une PEUGEOT TXR 50 à variateurs électroniques, cadeau de mes quinze ans. Le salon me lance l’image de mon père fatigué, avachi sur son rocking chair regardant sans attention le vieux poste de TV RADIOLA. L’escalier aux grandes marches tachetées de blancs et sa rampe en fer forgée gainée de pvc rouge me replonge dans mes nuits d’ado où je ratais une marche sur deux en rentrant un rien imbibé d’alcool. La cuisine cossue, elle, reste le témoin de repas interminables où le silence régnait en maître. J’y revois les visages éteints de mes parents en prise avec leurs difficultés de couple. Pour les chambres, chacune préserve le secret de son occupant. Quelques flashs reviennent toutefois. Celle de ma mère, en mémoire, sa garde robe luxuriante et la fragrance de son parfum. Celle de mon père, où je ressens encore les effluves de tabac brun émanant de ses gauloises et la sensation victimaire plus tenue de sa mise à l’écart lorsqu’il en a pris possession définitivement, se coupant ainsi définitivement de son épouse. Quant à mon antre à moi, je n’y vois plus grand chose. Juste un endroit de réclusion solitaire lorsque mes pensées voulaient se couper du monde qui m’entourait.

Voilà l'état de ma mémoire sur une maison chargée de sensations vivaces. Mais il manque un lien entre elles, une faille dans l’histoire. Il ne subsiste que cet amas d’images disparates me laissant l’impression d’en avoir oublié l’ordre de passage, comme si, mon film manquait cruellement de scénario au milieu d’un décor bien planté.

  • 10.4.10

Open-space (2)

open-space convoi des glossolales Jeudi 25 mars 2010
Partir. Je veux partir d’ici. Laissez-moi sortir de cet open-space qui n’a d’ouvert que le nom faussement expansif joyeux de son anglicisme. Ici, c’est fermé, clos, barré, bouché, muré. Ce n’est qu’une geôle moderne sous couvert d’espaces modulables où s’oppressent les esprits, se pressent les pensées, s’échaudent les neurones et finissent par s’écarter du monde réel les moindres civilités naturelles. On ne se salue plus, on se lorgne, s’épie, se suspecte, nous les sujets forçats de sa majesté rentabilité avec, en guise de boulets aux chevilles, des tables disposées en gerberas et des micro-casques greffés sur le lobe de l'oreille. Plus aucune courtoisie. Plus personne n’en veut. Les lieux n’y sont pas opportuns. On vient ici par force, nullement pour s’y faire des amis. Même les termes collègues ou camarades ne sont plus employés. On se dénie, s’évite. Il n’y a guère que le sourire contraint de dix-sept heures qui peut encore témoigner d’une convenue aptitude à se respecter. C’est vide de sens, c’est plein de faux-semblants. On se rend ici pour mieux en repartir et ainsi se sentir vivre à nouveau. Qu’importe, je veux bien être asocial, ermite dans son antre, hyper atrophié de la relation humaine ou misanthrope de circonstance si je peux un jour m’extraire de cette promiscuité malsaine. Je veux partir d’ici. Laissez-moi sortir ou plutôt rentrer. Rentrer chez moi dans ma tanière retrouver quelques synapses cognitives.

Jeudi 1er avril 2010
Mireille, Jocelyne, Aimée et les autres s’évertuent à lâcher par soubresaut un crachin soutenu de senteurs astringentes sous lesquelles, je subodore, sont prisonnières des phéromones puissantes. Mais je ne les perçois pas. Elles ne m’atteignent pas. Loin s'en faut. Loin sent faux. Leur odeur persistante installe la désagréable sensation d’être entouré de volatiles d’une autre espèce. Des poules parfumées, musc androgyne, miettes d'ambre, patchoulis extravagant, extraits de menthe surannée, je ne sais. Peu importe, c’est établi, je ne peux pas, ne veux pas les sentir. Moi, seul représentant de la gente masculine, coq dans sa basse-cour, devrais pourtant m’émoustiller devant leur parade printanière ; au pire provoquer roucoulades hormonales ou babillages salivaires à l’orée de la saison où tout bourgeonne. Que nenni ! Ne subsistent au-delà des frondaisons olfactives que bavardages insipides murant ma tête, ceinturant mon occipital pour me laisser dans un état létal. Rien d’attractif, libido zéro. Voies aiguës sur air parfumé mais monotone, répétitions d'appels et de mots convenus, interactions socialement correctes développent en moi une répulsion profonde, malgré l’effort de certains volatiles, affublés de leurs plus beaux apparats, à paraître à leur avantage. Avantage que je repousse, ne veux pas voir, tant le lieu, les circonstances, les odeurs et l'accablant labeur accaparent mon esprit congestionné, chargent mon corps endormi. Mireille, Jocelyne, Aimée et les autres ne sont malheureusement que des conséquences, des stigmates humains de cet état latent.

Jeudi 8 avril 2010
Un mardi au goût de lundi. Début des vacances pour certains, d’autres restent là dans une atmosphère nonchalante. Le silence se fait presque harmonieux, un délicat intervalle de paix se crée enfin dans cet espace au préfixe ouvert. De l’ouverture née de l’absence. Moins de personnes, plus de vide, plus de silence. Des chaises dactylo inertes, inoccupées, dossiers plaqués sur des bureaux nettoyés. Posé sur le coin de l’écran, le micro-casque semble lui aussi prendre congés mérités. En pause les voix criardes traversant sa mousse protectrice élimée, du répit pour son écouteur souillé par la friction permanente des oreilles gorgées de cérumen poisseux. Les glandes sébacées, les corps, les esprits comme les objets et les meubles prennent du recul, se rangent soigneusement, se reposent enfin. Quelques bredouillements fluctuants rebondissent puis sortent par les fenêtres coulissantes pour échanger leur bruissement par un courant d'air printanier. Les jambes se dénudent, les épaules aussi. Le soleil du week-end a ravivé l’épiderme autant que l’humeur. Un, deux, trois, quatre vies à bout de souffle retrouvées ce matin comme si elles étaient heureuses de venir travailler. Et je caresse du doigt le lobe de mon oreille droite.

Suite et fin de la série open-space publiée sur le blog collectif : le convoi des glossolales.

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  • 8.4.10

Alvin, de lui vers C. (6)

image [ Alvin, de lui vers C. (5) ] Aucune identité véritable ne transparaît sur le blog de Cassandre. Comme pour Alvin, la seule représentation éventuelle de la web-dreameuse est une photo placée discrètement dans l’entête de sa page d’accueil. Un visage féminin et deux mains qui l’entourent. Les mains de Cassandre ? Son visage ? Rien ne le précise. Les avatars représentent rarement l’auteur d’un blog. Certains même affichent la photo de leur star préférée, joueur de foot ou héros préféré de BD, laissant par cette discrétion physique planer le doute sur leur visage, leur âge ou plus largement leur apparence générale. La peur suscitée par l’internet et amplement relayée par les médias traditionnels est certainement la cause première à cet anonymat. Pseudo et avatar sont devenus les garants d’une posture incognito. Chacun se cache, se protège derrière un sobriquet et une image plaisante. Bien que ce phénomène tende à se réduire avec l’arrivée massive des réseaux sociaux sur lesquels la véritable identité a fait une entrée fracassante, les blogs personnels sont encore sous couvert. Malgré l’exposition intime dont ils font souvent l’objet, le nom et le visage de l’auteur sont toujours très peu communiqués. C’est un fait, ces endroits virtuels où « l’extimité » s’étale demeurent l’antre du secret physiologique. Evitant ainsi de se faire démasquer par un proche qui ne verrait là que salamalèques indignes, cet anonymat rassure le blogueur qui peut se livrer sans vergogne à des confidences ou divagations diverses.

C’est bien sous ce voile virtuel qu’Alvin chronique la vie depuis des années mais en est-il de même pour Cassandre ? Comment savoir si c’est bien elle sur cette photo ? Si ce visage juvénile et opalin posé sur deux mains lisses et longues est bien le sien ? Si seulement il osait entrer en contact, il saurait. Mais Alvin de mal en pis persévère dans sa rêverie. L’avatar de Cassandre fait partie du blog au même titre que les textes qu’il contient. Il clique, zoome sur l’image pour en apprécier les détails. C’est elle ! Il s’en persuade avec force. Il surligne avec le pointeur de sa souris les traits de son visage, examine le grain de sa peau. Il sourit. Quelques transparences seront modifiées avec Photoshop, se dit-il. Les yeux rivés sur l’écran, il dézoome et s’attarde désormais sur les mains fines et élancées, parcourt chaque doigt. Observe ses ongles longs légèrement enfoncés dans les arrondis douillets de ses joues. Il rentre en transe devant son clavier. Copie puis colle la photo dans son éditeur, appose plusieurs filtres pour mettre en valeur le cliché. Pose du vermillon sur ses pommettes, ajoute du vert à son col de chemisier. Il joue avec dextérité de la palette graphique pour fabriquer ce qui devient peu à peu sa muse. Une fois satisfait du résultat, il s’avachit sur son fauteuil, allume nerveusement une cigarette et admire sa C. magnifiée par ses coups de pixels. Deux bouffées de fumées et il clique fiévreusement sur son navigateur web, ouvre la fenêtre de publication de son blog et écrit d’un seul trait son billet du jour :

« C. mains prudentes, en flottements, pour nous rapprocher peau contre peau, en apaisements, pour nous purifier de nos quelques maux. C. mains réfléchies, en caresses suggestives pour effleurer nos émotions, en flux ouverts pour reconquérir nos attractions. C. mains actives, pour renouer avec le plaisir et éveiller nos sens assoupis, pour animer nos émois et accomplir nos désirs enfouis. C. mains mutines, pour découvrir les abscisses secrètes de nos plaisirs, pour enfin percevoir en ondulation l’éclat de nos soupirs. »

A suivre…
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  • 6.4.10

Alvin, de lui vers C. (5)

image [ Cassandre la web-dreameuse (4) ] Cassandre consulte plusieurs fois par jour le blog d’Alvin. Elle passe et repasse troublée, fébrile sur ses lignes qui lui sont adressées en catimini. Du moins, le croit-elle. Comment être sûre que C. est bien Cassandre ? Après tout, jamais ils ne se sont écrits, parlés. Aucune interaction, ils ne se connaissent pas. Ils se lisent respectivement depuis des jours mais aucun dialogue direct, aucune séduction directe avérée, aucune discussion par tchat, aucun courriel échangé. Rien qui ne peut justifier une telle délivrance de sentiments aussi emportés. Personne ne connaît C. et le lectorat d’Alvin, surpris, se pose des questions sur ce personnage féminin venu soudain nourrir le blog du web-addict. Finie la philosophie maladroite et touchante du garçon, ses billets sont désormais rédigés comme des déclarations intimes. Un intime dévoilé. Alvin exulte la notion paradoxale qui prévaut implicitement sur les pages des blogs personnels. Il « s’extime » et sans retenue, modifie sa prose en poésie décalée. Il étale son trouble, ses sentiments pour C., qui incarne subitement l’élu de son cœur. Mais il ne répond plus à ses commentateurs, ne partage plus, ne discute plus sur le sens même de ses publications. Il s’enferme ainsi encore un peu plus dans l’anonymat de ses mots.

Alvin, fatigué de ses rengaines virtuelles, se terre désormais derrière son écran. Depuis qu’il a découvert le blog de Cassandre, ses activités cybernétiques ont quasiment cessé. Il ne consulte qu’un seul espace, celui de cette jeune fille de banlieue seule et désespérée. Elle déploie une écriture sincère sur sa vie d’étudiante recluse. Arrachée à sa région natale, coupée de ses liens familiaux, elle distille son spleen, s’épanche sur son isolement d'âme, extrait de sa fièvre une sensibilité touchante et, in fine, démontre sans l’écrire son inadaptation chronique à la société. Elle dilue ses liens numériques, s’accroche à une prose que personne ne semble remarquer. Peu de passage sur son blog. Simplement quelques commentaires de lectrices qui s’identifient, s’amourachent de son verbe et accentuent par leur assentiment la fuite propre à ces univers parallèles. Pour la première fois depuis qu’il parcourt ces espaces personnels, Alvin se reconnaît dans les mots de Cassandre. L’identification est immédiate, quelque chose lui parle comme si cette blogueuse était son pendant féminin, son alter-ego virtuel. Il visite assidûment son blog, remonte le fil du temps et lit chacun de ses billets comme s’ils étaient siens. La similitude est incroyable, leur malaise existentiel, leur vision rêveuse de la vie si ressemblants qu’il perd pied, vacille à chaque phrase et égare sa superbe de Casanova virtuel. Il ne parvient pas à lui dire, lui écrire le sentiment troublant qu’il ressent à la lecture de ses textes.

Otage d’une timidité que lui-même comprend mal, il préfère se taire, fuir, saboter et imaginer une vie à deux avec cette inconnue. Plongé dans son illusion et plutôt que d’aborder Cassandre, il préfère sublimer, édulcorer une hypothétique idylle virtuelle. Il veut faire de C. la compagne idéale, l’archétype du bonheur plutôt que de découvrir réellement son authentique personne. Une peur réelle paralysante de se fourvoyer décuple paradoxalement son écriture, la modifie en profondeur pour créer un texte libéré, une correspondance vive adressée à une aimée encore évanescente. Peut-être, se dit-il, découvrira-t-elle ses passages, viendra-t-elle l’aborder pour casser cette crainte inexpliquée qui s’empare lui ? Le flux pour le sémillant blogueur se transforme alors en un mince filet. Toute son attention est dirigée vers Cassandre. Le web n’est plus ce fourmillement de pensées désordonnées. Pour Alvin, il est désormais unilatéral, de lui vers C. pour lui verser ses pensées vaporeuses. Il n’y a que Cassandre qui compte. Le reste n’a plus d’importance. Les liens acquis et choyés pendant des années éclatent en questionnements divers sur ses nouveaux écrits emplis de romantisme exacerbé. Son lectorat se divise en partisans minoritaires de son lyrisme enflammé et nouveaux détracteurs virulents de ses épanchements inexpliqués. Alvin s’en moque, il continue et lâche tous les soirs sur des billets courts et enthousiastes son histoire singulière, celle qui l’imagine dans les bras encore impalpables de Cassandre.

A suivre…
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  • 4.4.10

De petites étoiles #VasesCommunicants

De petites étoiles - Crédits photo – Marylahulott
Le samedi, le quartier semble déserté.
Dans cette partie de la ville, tout tourne au ralenti.
L’épicerie est fermée, de rares enfants trainaillent, quelques ados empêchent les poteaux de tomber. Les hommes regardent les filles, les invectivent parfois, trompent leur ennui en dictant leur loi.
La maison de quartier, la pharmacie, le commissariat… tout est vide.
Rien ne bouge.
Ceux qui restent englués ici se voient à peine, ils se fondent dans les murs.
On entend juste le silence s’épancher dans les moindres recoins.
La bibliothèque seule reste ouverte.
Rosalie se dirige rapidement vers le bâtiment.
C’est une enclave ou une trace… Dans quoi ? De quoi ? La jeune femme n’en sait rien.
Mais quand elle lève les yeux sur les murs gris, elle entend comme une petite respiration.
Elle est en retard aujourd’hui encore ; quelques personnes sont déjà installées. Elle voit à travers la large baie vitrée, les corps pulser et se heurter aux livres bien sagement alignés.
C’est son deuxième week-end travaillé, sa quatrième semaine de stage. Elle a enfin réussi à calmer les visions parasites, à se détendre, à pénétrer le quartier sans angoisses…
Ses élucubrations, petites formes évanescentes qui flottent autour d’elle, s’invitent de loin en loin.
Elle n’a pas été victime d’agression.
Personne ne lui a arraché son sac.
Aucun voyou ne l’a importuné.
Elle trouve ici aussi matière à rêves.
Dès le début et malgré la peur, elle a aimé la bibliothèque.
Pour sa nature hybride. Papier et chair.
Les gens du dehors, les gens du dedans. Les vieux, les enfants. Les autres, les mêmes.
Ce nuancier d’individus donne une luminosité très particulière à l’endroit. Cela dessille les yeux.
En même temps, Rosalie n’en revient pas : des lecteurs viennent d’ailleurs. Le nom du quartier, agité régulièrement comme un chiffon rouge, ne leur fait pas peur…
Elle les regarde admirative, car malgré ses craintes maintenant maîtrisées, elle ne viendrait jamais ici sans y être obligée.
Elle est lucide. Ce n’est pas en deux mois qu’elle prendra le pouls de ces rues malmenées. Ce n’est pas en deux mois qu’elle apprivoisera sa nature timorée.
Et Moussa, l’agent d’entretien le lui a dit.
« C’est facile de se sentir bien, quand on ne connait presque rien de la vie des gens d’ici, quand à 17h on retrouve son appart en ville, sans le bruit des sirènes, des voitures qui brûlent et des rodéos… »
C’est samedi.
Il est onze heures.
Leïla est là.
Rosalie aime cette fille.
C’est une enfant sage peu intéressée par les livres. Elle est rondelette, a la peau mate et brillante. Toujours de bonne humeur, toujours souriante et toujours silencieuse.
Elle renvoie les regards sans se laisser pénétrer.
Elle est là, le soir après l’école, le samedi, pendant les vacances scolaires…
C’est ce qu’on appelle une habituée. Mais plutôt une habituée du mobilier, car elle n’emprunte rien, et ne feuillette aucun livre : elle rêve assise.
Comme elle parle très peu, Rosalie n’a pas réussi à savoir grand-chose de sa vie. A-t-elle des frères et sœurs ? Que font ses parents ? Quelle est son histoire ?Le mystère qui plane sur une si petite fille la fascine…

Difficile de savoir ce qui se passe derrière sa frange, derrière son front, dans son cerveau.
Derrière la banque de prêt, Danielle, une des employées marmonne
« Elle est encore là, celle là, tu vas voir qu’elle va rester à la bibliothèque jusqu’à la fermeture »
Leïla sourit, elle a l’habitude de ses petites remarques.
Rosalie commence à ranger les albums, en la regardant du coin de l’œil.
L’enfant dessine des volutes sur le sol avec son doigt.
Elle aimerait bien savoir quoi.
Quand Nathanaël, un garçonnet de trois ans entre avec sa mère, Leïla fond littéralement.
Tout le monde aime Nathanaël. Ses boucles blondes, ses mimiques, ses rires, son zézaiement
Et Leïla, plus que les autres, apprécie sa couleur de blé, elle qui a les cheveux noirs et raides…
Elle aime les tout petits, et les inonde d’une attention maternelle.
La fillette s’incruste entre la mère et son fils. Elle devance le moindre de ses désirs, lui apporte des livres, le regarde jouer…
La mère ne dit rien jusqu’à ce qu’elle le caresse.
« Non, je préfèrerais que tu ne lui touches pas le visage… tes mains ne sont pas propres et Nathanaël est petit »
Leïla regarde ses mains, et sourit encore.
Rosalie se demande quelles significations peuvent avoir les sourires perpétuels de l’enfant. A quoi pense-t-elle ?
C’est étrange tout de même cette capacité à rester hermétique. Comment entrer en contact alors que ses yeux noirs sont deux puits profonds où les regards ricochent.
Danielle s’indigne
« Franchement c’est scandaleux, je suis sûre qu’elle ne s’est pas lavée. Si c’est pas malheureux des enfants livrés à eux mêmes comme ça »
L’autre employée, Faustine, soupire
« Oui… mais que veux tu, c’est leur culture. Ils n’ont pas le même rapport que nous aux enfants… J’ai déjà vu sa mère, tu sais… Elle ne travaille pas, je crois… je ne comprends pas pourquoi elle ne s’en occupe pas davantage … comment veux-tu que cette gosse s’en sorte… Enfin, au lieu de traîner dehors, elle est ici, c’est déjà ça » « Si tu veux travailler dans les quartiers, Rosalie, il faut que tu t’habitues à ça… »
Elle regarde ça, sa jupe verte à l’ourlet décousu, ses ongles sales et son sourire édenté. Leïla a sept ans et deux incisives manquent.
Rosalie ne connaît pas la mère de Leïla et elle ne sait pas si elle doit réellement la plaindre. L’enfant n’a pas l’air malheureux, mais une mère absente, c’est forcément douloureux, non ?… Le règlement dit que les enfants de moins de six ans ne peuvent rester seuls dans la bibliothèque… et Leïla a sept ans. D’un côté on peut dire que la mère respecte le règlement, mais ce n’est tout de même pas très normal qu’elle soit là tout le temps.
Vers une heure, Faustine intervient
« Tu ne peux pas rester là toute la journée… il faut que tu manges, tu es petite… rentre chez toi et reviens après si tu veux »
Leïla sagement obéit, elle prend le sac en plastique qu’elle traîne depuis son arrivée et sort.
Les trois femmes se réjouissent du devoir accompli.
Mais à travers la vitre, elles voient la fillette sortir un paquet de chips de son sac.
Elle s’assoit sur le bord du trottoir et mange.
Lorsque le paquet est presque vide, elle renverse la tête en arrière, la bouche ouverte, et reçoit une constellation de miettes sur le visage.
Puis elle attend.
Elle rentre dans la bibliothèque à peine quelques minutes plus tard, et fait mine de prendre un livre.
Danielle se précipite.
« Mais tu es folle ! Tes doigts sont gras… tu ne dois pas toucher les livres. Mais qu’est-ce qu’on vous apprend chez vous, vous n’avez donc aucun respect… Va te laver les mains ! » Rosalie se sent devenir rouge ; pendant un bref instant, c’est elle qui est dans la tête de Leïla…
Mais la fillette ne répond pas, elle se dirige en sautillant vers les toilettes.
Quand elle croise Rosalie, elle lui fait un imperceptible signe : le bout de sa langue moqueuse se fraie un chemin entre ses lèvres…
Non, Leïla n’est pas stupide. Les paroles glissent sur sa peau.
Sa peau tannée par les mots…
Rosalie voudrait dire quelque chose ou faire un geste, mais elle se tait.
Les miettes sur sa joue sont de petites étoiles.
Elles diluent de leur lumière les phrases assassines.
Les grandes convictions, les petites lâchetés se ratatinent dans les pas dansants de la gamine.
Ce billet a été rédigé par Murièle Laborde Modély que je reçois aujourd’hui dans le cadre des vases communicants. Vous pouvez suivre ce chemin pour aller lire mon billet publié chez elle.
Voici la liste des autres participants à ces vases communicants d’avril :
Encore ce mois-ci, un grand merci à Brigitte Célérier, la recenseuse des vases !
  • 1.4.10