Le lendemain

2.1.11

image Etrange calme qui se lève le lendemain. La ville déserte, quelques marques de la nuit agitée, pelure de confettis, canettes en raclure dans le caniveau et dans les jardins publics, sur des bancs allongés, les survivants du passage encore gorgés de vin le cuvent. Et le silence brumeux du premier jour, des pas ralentis par la quiétude des lieux, le décor semble changer, l’air revivifié, peu de voitures, les voies sont libres et lisses. Les passants hagards titubent pour certains, flânent bras dessus-dessous pour d’autres, le sourire encore accroché aux lèvres d’une nuit particulière.

Une nuit où tout est censé basculer vers le meilleur, dans un baiser, une accolade. Une félicité bénie pour des vies qui ont besoin de marqueurs. Le pire est derrière, le bonheur devant, santé et prospérité en acolytes. On l’a célébré dans la liesse pour l’espoir suscité, régénération des corps et des esprits. Tout le monde a fixé le compteur, décompté les secondes jusqu’à la bascule. Arrimés à nos comptes à rebours, montres et clochers glorifiés, on a tous crié à l’arrivée du lendemain dans un grand bain de jouvence.

Les souhaits et vœux ont fusé, sincèrement exprimés dans une litanie de désirs et d’ambitions. Encore tout le mois, ils s’échangeront mais perdront inévitablement de leur vigueur dans l’énumération. Le lendemain du lendemain sera finalement pareil à la veille. Et plus les jours se succèderont plus ils se ressembleront, ressembleront aux jours d’avant. Tout redémarrera, la ville reprendra ses couleurs poisseuses, l’énergie cinétique, le mouvement de la vie semblable à tous les jours, à toutes les nouvelles années qui tiendront promesse du lendemain.

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