Les mousseuses

9.5.11

Les mousseuses A vouloir tous les attraper, les happer dans leur gorge, elles en font trop, les mousseuses. Ecume aux bords des lèvres, peinture écarlate sur visages hauts, elles empourprent leur entourage, déshabillent leurs proies de regards appuyés. Flanquées sur des aiguilles trop fines, démarches félines à absorber tout chacal, elles pétillent au champagne leurs sens mal ordonnés, neige chaude comme alcôve promise.
Emoustillement à l’abordage, canailles surfaites sur jupes trop courtes, le fard aux yeux aveugle le friand de plastique, réveille le pleure-misère et affole l’infidèle. Elles lacent et délacent des jambes infinies, des vagues de courbettes aux sourires entichés de désir. Formes sculptées de papiers glacés, copiées collées d’atolls préfabriqués, tout leur corps porte en amulettes le ballant de leurs amours contrariées.
Et quand on souffle, quand on cherche à voir sous le rimmel, des bulles d’air sifflent puis éclatent. Pas même une douceur qui éclabousse dans le rouleau. Elles glissent entre sac et ressac avec des coupures à vif que le sel ranime, des blessures englouties que les algues ramènent. Les mousseuses, elles sont trop légères pour penser la terre. Sous couvert de leur attraction fatale, elles ont peur, une peur d’être sous le paraître. Alors, dès qu’éclate la bulle, que la mousse se fait liquide, qu’elle se transforme en passoire à émotions, elles filent d’hystérie, eaux ruisselantes, s'enrôlent vers d’autres rivages à écumer. Seules.

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