Voyage et temps

30.7.11

voayge et tempsIl est voyage et temps. Un temps indéfini qu’on ne saisit jamais, qu’on prend comme un périple qui bondit sur l’empilement nerveux des années. Brassé d’impatiences en mouvement, il trace un chemin de déconvenues en illusions crevées de retours incessants à la réalité. Il est fait dans et autour des amis, des amours, des emmerdes, insensible aux lieux autour desquels il tourne. Bousculé par sa vitesse supersonique, il est sourd à la vie, aveugle des travées qu’il ceigne, des murs autour qui se décrépissent, des tours qui tombent, des fous qui gagnent, des lieux qu’on saccage. Il poursuit toujours la partie en cours, inarrêtable, impalpable. En déplacement perpétuel, il nous transforme en pions incapables de le jouer qui s'enivrent à suivre son train d’enfer vers des destinations inconnues. Il est voyage et temps qui effacent, une idée chassant l’autre, il fond l’espace, le modifie, l’oublie sans que rien ne paraisse changer et nous, on garde ou pas, suivant qu’on soit tournés vers, attentifs à, qu’il nous soit donné de saisir les minuscules prises qu’il nous tend entre deux générations, on garde ou pas des images plus ou moins nettes, des souvenirs oxydés en plaque mémorielle ou des rêves en souvenance devenus réels puis poussés au devant, curieux de l’avenir qu’il fait miroiter, on passe à autre chose, parce qu’on ne peut que le suivre.

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