Loin par-dessus l'horizon

18.2.16

Il est des voyages comme des espoirs qui affolent, font battre le sang dans les veines et deviennent en retour des flèches pointées dans les nerfs. Ce sont des traversées immobiles, de celles qu’on dit qu’elles partent avec la tête ; déshérence psychique qui emporte le corps loin par-dessus l’horizon. On en revient sans en sortir, harnachés aux lianes putrides d’un rêve déguenillé. Les dendrites s’allongent dans une forêt de mots qui se disputent la place des désespérés, des plus doux aux plus ardents, des plus veules aux plus excités. Les valvules en redemandent, invoquent la passion comme un Christ dégagé de sa croix. Mais comme la raison est une putain qui gagne toujours à la fin, elle efface toute licence poétique et laisse mourir quelque allégorie magique d’un amour au-dessus de toute souffrance. En dix mots comme en cent, ça vous laisse sur le carreau sans jamais vous toucher le fond.

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