Chère application - 13 août

13.8.22

Chère application,

Samedi 13 août. Je m’attarde sur le fil d’antenne qui court le long du mur de l’immeuble d’en face. Je ne l’avais pas remarqué jusqu’ici. Il rampe péniblement jusqu’au toit. Pour y parvenir, comme un alpiniste à sa paroi, il s’arrime à des morceaux de fils de fer ou à de vieux bouts de ficelle. 

Samedi 13 août. D’autres trucs de bric et de broc le soutiennent : un attache volet planté comme un piolet, une pince à linge vert fané prend le relai, un serre-joint mangé par le soleil le tient droit. Il saute ainsi d’un balcon à l’autre pour terminer au bout d’une antenne râteau qui ne sert certainement plus à rien depuis l’avènement de la télé par Internet.

Samedi 13 août. 
Le fil d’antenne court sur le mur. 
Un ancien boîtier dérivateur noir aux écrous rouillés déprime.
Un bel encadrement de fenêtre aujourd’hui murée dans le béton et le silence. 
Une chaussure orpheline perchée sur un toit, la semelle pendante comme une langue. 
Il faudrait faire l’inventaire des choses qui ne servent plus à rien mais qui perdurent. 

À demain, chère application.

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