10 minutes, parc Charpak

28.11.22

Le tram roule plein
de cahots sous les roues. 
On colle une fresque sur les murs
avant station Voltaire. 
Un homme court après son chien,
après Voltaire. 
Sa laisse traîne par terre. 
La laisse du chien ou de l’homme ?
Un garçon saute sur les voies
pour récupérer son ballon. 
Le rail vacille l’enfant a peur. 
Le tram accélère, mange la ville. 
Je descends à Pablo Picasso. 
Je prends des photos
d’un bâtiment mauve sur un ciel gris. 
J’essaie de photographier
de filmer mais l’appareil
ne voit pas ce que je vois. 
La pureté des lignes
qui grimpent sur les toits,
le parfait des cercles
sur le sol me rassurent. 
Rien ne dépasse. 
Je reviens sur les pas du tram. 
Port Marianne. 
On a donné Stéphane Hessel 
à ce parvis, des jets d’eau,
un miroir pour le ciel gris. 
Un bâtiment parle,
lit des mots imbriqués
en relief sur sa façade. 
On dirait des injonctions.
Je les crie dans ma tête. 
Le parc Charpak m’évoque
des joueurs d’échec russes,
Charpak contre Kasparov,
guerre froide, chapka. 
Je prends les blancs,
Charpak les noirs. 
Charpak Tetrapak. 
Je cherche d’autres noms en pack. 
Le parc Charpak est impeccable. 
Couleurs de saison,
sculpture en bronze,
enfants qui jouent au ballon,
Grands-parents sur les bancs.
Rien ne dépasse. 
Il est tout à fait conforme 
à l’idée que l’on se fait 
d’un parc urbain en automne. 
Il y a peut-être cette paix en plus
au fond dans un sous-bois. 
Elle paraît étrange 
dans le tumulte de la ville. 
Je croise un indien,
un joueur de foot italien,
un rappeur américain. 
Ils ont tous en commun 
de ne mesurer qu’un mètre. 
Ils courent jouent rient,
conformes à un dimanche 
d’automne. 
Rien ne dépasse.

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