10 minutes, à la table du poète

4.2.23

Le poète est absent. J’aurais aimé le voir à sa table de fer, affairé à écrire entre les couleurs écaillées. Je me demande la tête qu’il a, ce poète. À laisser sa table vide dans la rue, il n’est pas bien prudent. 

Je marche, rue Haguenot, les idées emberlificotées dans la fatigue. Je marche contre le vent qui se faufile dans les rues. L’impression qu’il me suit. Dès que je m’engouffre dans une ruelle où je me dis là, le vent ne passera pas, trop étroit, il m’attend au prochain croisement, emportant ma casquette et mes pensées sur le trottoir d’en face.

Bref, je déambule péniblement quand je me trouve face à la table du poète. À la table vide qui invite à écrire ou dessiner, à laisser une trace. Pas de poète et sur la cordelette – qui délimite l’espace du poète absent, devant son petit portail rue Haguenot, abandonnée aux quatre vents – sur la cordelette une feuille épinglée et il est inscrit dessus ce qui s’apparente à un poème, enfin plus à une mystérieuse quête qu’à un poème. 

En l’absence du poète, je me suis installé. C’est au 7, rue Haguenot. Le poète est présent. Je vous attends.

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