le matin remonte dans ta gorge
pour réveiller l’esprit de ta langue.
Tu parles encore dans ta tête
du temps et de la petite musique
qui composeront la journée.
Tu es là, convoqué par le jour
à compter les changements
de lumière sur les murs.
Les mains pleines d’ombres
et des mots blessés sur la langue.
Vous avez des symptômes ?
Ça tonne dans le thorax. C’est un bruit sourd puis soudain ça gronde. Voilà l’orage dans le corps et surtout dans la tête. Il faut tousser mais dans l’open-space, toute éructation est suspecte comme l’alerte au colis piégé dans une gare. Périmètre de sécurité. Il faut lever le doute. Tu tousses, c’est un symptôme dit-on, messe basse. Ça bruisse et on retient le picotement dans la gorge pour qu’il ne fasse pas trop de bruit. On s’abrite sous le masque et quand on ne tient plus, on part aux toilettes lâcher le virus dans le lavabo.
Il faut lever le doute.
L’orage faiblit mais ne passe pas. Un nuage menaçant traverse l’esprit. Il faut s’isoler, arrêter tout contact, ne plus aller travailler et tousser chez soi. Un rhume, un gros rhume, voilà tout. Oui, mais. Une petite musique s’installe sous l’orage. Une marche quasi-militaire avec des notes précises qui tapent sur le sol et dans le crâne. Un peu de fièvre ? Non, même pas. La toux qu’il faut masquer, c’est tout. Il faut tester.
Voilà désormais que ça tonne aussi dans les corps qui m’entourent. 9h30, esplanade Charles de Gaulle, un joli jour de fin d’été. L’orage bat dans les cœurs qui attendent les uns derrière les autres. Centre de dépistage COVID-19 le mardi et le jeudi de 9h à midi. La file s’allonge, s’allonge. On ne tousse pas. On retient notre mètre de distance. On évacue dans les masques en tissu. Certains s’écartent un peu plus que les autres, forment leur périmètre de sécurité.
Il faut lever le doute.