Comme d’habitude, il stationnait sa berline de fonction rutilante tout prés de la porte d'entrée et sortait du coffre deux grosses mallettes noires flanquées d’un imposant logo : Solfin. Ce voyageur de commerce en textiles bigarrés pouvait désormais entrer dans notre intimité et nous vantait tous les mérites de ses produits. Il s’installait dans le salon et déballait les nouveautés du mois sous les yeux perplexes de maman. Il était doux, charmeur, envoûtant et je savais que, malgré sa résistance, elle allait craquer et lui lâcher quelques centaines de francs.
J’étais toujours convié à ce cérémonial mensuel. J’aimais bien M. Solfin car, non seulement, j’avais le droit de choisir quelques polos imitation Lacoste mais surtout, durant quelques précieuses minutes, tout en faisant son commerce, il redonnait à maman quelques couleurs et sourires que je ne voyais guère le reste du mois.