J’ai trouvé un soupir dans la marge. Quelques-uns de tes coups de crayon de bois pour des notes de lecture. Des mots griffonnés pour le souvenir, des remarques sur le style ou le sujet, des références croisées à retrouver à la prochaine lecture. Plus loin, tu as entouré un paragraphe sur lequel tu voulais que je m’attarde. Une ellipse rapide sur le papier, un tracé simple pour que la phrase procède de toi, que tu en sois le médiateur. J’ai suivi le contour de ton trait, bu avec toi la nostalgie détourée. Sur les pages suivantes, tu as relevé d’autres mots, d’autres groupes de mots comme autant de phares pour me guider.
J’ai tourné ces pages crayonnées. A chaque mention, je me suis arrêté pour respirer. J’ai lu attentivement les passages que tu as éclairés pour moi, jusqu’à la page 41 où un brin d’herbe sèche en guise de marque-page m’a arrêté. Tu n’as lu que deux chapitres. Au-delà, plus aucune mention au crayon de bois. Plus aucun soupir dans les marges. J’ai refermé le livre sans regret.
- 28.5.17