Il était prévu un pic et nous sommes désormais sur un plateau. Mais ici pas de vaches qui paissent tranquillement dans l’attente du passage d’un train. On y trouve encore quelques rongeurs à écailles qui glissent sous les ombres, des moustiques venus de marécages perdus mais surtout de nombreux gens dont les yeux enflent d’impatience, comme pris dans la lumière des phares. Pas de sourires à se glisser sous la langue, une moue d’incertitude devant cette étendue aussi morne que notre salon parcouru des milliers de fois depuis plus de quarante jours. Pas non plus de grands effets du paysage à couper le souffle, pas de soleil au zénith ni de douche de chaleur printanière. Univers plat sans dimension. Pas plus de perspectives que d’horizon à atteindre. D’ailleurs n’est-ce pas le propre de tout horizon : plus on avance vers lui, plus il s’éloigne. Inatteignable horizon, inatteignable paix même sur le plus haut des plateaux. Maintenant, il ne reste plus qu’à espérer la descente, rapide mais douce — éviter la chute.
- 29.4.20