Je déclare officiellement la saison des plaids ouverte

Le matin a des boursouflures sur le visage. Un air aiguisé comme un couteau de boucher traverse la fenêtre. À la vue de sa gueule à repasser, je me dis que l’éboueur est trop vieux pour ça. Quatorze degrés pointent le bout de leur nez comme s’ils étaient de vieilles connaissances. Sur le balcon d’en face, la voisine a troqué son short contre un pyjama jaune poussin qui fait office de phare dans le petit jour encore gris. Je déclare officiellement la saison des plaids ouverte.
  • 24.9.21

Voyez-vous les ombres

Voyez-vous les ombres sur le mur qui montent. Les maisons, les dents que ça leur fait, agressives comme diable prêt à sortir de sa boîte.
Voyez-vous la danse macabre, l’écueil de vivre sous les pas de l’ombre. Les toits, les tuiles que ça leur fait, accidents perdus sous le chemin de nos petites catastrophes.
  • 19.9.21

Rien de vraiment important mais je le garde

Partir c’est mourir un peu. On dirait un vers de poète. Et c’en est un d’Edmond Marie Félix Haraucourt. Voilà pour l’emprunt, il ne m’en voudra pas ;  il est mort, beaucoup. 
Déménager c’est mourir un peu. Aussi. Parfois. Faire mourir ce qui finalement ne marchait pas droit., ce qui déjà faisait mourir un peu. Passer à autre chose, faire taire les angoisses et recommencer. Mais voilà déménager, c’est se souvenir beaucoup. Ressortir les vieux cartons, dissiper la poussière, souffler sur des jours anciens, tomber sur les mots doux de l’aimée, rester là devant comme un imbécile, mourir des yeux en laissant tomber un peu d’eau puis déballer beaucoup ce qui reste, ce qui revient, ce qui ne sera plus. 
Partir c’est mourir un peu. Edmond a raison. Retenir ce qui part n’est pas la meilleure façon de vivre. Laisser aller tendrement  en gardant plein de cartons dans le cœur : rien de vraiment important mais je le garde.
  • 11.9.21