1
La nuit arrive en traînant des ombres derrière elle. L'instant s’effarouche entre les bleus obscurs et inquiétants que laisse passer un arbre séculaire.
Rien n’abîme cette première seconde sinon l’aigreur du jour qui voit, sous le couchant, disparaître la splendeur de l’arbre.
2
Toi, tu restes sur le seuil à attendre l’orage sous le feu instable des éclairs. Les branches noires dressées en parafoudre te rendent à ta mélancolie sourde.
Pendant cette deuxième seconde, quelque part et sans que personne ne s’en émeuve, une âme trépasse de l’autre côté du monde où rien ne distingue le silence de l’ombre.
3
Un éclair fronce les sourcils du ciel, une onde écartèle un nuage rétif tandis que ta trace au sol s’efface comme s’efface celle de milliers d’arbres.
Ailleurs, flotte l’idée d’une troisième seconde trompant la première, prenant la nuit à rebours pour que l’arbre ne quitte plus son ombre, pour que nul esprit jamais ne disparaisse.
- 27.8.19