La rue a une fossette au menton

La rue a une fossette au menton. Mettons qu’il faut pour la voir s’élever un peu. Mais le visage est bien là, planté entre les murs qui bordent la rue. Des yeux grands comme le ciel, des paupières en volets et un nez en forme de rond-point. Sa bouche est droite, bordée de lèvres qui ressemblent à des contre-allées. Allez ! Voilà que cette rue grandiloquente se prend pour une avenue. Parvenu à lire son visage, c’est bien la fossette au menton que je retiens. Mettons que je divague, que la rue et moi mentons. Que la fausseté du regard peut m’amener à dire n’importe quoi. Admettons.
  • 28.8.21

L’émulsion de la rue

La rue sous une douche d’eau chaude. Une eau invisible, mirage emporté par la réverbération du bitume, mais qui imprime sur les murs le ruissèlement des humeurs. Je marche traînant des pieds sous un soleil qui tremble aux fenêtres. De là, sortent bruits et têtes de brume. Un petit vieux tire ses volets pour se faire une ombre et la haute voix de son téléviseur s’étouffe. Plus loin, une autre ouverture sur le quotidien d’un enfant assis sur le rebord intérieur de sa fenêtre, les pieds nus à travers les barreaux de fer. Il joue sur sa console, casque en mousse vissé sur les oreilles. En face, une dame, masque et tablier assortis, tons orangés pour soutenir l’été, balaie devant sa porte une poussière si dense qu’elle forme un vent de désert sous mes pas. La rue en prend le rhume des foins quand j’entends derrière les murs claquer une dizaine d’éternuements. Après l’éclat et une quinte de toux, plus un bruit mais des murmures sous cloche dans la rue de l’été aux paupières basses. J’entends maintenant l’écho de ma marche, une sensation à l’intérieur comme une flaque que l’on piétine. Je continue automate, le sang aux tempes qui bout sous l’émulsion de la rue.
  • 18.7.20

La rue n’en peut plus de voir si peu de monde

La rue n’en peut plus de voir si peu de monde. Depuis un mois et demi, on l’a quasiment désertée. Seuls quelques pas par jour sur son bitume, petit pas fébriles et lents, sorties de première nécessité, traversées de besoins vitaux. Pas plus d’une heure et les gens s’en retournent.
La rue a peur de ne jamais revoir la foule, de ne plus avoir à gérer les croisements sur les trottoirs, les frottements d’épaules, les montées et les descentes, les « Pardon, excusez-moi » assortis de sourires. 
La rue transpire sous ce nouveau soleil solitaire et sous une angoisse chaque jour plus prégnante. Et s’ils ne revenaient plus jamais. Et si elle se retrouvait un jour complètement seule. Et si elle ne servait plus à rien. Autant de cogitations qui ont remplacé les congestions à ses carrefours. Elle vit sous un éternel feu vert au bord duquel ses passages piétons dépriment. 
La rue ne bouge plus et scrute les portes à l’affût des sorties. Désormais, elle compte les gens qui passent sous les porches, qui osent encore pousser leur nez dehors puis fais un rapport journalier sur une petite fiche Bristol. Le soir, lorsque le couvre-feu lui assure que plus personne ne sortira, elle compile les chiffres, dessine des graphiques à bâtons et de belles courbes. Il paraît que depuis qu’ils ne la foulent plus, les gens font pareils pour compter leurs morts. Elle ne peut pas y croire.
  • 3.5.20

Il descend la rue

Il descend la rue depuis chez lui où, dans un demi sommeil, une partie de son corps est restée blottie.
Il descend la rue à moitié. Il s’arrête et cherche l’autre moitié, abandonnée. Une odeur de café et de sueur titille son humeur. Il souffle dans sa main. Son haleine mélangée à l’alcool fait tourner son bonheur.
Il descend la rue et une rasade de la bouteille qu’il trimballe toutes les nuits. Une partie de lui est restée entre le canapé et le lit, entre la transpiration et l’oubli.
  • 9.11.19

Sous les yeux

Il a sous les yeux
un infini de bleu,
poche d’ombres
et de coups.

Des bleus sous les yeux
répandus comme de l’huile
dans une vieille flaque.

Il me dit
sans lever les yeux :
avec la clope
que tu vas me donner,
ça ira mieux.
  • 25.9.19

À l'orage

Dans la rue,
une air de fièvre
transporte les passants.

Le temps est lourd,
me dit ce vieil homme
qui peine et sue sur le trottoir.

Le soleil traverse le bitume
et ses yeux noircis,
la vieillesse est à l’orage.
  • 3.9.19

La rue se gondole

On dirait bien que le rue se gondole au soleil. On voit au loin son chemin se vriller sur lui-même comme une vis sans fin. C’est l’effet du soleil, un mirage dans nos yeux. Sûrement mais pourtant, la rue souffre aussi bien, aussi mal que nous. De la chaleur et de bien autres affections.
La terre qui la porte garde la mémoire des températures, du temps qu’il fait comme du temps qui va. Sous ses pierres, une immensité de pensées fiévreuses accumulées en autant de strates qu’elle a de douleurs. On dirait bien que la rue se gondole sous l’effet de la somme de tout ce qu’elle a perdu – du très chaud jusqu’au très froid, du très dur jusqu’au très doux – et qui restera irremplaçable.
  • 10.7.19

Vieille rue

Une nouvelle fois, le jour a recouvert la rue de lumières. Allumeur de vie, fossoyeur des ombres, le voilà guilleret qui parcourt les trottoirs à vouloir encore gagner sur les mélancolies. Il y parvient, parfois. Les belles heures, au plus haut du soleil, sont pour lui. Mais, la plupart du temps, personne n’est dupe de ces agissements. Tout cela n’est qu’un masque pour nous cacher les affres de la rue ; pleine d’une durée accablante et déprimée par l’usure de la pierre, elle ne se pare que de dentelles factices. Qui voudra bien y voir, démontera la supercherie, dénichera dans ses recoins, le cancer qui la ronge.
Toi, vieille rue qui se maquille, outrancière et improbable, veule et mensongère, tu retourneras à la nuit qui est ton véritable monde, celui des passages étroits et des impasses, des murs que l’on ne franchira jamais, des portes qui n’existent pas. 

  • 26.4.19

Junkie

La rue est une junkie. Elle se traîne souvent parterre les soirs de mauvais voyage, snifant les restes de vapeur d’un pot d’échappement. La rue rampe et erre sans fin à la recherche de sa dope. Élevée depuis son jeune âge aux particules fines, elle guette, à chacun de ses coins, le dealer motorisé qui lui fournira sa dose pour la journée ou parfois même que pour une seule heure, quand elle a la malchance de ne trouver sur sa route qu’un de ces nouveaux véhicules hybrides équipés de filtres et gavés d’électricité.
La rue n’est qu’une pauvre droguée. Elle cherche notre énergie fossile comme un chien truffier sa perle. Les murs sont badigeonnés de son haleine carbonée, de son crack qu’elle s’injecte en intra-venelles.
Et nous, on ne voit rien. On continue à l’alimenter jour et nuit. Et lorsque, parfois, on aperçoit son corps endormi, soumis aux soubresauts du manque, on passe notre chemin en appuyant sur l’accélérateur.
  • 6.4.19

Grand barnum

Ce matin, la rue pareille à celle d’hier. Aplats d’ombres et de lumières, bruits et scènes se répétant ab libitum. Dans ce grand barnum, une gomme géante efface des silhouettes tandis qu’une main en réinscrit d’autres dans le même jeu.  Apparition, disparition. Nous ne sommes dans la rue que des comédiens évanescents évoluant entre la vie et la mort. Un corps en remplace un autre dans la danse macabre des jours.
Une nuit, peut-être, tout disparaîtra. Une nuit, peut-être, tout a déjà a disparu. Ce que l’on voit aujourd’hui de la rue n’est probablement qu’une copie d’une ancienne rue disparue. Ombres et lumières d’une fiction. Acteurs, actrices sur les trottoirs d’une comédie noire. Seul le décor persiste, immuable densité dans l’air que chacun badigeonne de ses couleurs. 

  • 31.3.19

Les rumeurs

La rue traîne des rumeurs. L’une sur l’autre, s’empilent les mauvaises paroles. Si on observe bien, depuis les trottoirs, on peut voir une brume épaisse divaguer. Une brume de mots vils mêlés, de verbes hauts et au travers, on distingue à peine les hommes et les femmes mutilés par les rumeurs de la rue. 
On serait tentés de ne pas voir. De passer à côté, absents. D’oublier les rumeurs une fois qu’elles sont passées par les gueuloirs, périmées et remplacées par des rumeurs nouvelles. Mais la rue en garde le souvenir indéfiniment, jusque dans ses entrailles : rumeurs vieilles pourrissant dans les boyaux d’autres. Et ainsi de suite. Vases communicants, les unes sur les autres qui s’enfantent.
  • 24.3.19

Belle robe

La rue a mis sa belle robe. On la voit briller de mille feux. Les oiseaux reviennent. Le printemps les attache à la chaleur du bitume. Rase-motte puis remontée vers un ciel qui nous éclaire, ils tournoient tels des anges qui retrouvent la cour de récréation. La rue sourit enfin après des mois de tensions hivernales. La voilà en parade amoureuse, voulant nous faire oublier son côté sombre. Personne n’est dupe. Sous sa capeline qui sent la violette, sous le bleu de l’horizon, au bord des lilas fleuris, on sait la violence imprévisible. On connaît cette armée d’ombre qui rôde toujours, camouflée sous une cape de soleil.
La rue a mis sa belle robe. Oui, mais. Dans ses cheveux, pullulent encore les perfides poux de l’enfance. Sous son bel apparat, des blessures qui jamais ne se referment. Dans les replis de son ventre, voraces, couvent inlassablement les mêmes mauvais rêves. 

  • 3.3.19

Dans l'air de la rue

Il y a dans l’air, dans la rue, dans l’air de la rue : de la peur. On ne l’aperçoit pas du premier coup, la peur qui rôde dans la rue. Elle n’a pas l’air d’être de la peur, elle ne ressemble pas à l’idée qu’on se fait de la peur. C’est une peur cachée dont seule la rue connaît l’existence puisqu’elle la retient en elle, jusque sur ses trottoirs, jusque dans les regards des passants.
Comme pour cet homme croisé ce matin, cet homme bien urbain, au sourire franc lorsque nous nous sommes rencontrés du même côté du trottoir. Cet homme propre sur lui, le regard haut, l’allure fière. Cet homme qui a fait un écart pour me laisser la place et qui m’a souri de son plus beau sourire en s’excusant presque d’être sur mon chemin. Son sourire voulait dire : excusez-moi, je ne vous ai pas vu, j’étais dans mes pensées. 
Pourtant, j’y ai lu de la peur. Furtivement, de la peur coincée entre ses lèvres, un regard double dont un œil ne voulait pas croire l’autre ; cet œil qui ne disait pas la même chose que son sourire ou ses gestes convenus. Cet œil comme ce rictus de façade ont contredit la politesse et l’effacement. L’homme, au plus profond de lui, a eu peur. Tout le monde a peur. La rue le sait, l’air de la rue est rempli de pudeur qui couvre les petites peurs.

  • 26.1.19

Qu’une rue de province

La rue lève les yeux au ciel. Lasse et les cernes lourds, elle semble vouloir en vain chasser ces gros nuages noirs qui lui font de l’ombre. À moins qu’elle ne songe à demain, aux combats qu’il faudra mener pour garder la tête haute. Ses trottoirs se froncent comme des sourcils. Son front se ride de venelles sombres qui viennent encore alourdir son moral.
Elle aimerait, elle aussi, prendre d’assaut les rondpoints où les feux réfléchissants de la colère n’en finissent plus de brûler. Elle souhaiterait, elle aussi, avoir le pouvoir d’achat des belles avenues, scintiller de guirlandes électroniques multicolores, de neige synthétique où glisse le traîneau des plus riches. Mais voilà, elle n’est qu’une rue de province, parée de nains vieux et paresseux qui se balancent mollement en haut de ses réverbères. Elle clignote un peu mais sans joie, juste pour donner le change à cet avenir qui l’aveugle.
  • 29.12.18

Prendre le soleil

La rue prend le soleil, les orteils écartés sur la mer, une brume matinale en guise de chapeau. D’aucuns qui la traversent disent qu’elle fait une belle fainéante ainsi allongée au bord de l’eau, nue comme un vers, aussi longue qu’un mille-pattes à qui on aurait coupé l’herbe sous les pieds. Or, elle en a gros la rue, gros sur son moral car se laisser aller de la sorte, alors que tout le monde s’ébroue ailleurs dans les usines, les bureaux, les écoles, lui pose tout de même des problèmes de conscience. 
On la croit détendue, toute à sa vacuité de rue mais en définitive elle rumine, seule, complètement épuisée par une année de doutes et de colères rentrés. Si les gens ne faisaient pas que passer avec leur jugement hâtif, ils verraient au bord de ses trottoirs couler quelques larmes de désespoir, des larmes de décembre comme une neige de saison ; ils sentiraient ce froid humide sortir de sa bouche, son asthénie chronique qui paralyse tout son corps. La rue prend le soleil, oui, mais parce que c’est tout ce qu’il lui reste.
  • 20.12.18

La rue est à la rue

La rue sait désormais que les fins de mois difficiles commencent dès le cinq. Je le vois à ses fenêtres basses. A ce vent en fin de compte qui l’abrutit mais aussi à son trottoir triste et miné de petites bombes en forme de rejets. La rue est à la rue. Criblée de dettes envers l’homme qui la traverse. Elle boucle ses affaires avec peine. Elle a beau s’agiter, elle ne s’en sort pas. La vie de la rue est trop rude, trop bétonnée, rêche et pauvre. Dans son for intérieur, elle sait qu’elle n’a plus que ses agios pour pleurer.
  • 16.11.18

On le dit

La rue garde des mystères enfouis dans son creux. On le dit.
Mais que dire de cet homme grattant le sol de la pointe de son pied ? On le dit. Enfin non, on ne le dit pas, on se demande ce qu’il fait penché sur le bitume. On dit qu’on se demande ce qu’il cherche. Une tache à effacer, un mégot à écraser, un toc à assouvir ? On le dit. Mais on ne sait pas. Aussi bien cherche-t-il un de ses mystères qui se cache précisément là où sa chaussure pointe, bien que l’endroit lui soit connu, bien que ce lieu, cet endroit précis du trottoir soit terrain intime pour lui comme pour toutes les autres personnes qui l’arpentent en long et en large, tous les jours ?
On le dit. Mais faut-il se mettre nous aussi à gratter le sol pour comprendre ? Pour savoir ce qui se masque à notre entendement, ce qui échappe à nos déplacements, à l’appropriation même que nous faisons de cette rue soi-disant nôtre ? 
On le dit. À moins que ce soit une erreur. À moins que cet homme ne soit qu’une erreur dans la rue, qu’un schisme dans le décor, qu’un halluciné qui cherche des mystères là où il n’y en a pas. Seule la rue sait ce qu’elle renferme d’histoires non résolues, d’énigmes indéchiffrables, de soleils dans l’amertume, de turpitudes dans le lisse, d’affolantes douleurs dans les plus belles couleurs comme dans les petites taches ineffaçables. Mais, elle, ne le dit pas.
  • 20.10.18

Amnésie

La rue perd la mémoire. On la voit se gratter la tête. Sur les toits des nouveaux immeubles, les terrasses fleuries sont hirsutes. Les tuiles des plus anciennes maisons regardent ailleurs à travers le vert de gris. La rue perd la boule. Elle roule dans les caniveaux à la recherche de son passé. 
Un homme passe. Un vieil homme qui ne reconnaît plus rien de la rue aseptisée. De vieux chars tournent dans ses souvenirs. Des chenilles tracent encore la route dans ses pensées ; surtout le soir lorsqu’en un éclair, il croit encore entendre les sirènes du couvre-feu dans le battement de quelques artilleries. Mais la rue ne se souvient de rien. Le bruit des bottes pourtant résonne encore dans la tête du vieux monsieur. Le souvenir gratte les toits. Gravé sur les murs des venelles ou planqué dans les caves sourdes au fracas des canons, le passé doit se taire. Il ne faut pas que la rue se souvienne. 
  • 20.9.18

Vieux chewing-gum

Une femme et son fils dans la rue. Ils marchent lentement. La mère traîne l’enfant à bout de bras. Elle voudrait accélérer le pas. Lui, il s’en fiche malgré l’angoisse blottie au fond du regard. Tous les deux ou trois mètres, il tape le sol avec la pointe de ses souliers. Il veut freiner l’allure imposée. Il se penche, ramasse un caillou, le porte à la bouche. La mère agacée tire sur son bras comme sur une corde. Ce qui a pour effet de faire basculer son petit corps mal assuré vers l’avant. Immanquablement, il tombe, crie, et cette fois, saisit un vieux chewing-gum dur comme une pierre et se met à le lécher. Une dizaine de minutes d’un tel manège et excédée, la femme lâche la main de son fils et le gifle.
Les visages échangent un long silence avant l’éclatement des pleurs.
La rue semble mal digérer l’agression. Le ciel se noie dans de longs draps d’ombres, le trottoir vacille, les voitures passent sans un bruit. L’enfant gémit. La mère reste figée à proximité d’un arbre, se laisse tomber finalement contre le tronc, baisse la tête. Le garçon se roule parterre, tape des pieds, hurle tandis que la rue souffre d’un léger tremblement. Les lumières aux fenêtres frémissent puis s’éteignent, le vent se tait, le ciel est désormais planqué derrière la honte. Rien ne sera plus pareil. Le souvenir de l’enfant gravé contre un tronc d’arbre. Chaque fois qu’il sera convoqué, il aura le goût poussiéreux d’un vieux chewing-gum. 

  • 1.9.18

Mauvaise fille

Après la baignade, la rue se change dans un de ses coins sombres. Elle laisse tomber sa serviette entre ses jambes. Dévoilant ses courbes, elle enfile rapidement une culotte de rechange. On la voit plus tard, entre chien et loup, longer la plage en tordant son maillot de bain pour l’essorer. Elle a de l’allure notre rue à ainsi déambuler en petite culotte, les seins à l’air. Elle s’en fout du qu’en dira-t-on. De toute façon, tout le monde dit déjà que c’est une mauvaise fille, notre rue. À toujours se faire rôder par la nuit, à tourner avec des voyous autour des lampadaires, maquillée comme un faubourg bobo, aguichant tous les chemins qui passent avec son air de grande avenue. Mais on lui pardonne tout. On sait d’où elle vient. Sans père ni mère, elle a été adoptée par une sale ruelle qui l’a très vite laissé tomber pour partir avec un boulevard bourgeois de la ville. Elle s’est faite toute seule, comme on dit. Elle en a mordu du bitume. Alors, elle peut bien montrer son cul. Ici, on ne lui en veut pas.
  • 11.8.18