Il n’y a plus. Plus que la nuit pour la démasquer. Et ça frise dans sa tête dès le crépuscule. Elle attend tout le jour derrière sa fenêtre, à guetter le point de bascule entre les bleus mourants et les rouges coupe-gorge. Il n’y a plus. Plus que la nuit pour l’apaiser : c’est le gris puis le noir qui donnent au regard le vide qui lui plait. Elle et ses rêves éveillés fixés sur l’horizon qui disparaît. Seule et débarrassée des encombres du jour, des couleurs trop violentes qui côtoient ses pensées, des traits trop emportés qui taisent son visage.
Il n’y a plus. Plus que le mordant des vêpres qui sonnent au loin pour croquer l’espoir : la vie qui ralentit au moins quelques heures pour un entracte à la frénésie du jour. Un répit salvateur qu’elle peint de couleurs chair, un pastel éthéré qui colle à son corps. Du bout de ses pinceaux diurnes, elle cherchera les nuits sauves et au plus tendu des ombres, quand le silence lui biffera l’esprit, elle glissera dans sa peau, légère et enjouée. Tomberont alors les trop pleins et les masques, les rides accumulées comme voilées par l’obscurité et les salissures du jour disparues en pluie revigorante.