Rhume

Le vide vient de l’intérieur,
quelque politesse le masque.

La pudeur charrie ses miasmes,
spleen ouvert aux quatre vents.

Alors que novembre tousse,
je retiens des larmes inconnues.
  • 24.11.18

La dispute

J’éteins la lumière
comme si je soufflais
sur un reste de bougie.

Avec la même perte,
la même fumée noire
qui prend à la gorge.

La nuit dans la bouche
et dans mon regard,
le souvenir de la flamme.

C’est là que se tiennent
deux trois mots obscurs
qui se disputent un poème. 

  • 17.11.18

La rue est à la rue

La rue sait désormais que les fins de mois difficiles commencent dès le cinq. Je le vois à ses fenêtres basses. A ce vent en fin de compte qui l’abrutit mais aussi à son trottoir triste et miné de petites bombes en forme de rejets. La rue est à la rue. Criblée de dettes envers l’homme qui la traverse. Elle boucle ses affaires avec peine. Elle a beau s’agiter, elle ne s’en sort pas. La vie de la rue est trop rude, trop bétonnée, rêche et pauvre. Dans son for intérieur, elle sait qu’elle n’a plus que ses agios pour pleurer.
  • 16.11.18

L’essentielle mélancolie

L’œil s’use à trop fixer
les choses quotidiennes.

Il n’y trouve plus rien à allumer
sans cligner la réalité.

Deux battements de cils,
paupière en persienne,

le jour alors se décante
sous le voile de l’image.

Il ne reste qu’une écume
entre lui et le monde.

L’essentielle mélancolie.
  • 8.11.18

Terre brûlée

Ce matin, la chambre ressemble
au désordre que j’ai dans la tête.

Un drap froissé entre mes oreilles
laisse les pensées partir en coton.

Un rêve brodé de cheveux blancs
finit sa nuit dans un sillon du lit.

Seul rempart à cette terre brûlée
où le sommeil ne suffit plus.
  • 3.11.18