Complainte

Il aura joué. Seule la musique a démontré le chemin et les marées. Ses mains sur le clavier— en quête des notes parfaites. Les blanches, les noires tenues par un fil d’espérance. Les blanches, les noires aujourd’hui sur son visage aux rides neuves, chacune liée à une croche.

Lentement, l’hiver est venu glacer la forme et son contour. Un froid a posé une bure sur sa peau, un froid a fixé les engelures. Ses doigts se sont raidis sur des barres d’acier, son corps secoué d’aussi loin qu’il se souvienne par un dessèchement rapide et violent du temps comme un blizzard en lui. Il respire par cahots mais fait le sacrifice des modes, il tient la musique comme la vie entre ses phalanges et l’enveloppe d’espoir pour qu’elle porte au monde. Seul ce matin, dans ce port désert, à l’écoute des mers anciennes qui tiennent semblables la portée, il nait à la complainte heureuse, la plus ténue qui résonnera longtemps sous ses cheveux de crin.


  • 28.7.16

#LesGens - Semaine 16 -

Reprise ici, le lundi, des posts Facebook #LesGens de la semaine écoulée : traversée entre les gens, leur lieu, leur instant. Un regard forcément biaisé sur eux et ce qu'ils dégagent parce que c'est écrit et que ça passe par la tête avant d'arriver aux doigts. Ce n'est pas la réalité mais ça pourrait lui ressembler.
Semaine 16 : Les gens après le bureau, un lieu qui change quand les gens partent, un bruit d'été passé au tamis des gens, les gens qui sont parfois d'un sans-gêne, on a encore changé le chauffeur du bus 14, un petit estivant pris la main dans le short, un instinct grégaire dont peu de gens s'avouent et un traquenard dans un bar.

























  • 25.7.16

Torpeur

Au sortir du rêve, dans la pâleur d’un jour trop faux, s’enveloppe en elle une tendre indolence. Languide et précieuse, la solitude absorbe toute l’eau versée, les larmes mais aussi ce qui oxyde le dedans, cette masse spongieuse logée près du sein et gorgée d’amertume. Lourd sur le cœur, se dit-elle. Enfin, elle pense que c’est ce qui se dit dans ces circonstances, lourd sur le coeur, quand la peine se fait houle et se dépose en sédiments mais c’est son corps en entier qui subit la pesanteur et qui désormais dans le dénuement se loge dans une cage.
Elle a écrit durant des heures des appels à une lune blanche sur des feuillets volants jusqu’à tendre dans son ventre une fange sèche. Elle a griffé les pages comme il éraflait sa peau. Glissée dans la torpeur, elle songe que ce mot – torpeur – est proche d’un autre. Proche de la torpille – torpilleur, torpeur, trop de peur – torpille qu’elle sent encore descendre au bas du dos forant au plus près de son centre jusqu’à lui faire cracher la bile. Le monde en une nuit s’est défait. Sa couche est vierge et sa tête à ras de mots. 

Chantal Akerman, Je, tu, il, elle, 1976


  • 23.7.16

Modérateur de mémoire

Ce n’est qu’une absence, quelque chose du détournement d’attention, qui dans la pupille déclenche un modérateur de mémoire.

Dans une rue, un soir d’été balayé par la mouvance des gens, l’épaisse tessiture des voix gronde près de la cathédrale. La rue remonte jusqu’à l’édifice et longe l’enfer blanc des terrasses où l’alcool fait un bruit de métal lourd. Le ciel encore bleu se charge de plomb. La foule ondule sur des cadences syncopées jusqu’à la cacophonie. Des lampions de fortune éclairent les visages d’un jaune pâle alternés de replis couperosés qui confèrent aux regards l’attention du diable. Des étages jusqu’aux attiques, les volets en clef se ferment pour taire la clameur des gens. Quelques ampoules aux appliques branlantes grésillent de bar en bar et donnent à la rue un fil conducteur transportant une électricité qui galvanise. Je remonte la rue emplie des autres et de leurs remuements. La transpiration m’astreint à la lutte pour dégager l’air qui manque. Elle est le fluide qui nous rassemble. La chaleur caniculaire n’y est pour rien. La masse compacte crée sa propre sueur, quelle que soit la saison. 
Arrivé sur le parvis où quelques guitares jouent des refrains dissonants, la clarté des coupes sous les vitraux giflés de soleil crée l’illusion d’un arc-en-ciel sur les façades de l’immeuble qui lui fait front. Le bistrot au pied de cette bâtisse devient chapelle de mécréants où les verres deviennent des calices, où le vin coule à flots sur des brebis égarées. La cathédrale se tait. A l’intérieur, des murs froids veillent à la sérénité des jours. Un regard dépouillé de foi pèse à l’intérieur comme à l’extérieur, hors du temps et du lieu, hors même du souvenir qui nous en sera donné. Une présence comme un modérateur de mémoire. 

  • 18.7.16

#LesGens - Semaine 15 -

Reprise ici, le lundi, des posts Facebook #LesGens de la semaine écoulée : traversée entre les gens, leur lieu, leur instant. Un regard forcément biaisé sur eux et ce qu'ils dégagent parce que c'est écrit et que ça passe par la tête avant d'arriver aux doigts. Ce n'est pas la réalité mais ça pourrait lui ressembler.
Semaine 15 : Les gens vers la sieste crapuleuse, le tempo du piaf que les gens n'écoutent pas, un choc d'où survient le souvenir de gens perdus, un 14 juillet infatué avant le feu meurtrier, un vide dans lequel on peut tomber à tout moment et entre les gens, des ébranlements d'amour.

















  • 18.7.16

Paul et Josépha

Le fruit de nos actes se révèle souvent à langueur d’un matin d’été. Quand le monde s’écroule autour de nous, c’est dans l’ordinaire qu’il le crie.

Josépha a tenu bon pour lui. Entre ses dents, elle a serré le torchon de peur qu’il ne brûle. La colère étouffée, elle a endossé la vie dans un cortège de contraintes dont elle n’a jamais imaginé l’intensité ductile. Les années, des dizaines, ont tiré avec la poussière des replis ombrageux entre les casseroles de la cuisine au cul noirci, le salon – petit ventre au décor spartiate et véritable réceptacle aux angoisses diurnes comme nocturnes – et son lit défait où sur le traversin, des ombres ont maculé son esprit de taches indélébiles.
Paul. Le petit Paul, malgré lui, a collé à sa mère l’impossible mission d’exister dans cette maison aux murs saturés d’amertume. Josépha et son fils ont rassemblé ici leur peine dans un édredon tendre dans lequel chaque nuit ils ont pu se retrouver, se blottir et tenir. Dans un seul et même mouchoir, ils ont essuyé la désillusion provoquée par celui qui aujourd’hui s’en va.
Derrière le carreau brisé, Josépha sourit presque ; l’ombre rogne ses derniers os. Sans y figurer, elle naît d’un reflet et regarde s’éloigner le foin de son chagrin. C’est un matin de chaleur douce où Paul déjeune d’une tranche de pastèque fraîche. Lui aussi ouvre des yeux perplexes. Il mord dans le fruit les graines de l’attente et de sa bouche exsude une coulée sucrée, un peu d’amour qui suppure de la fuite. Leur vie bascule et tous deux se demandent dans quels draps ils vont dormir cette nuit, maintenant que l’édredon est percé.

 © Bohumil Puskailer Petržalka II. 1960 - 1962

  • 14.7.16

#LesGens - Semaine 14 -

Reprise ici, le lundi, des posts Facebook #LesGens de la semaine écoulée : traversée entre les gens, leur lieu, leur instant. Un regard forcément biaisé sur eux et ce qu'ils dégagent parce que c'est écrit et que ça passe par la tête avant d'arriver aux doigts. Ce n'est pas la réalité mais ça pourrait lui ressembler.
Semaine 14 : Le succès fait se serrer la gorge, on compte les gens comme les bonnes notes, les gens font des travaux et surgit un rêve de démolition, les beaux gosses paradent, la chaleur bascule de la place aux mansardes, un accident de #liralo sans gravité et des gens qui marchent sur l'eau.






















  • 11.7.16

Eddy et Serge

Pour se sentir vraiment sur une île, il faut en connaître les contours. Qu’elle soit suffisamment petite pour en saisir la mer et assez large pour laisser ses rêves y fleurir. 

Aujourd’hui, Eddy et Serge ne savent plus ce qu’ils sont venus chercher ici. Au bord de la falaise, l’aplomb des idées manque. Il ne reste plus qu’un vertige dans lequel les deux amis ont de la peine à se retrouver. Au soleil déclinant, chacun naît au crépuscule, emporté par le trouble de l’autre. L’esprit îlien, dont l’océan draine sans cesse l’espoir, s’enlace sur les rochers tandis que leurs corps restent secs à son ressac. Sur la paroi où s’agrègent des neiges grises, un froid inconnu les saisit et fige à un arbre malingre l’innocence de leur périple.  Ils le savent. De tous les voyages, ce sera le dernier. 
Trois ans plus tôt, ils étaient arrivés à Saïpan pour construire une vie. Leur enthousiasme dans des valises aussi grandes que les rêves qu’ils nourrissaient. Ils désiraient construire dans la petite île du Pacifique l’existence que ne leur laissait plus vivre la vieille Europe, engoncée qu’elle était dans les atermoiements politiques et les regrets d’un faste disparu. Les premiers mois furent prometteurs tant ils avaient été accueillis en sauveurs. Ils apportaient avec eux le savoir-faire et l’argent nécessaire à bâtir et faire vivre les populations autochtones. Très vite, ils déchantèrent. L’argent disparut en même temps que leur allant – les affaires n’étaient pas aussi simples qu’ils les avaient pressenties. Les vieilles recettes colonialistes ne passaient plus, l’île se rebellait contre leur suffisance et les deux maîtres d’œuvres durent renoncer.
Ce soir, Eddy et Serge cherchent dans le ciel que se partagent l’océan et la baie le courage de quitter l’île. Les deux hommes ne parlent plus et laissent les embruns purger leur désespoir. Eddy se tient droit face au précipice, l’extrémité de ses pieds tutoie le vide. Serge, tête basse, prie déjà à leurs âmes perdues.

© Huang, Pure of Sight, 2011

  • 10.7.16

Ingrid, Marion, Serge, Paul et Myriam

Qui se souvient du théâtre passé de nos ombres ?  Sommes-nous le reflet parfait de nos traces ?

Il a longtemps plu sur la terre ocre de nos années perdues. Longtemps, les ombres ont flotté, réverbération lointaine de ce que nous fûmes. Quelques flaques venues d’un passé qui ne nous absout plus. Qu’on l’accepte ou non, dans le cortège des fumées, dans l’excroissance de nos pensées lointaines, se cache un souvenir qui sonne comme des casseroles à la traîne de nos mélancolies. 

Cet après-midi-là,  il n’y eût pas plus d’ombres que de manège. La terre se disputait le temps avec un vent léger qui soulevait juste assez de poussières pour piquer nos yeux. Ce jour-là, ce fut le grand manège pour Ingrid, Marion, Serge, Paul et Myriam. Les nommer ne suffit pas à croire à l’instant et pourtant dans le ciel, le soleil a figé les silhouettes comme preuve irréfutable et irréfuté de notre présence au monde. 
Nous étions cinq à former le club des inséparables. Nous avions le temps de croire aux absences, nos corps étaient aussi légers que les chaînes qui balançaient nos espoirs blottis dans des mouchoirs. Dans les roulottes, derrière les rideaux de coton grège, ourdissaient déjà les lendemains fragiles. Emportés par la rotation de la terre, l’ocre nous seyait comme l’ombre nous blottissait dans un infini de temps. Ici, aux vrilles des casseroles, nous ne savions pas encore qui nous étions, lesquelles des ombres ou des peaux reflétaient la vérité. Nous vivions dans un théâtre sans conscience d’aucune mort.

Shadows of children on swing, Munich, 1963, © Jon Naar, Gelatin silver

  • 8.7.16

Il n'est pas si loin l'horizon

Il n'est pas si loin l'horizon qu'on en garde toujours la prescience.

Tu ne sais plus comment tu es arrivée ici. Ne te souviens plus du chemin ni de ce qui a déclenché la fuite.
La lune était haute et pleine. Elle a suivi ta course jusqu'ici. Elle est ton guide depuis toujours. Et cette nuit-là, lorsque quelque chose en toi a intimé le départ, elle n'a pas failli. Elle a pris ton pas dans son halo pour t'y sauver de l'oubli.

Il faisait très chaud. Tu as filé de cette plage de charbon sur laquelle, quelques heures auparavant, tu as perdu l'horizon.
La soirée avait pourtant bien commencé. Du vin, le sable comme une étoffe, ton homme et un grand feu vif qui donnait le change au crépuscule posé sur une mer fière. Il était assis à côté de toi, à nourrir les braises avec du petit bois et des cailloux noirs. Le jour s'affaissait sur une ligne parallèle à tes épaules nues. Vos corps étaient nus. Ils se buvaient, de l'un de l'autre. Des mets simples accompagnés d'un peu trop de vin vous rendaient sourds aux maux jetés au feu dans le même regard. La douceur de l'instant te faisait du bien et ne laissait rien transparaître du chaos à venir.
Durant des heures, vous n'avez rien dit, baignant vos peaux à l'été finissant. Puis il s'est mis à parler, longuement, à tricoter des tissus de remugles dans un monologue astringent. En toi, ce furent d'abord quelques éclairs qui ont arraché des éclats à ta cécité, ensuite tu as senti dans ta bouche monter des lampées de fiel que le vin ne parvenait plus à occire, puis vint l'orage qui explosa la nuit claire. La mer d'huile se transforma en tempête. La crête des vagues te secoua de l'intérieur et le ciel se gaina de fièvre.

Tu ne te souviens plus de l'imperceptible mouvement qui t'a ordonné de te lever et de courir. Tu as senti monter en toi le vent d'un espoir, l'envie de retrouver l'horizon, l'irrépressible nécéssité de fuir, de quitter la plage et cet homme pour toujours. 

© Robert Farber, Seeing Montana

  • 6.7.16

#LesGens - semaine 13 -

Reprise ici, le lundi, des posts Facebook #LesGens de la semaine écoulée : traversée entre les gens, leur lieu, leur instant. Un regard forcément biaisé sur eux et ce qu'ils dégagent parce que c'est écrit et que ça passe par la tête avant d'arriver aux doigts. Ce n'est pas la réalité mais ça pourrait lui ressembler.
Semaine 13 : Sueur à la terrasse des gens, les corps répondent par l'oubli, les gens ailleurs qui lisent, les gens à la banque, des créateurs de vie, des gens qui lèchent l'écorce et Loulou fait un petit beignet.






















  • 4.7.16

Emma et Ludwig

Elle relit son texte avant l’appel. Elle est arrivée juste à l’heure pour la répétition. Ce soir, elle joue. C’est la générale. L’angoisse est montée très tôt, dès potron-minet. Elle s’est levée, a enfilé la première robe qui traînait et a filé rue Verneuil pour attraper in-extremis un tramway. Son cœur chancelant, sur un strapontin, elle a commencé à lire, les mêmes lignes que la veille – le passage dont elle a du mal à se souvenir, sa tirade du deuxième acte. Au premier arrêt, rue Levallois, elle a levé les yeux sur une porte cochère. Elle a vu un homme, sortir d’un immeuble cossu, le sourire aux lèvres. Elle a vu aussi son reflet dans la vitrine d’un tailleur, sa silhouette ramassée sur son siège, ses ballerines usées et ce manteau en fausse fourrure que lui a refilé sa tante – loque qu’elle tenait déjà de sa grand-mère. L’homme est monté dans le tramway. Elle a baissé le regard, enfoui sa honte dans les pages tandis que lui, bel homme en costume strict rehaussé d’un haut-de-forme, s’asseyait à côté d’elle. 

Elle est normalement à dix minutes du théâtre mais, ce matin, le tramway ne repart pas de Levallois. Le chauffeur à l’autre bout de l’omnibus s’excuse sans que personne ne comprenne de quoi il en retourne. L’homme se présente en tendant la main au-dessus du livre. Ludwig. Emma. La poignée de mains est douce et les regards se croisent dans une brume côtelée de jaune. Les présentations effectuées, Emma retourne à sa lecture, plus pour ne pas avoir à faire la conversation que pour apprendre son texte. L’air est vicié par une fumée de charbon qui s’échappe d’un vendeur de marrons, juste de l’autre côté de la rue. Ludwig se tait et Emma sent son souffle chaud parcourir ses épaules. Elle se surprend à étouffer une expiration de bonheur.

Elle relit avant l’appel du metteur en scène. Tout à l’heure, Ludwig l’a embrassée sous la porte cochère. Ils ont couru tous les deux, main dans la main, pour ne pas rater la dernière répétition avant la générale. Emma porte le haut-de-forme de Ludwig, c’est un peu ridicule mais cela lui donne du courage de savoir que ce soir à l’orchestre, il y aura un souffleur.

Woman reading behind stage 1926 © André Kertész


  • 3.7.16

Paul et les siens

Ça se passe dans le champ d’une vie, près de la masure du temps. Paul n’en finit plus de se lever, traîne depuis l’heure du coq dans sa robe de chambre élimée. Les cheveux et le cœur en broussaille, il fait le clown pour les enfants qui, dès l’aube, ont sauté du lit avant même que l’horizon ne s’ouvre. Et, depuis lors, ils sautent parce que Paul sait que la joie peut mourir. Lucie, Steeve et Paul donnent à leurs corps l’élasticité d’être au jour, éprouvent l’apesanteur du bon temps et son équilibre. La journée s’annonce belle dans une campagne qui s’offre. Le chien fait une équerre avec la plaine, s’étire en baillant avant de rejoindre les joyeux lurons pour mordiller les mollets ronds de Steeve. Sur la clôture, Paul joue le chef d’orchestre en donnant à ses rejetons le tempo des sauts ; il sifflote une mélodie que, ce soir, il murmurera à l’oreille de Linda. Lucie dégote une libellule à l’aile brisée dans les herbes encore fraîches et essaie de lui coller une brindille comme attelle. Linda sourit derrière son appareil photo, déclenche tandis que le cœur de Paul fait une embardée sourde, une fausse note qu’il tait.
Ça se passe dans le champ d’une mort, près de la brisure du temps.

Paul, Stella and James, Scotland, 1982 © Linda McCartney


  • 2.7.16

Lectures de juin 2016 #SlowReading


Lecture de juin : Trois romans, un récit qui est le roman d'une vie, sept recueils de poésie en tout genre et deux voleurs de feu.

Poésies 

Plaisir de recevoir, quand on est abonné, le petit carré coloré d'Hervé Bougel : cette fois-ci, tout de rouge vêtu, c'est Emmanuel Merle qui nous fait perdre le Nord ou le retrouver, c'est selon. Sur la glace et c'est rafraîchissant, seize poèmes de patinage sur les plus beaux lacs du monde.

Heureux de retrouver la verve de Dominique Boudou dans ce nouveau recueil où il questionne la durée des oiseaux, dans l'amour toujours et ses courtilières chéries.

Gros coup de coeur pour Le décor d'Edith Masson, poésie singulière avec laquelle elle extirpe des paysages - du landschaft mais aussi de son paysage sentimental -, une écriture ciselée et toute la beauté d'exister.

IBL bien sûr, camarade montpelliéraine, avec son Quand bien même si bien chroniqué par Thierry Radière sur la Cause Littéraire. "Entre le complexe d’abandon et les histoires de fusion, les poèmes racontent le manque sous toutes ses formes et avec une grande sensualité." C'est à lire ici http://www.lacauselitteraire.fr/quand-bien-meme-isabelle-bonat-luciani. A ajouter : mon bonheur d'avoir partagé cette sortie tant attendue avec elle à la Comédie du livre à Montpellier le mois dernier et en début du mois de juin à Paris pour le marché de la poésie.

Découverte de Miguel Espejo grâce à Jean-Marc Undriener, traducteur de l'auteur. Ici, le poète fait dans le très court, presque des aphorismes s'il n'y avait pas le plein dans le peu de cette poésie-là. A souligner le travail très soigné de l'éditeur (Centrifuges) : couverture, papier et illustrations de Sylvie Lobato.

Plongeon dans la poésie de Norge de 1923 à 1988. Occasion de retrouver "Les cerveaux brûlés" et "les oignons" mais aussi quelques perles moins connues du poète.

Autre chose de Thomas Vinau : voilà un livre qu'il faut lire et relire quand on n'a pas le moral. Folie, décalage, l'auteur des "miettes/ poussières/ brindilles/ vétilles/ et autres broutilles" excelle encore une fois.

Romans

Le sixième jour d'Andrée Chedid que je préfère en poésie. Ai eu du mal à entrer dans son histoire, tant elle peine à venir se structurer dans ma tête.

Septentrion de Calaferte malgré le style de l'auteur, la description de ses prouesses sexuelles m'a usé. Panne complète et débandade à la moitié du livre.

Découverte d'André Dhôtel et de ce "jour-là" grâce au livre de Thomas Vinau "76 clochards célestes ou presque" dans lequel Thomas fait de courtes biographies de ses "héros". Très beau moment de lecture, Dhôtel écrit simple et direct mais avec une poésie tendre et ça fait mouche.

Gros coup de coeur pour "les gens heureux n'ont pas d'histoire" dans lequel Eloïse nous raconte sa vie année par année de zéro à quarante ans. Une photo marque l'année, l'auteur la déroule et nous envoûte par la précision de ses souvenirs et son style magnifique.

Revues 

Coup de chapeau une nouvelle fois à la revue "Voleur de feu" avec son troisième numéro (Marlène Tissot et Annie Kurkdjian). Beau, simple et élégant. Cette "mise à nue" est très généreuse.



DateTitreAuteurGenreEditeurVidéo
02/06/2016Nord, seul point cardinalEmmanuel MerlePoésiePré carré éditeur
03/06/2016Dans la durée des oiseauxDominique BoudouPoésieEditions du Cygnehttps://youtu.be/5t9ULoMQ8ZU
04/06/2016Le sixième jourAndrée ChédidRomanJulliard / Librio
06/06/2016SeptentrionLouis CalaferteRomanDenoël / Folio
06/06/2016Suite orientaleJacques-Jean SicardBilletRevue FPM
14/06/2016Landschaft / Le décor Edith Masson Poésieéditions des vanneauxhttps://youtu.be/lBiKNCodlr0
16/06/2016Quand bien mêmeIsabelle Bonat-LucianiPoésieCarnets du dessert de Lunehttps://youtu.be/9Ccowyu5nCI
18/06/2016À l'ombre d'Éphèse — trad de JM Undriener Miguel EspejoPoésieEditions Centrifugeshttps://youtu.be/Brs7a18yw7I
21/06/2016Ce jour-làAndré DhôtelRomanPhoebus / Libretto
23/06/2016Norge Poésies 1923-1988NorgePoésienrf Poésie / Gallimard
25/06/2016Les gens heureux n'ont pas d'histoireEloïse LièvreRécitJC Lattèshttps://youtu.be/S-JcRCAj4vg
27/06/2016Autre choseThomas VinauPoésieCarnets du dessert de Lune
27/06/2016Voleur de feu #2Derek MunnRevueDouble-vue édieur
27/06/2016Voleur de feu #3 Mise à nue.Annie Kurkdjian & Marlène Tissot,RevueDouble-vue édieur


  • 2.7.16