J’habite une petite ombre

Le temps roule dans la rue 
au son des butées mécaniques
écho contre écho entre les murs

L’après-midi est presque nuit
j’habite une petite ombre
la ville ouverte à mes pieds

Je prends un livre, le quartier 
puis le monde – maintenant
tout roule en automatique 
d’un bord à l’autre de la pluie
  • 30.10.21

Cligner longtemps

Écrire le jour qui vient 
Paupières fines à la première 
Lumière 
Ombre qui suit 
Il suffit de cligner longtemps 
Et la fenêtre s’ouvre 
Offerte comme un fruit
  • 28.10.21

L’envol et la suspension

une fois de plus
le jour traîne des pieds
il faudrait apaiser la mémoire
tenir l’oubli comme une promesse
faire silence de tous les bruits 
en appeler à l’oiseau de passage
et de lui tenter de comprendre 
l’envol et la suspension
pour un peu soulever la poussière
qui colle à nos souliers
  • 24.10.21

Je vois le jour se faufiler

Je vois le jour se faufiler 
sous la porte aussi fin
qu’une feuille de papier. 

Dehors la rue s’ébroue 
encore sous l’emprise
des tenailles de la nuit. 

La bascule semble incertaine 
tant la lutte est acharnée 
entre cendres et lumière.  

Il n’y a durée que pour celui
qui regarde posé sur le fil,
les autres vont hors du temps.
  • 15.10.21

Il n’est pas si mal d’être là

il n’est pas si mal d’être là
entre deux pensées fugaces
le visage clos ni heureux ni triste 

c’est
jeter
une 
pierre
dans un puits 

et attendre

que
l’écho
remonte

remonte
l’écho 
qu’

il n’est pas si mal d’être là
à ne rien espérer d’autre 
que la prochaine respiration
où durant le puits raconte l’eau
  • 9.10.21

Comme un coup de poing

L’heure bleue s’accoude au ciel,
commande une bière
avec quelques amuse-bouches.

C’est là entre deux rincées
qu’un éclair forme un creux
dans le ventre du temps.

Comme un coup de poing,
une vieille tristesse pincée
vient remettre la sienne.
  • 2.10.21