De l’enfance, je retiens le regard noir de ma mère

De l’enfance, je retiens le regard noir de ma mère. Elle, qui l’a si bleu, quand vient l’absence, il change de couleur par la fixation d’un point imaginaire, il sombre peu à peu, perdue qu’elle est dans ses pensées qui l’abattent, ternissant toute couleur autour, pupilles denses, dressées dans la colère ou l’abattement. Et l’absence grandit, semble étirer tout son corps pour le rendre de plus en plus mince, pour que plus rien n’existe que le regard et les ruminations sourdes envers celui pour qui une haine grince, faiblement, puis violemment quand je la sors par un sourire de sa torpeur, coupant le fil tendu qui la lie à son désespoir. Là, elle me voit comme la petite copie de mon père.
  • 23.1.21

Cahin-caha

On rôde dans janvier
le mois des fatigues
à rouler nos bosses
cahin-caha le bassin bas
comme nos grands-mères
charriant le linge au lavoir.

Carcasses aveugles
passées dix-huit heures
on n’est qu’ombres de nuit
aussi invisibles et seuls 
que nos grand-pères
et leurs peines de bistrot.
  • 15.1.21