La femme au balcon XX

Dernier dimanche de février. Juste après minuit, je t’ai vue avec ton homme sur le balcon, tous les deux emmaillotés dans une couverture à fumer la nuit par tous les bouts. C’était déjà dimanche et ensuite, les lampes se sont éteintes à ta fenêtre. Noir sur noir, vous avez disparu. Seul le lampadaire qui déploie son halo sur ton balcon respirait lentement vos restants de fumée.
La nuit a mangé les heures. Mais ce matin nous sommes encore le dernier dimanche de février. Aujourd’hui, une petite fièvre monte et rend les corps lourds. Alors, à la faveur d’un soleil doux d’hiver, on a ouvert nos fenêtres en grand, comme si on avait décidé de partager toutes nos cigarettes de la journée. La fumée allège le plomb qu’on a au fond de la tête, rend le jour un plus souriant quand ça fait un petit brouillard dans les rayons de soleil que s’échangent nos balcons.
  • 27.2.22

La femme au balcon XIX

Ce matin, je découvre que les volets se sont rouverts. Je n’ai vu personne sur le balcon. Cela s’est passé dans la nuit, certainement. Dans la rue, le vent circule plus vite que les voitures et affole les vitres. J’y vois trembler quelques reflets. Sur la fenêtre de la voisine mais aussi sur celles des autres. La rue tremble et personne ne sort au balcon. Au souffle du vent proche du sifflement, comme s’il devait se frayer un chemin dans quelque tuyauterie, s’ajoute le bruit d’une scie circulaire qui longe le trottoir et vient s’écraser dans toutes les oreilles du quartier. Je songe à cette propension qu’ont les gens à bricoler très tôt le samedi matin. Qu’est-ce qui les pousse à emmerder le monde comme ça ? Quels sont leurs motivations ? De quelle vengeance sont-ils habités ? Se rendent-ils compte qu’ils empêchent les gens de sortir à leur balcon ?
La combinaison du vent et de l’incurie matinale de la scie fait que la femme au balcon ne sort pas. Faisons avec ou plutôt sans. Je sais déjà qu’elle est revenue.
  • 26.2.22

La femme au balcon XVIII

Dire qu’il y a des gens qui vivent dans des logements sans vis-à-vis. Je les plains, vraiment. Ils habitent toute l’année dans un pavillon sans aucune vue sur leurs voisins, isolés du monde par de grands pans de pelouse terminés par des clôtures totalement hermétiques. Pauvres gens. Il en existe même, paraît-il, qui vivent ainsi en pleine campagne. En plus de n’avoir aucune vue sur le voisinage, il faut qu’ils composent avec le calme dévolu à de telles contrées : le calme, c’est état issu du silence. Quelle horreur ! Quelle angoisse ! Pas de voiture, pas de cris. Rien. Le vide. Aucun divertissement sonore si ce n’est le chant d’un coq ou le pépiement de quelque oiseau autochtone ; pas de ballets de klaxons ni d’animations à base de vitres ouvertes et d’autoradios à volume maximum. Rien. Un silence écrasant et la vision sur son prochain complètement occultée. Le plus invraisemblable reste que ces gens-là ne disposent d’aucun balcon à proximité et donc d’aucune femme installée dessus pour fumer. Vraiment, ça ne doit pas être facile tous les jours.
Heureusement, je suis chanceux. Je vis en ville avec vue sur multiples balcons et bruit constant. Oui, je suis très chanceux même si elle n’est toujours pas revenue.
  • 23.2.22

La femme au balcon XVII

Les volets sont fermés. Les volets de ses deux fenêtres qui donnent sur le salon et la cuisine. La voilà à nouveau partie mais cette fois-ci, les volets clos m’en informent. Je n’ai pas à m’inquiéter. Évidemment, je ne sais pas combien de temps cela va durer. Si son absence sera brève ou plus longue.
Elle a laissé le cendrier plein sur le balcon, posé sur sa caisse en bois. Je vois les petits bouts de mégots marrons qui dépassent. Quelques-uns sont rehaussés de rouge, marqués par ses lèvres qui ont tiré sur les cigarettes de l’après-midi ou du soir. Le matin, elle ne sort pas maquillée. Le matin, elle fume au saut du lit, le visage plein de nuit et les cheveux encore en bataille avec les mauvais rêves. 
Je pourrais compter les mégots qui dépassent du cendrier mais ça ne servirait à rien, puis ils sont trop nombreux serrés les uns contre les autres à attendre qu’elle revienne pour les vider de leur prison.
Je regarde la rue qui fait mine de ne pas voir les volets fermés, le balcon vide, la plante sèche en face de la caisse en bois. J’entends la rumeur glisser sur le pavé : et si le cendrier n’était jamais vidé ? Et si elle ne revenait pas ?
  • 22.2.22

La femme au balcon XVI

Il n’y a plus que des histoires de balcon avec des femmes posées dessus. Des ombres tournent autour, sortes d’ectoplasmes de voisins voyeurs. Des cigarettes se fument par milliers et forment des tas immenses de mégots dégoulinant des balcons pour se répandre dans la rue. Plus personne ne peut y circuler. De grands embouteillages apparaissent partout dans la ville, les services de la voirie sont débordés, impossible de tout dégager. On assiste à un grand chaos fomenté par les femmes au balcon. Blocus total de la ville, des gens meurent étouffés sous des tonnes de cendres de cigarettes. Les femmes rient à leurs balcons, d’un rire épais et guttural qui envahit la ville pour ne former qu’un seul et même éclat de rire terrifiant. 
Seule ma voisine continue à être un peu triste face à son écran de téléphone, absente aux autres, de profil comme tombée dans un trou de sourire*.
Puis, je me réveille.

* l’expression est de Georges Perros. Enfin, il me semble. Lue, je ne sais plus où ni quand.
  • 19.2.22

La femme au balcon XV

Il fait doux ce matin. Contrairement à la femme au balcon, je fume d’habitude à l’intérieur. Je sais, c’est mal. Mais après tout, je n’empoisonne que moi. Il fait doux ce matin et j’ai envie de sortir sur mon balcon pour fumer mais aussi pour prendre un peu de lumière. Je sors et elle apparaît dans l’encadrement de sa fenêtre juste au moment où j’allume ma cigarette. Comme si elle savait que ce matin, je serais là. Elle m’attendait même, peut-être.
Elle sort à son tour. Nous voilà chacun à son balcon. Un bonjour vient s’écraser dans la rue. Un bonjour prononcé par nous deux quasiment en même temps. Un bonjour de convenance, un bonjour de gêne. Puis le silence étrange de la rue, elle si souvent animée et bruyante. Nous tirons sur nos cigarettes. Nos deux profils se toisent. Le malaise est palpable. J’aimerais qu’un bruit nous distraie, qu’une voiture passe, qu’un passant éternue. N’importe quoi. Que quelque chose, quelqu’un nous arrache un début de discussion. Mais rien. Le temps s’allonge. Nos cigarettes sont deux éternités égarées.
On rentre enfin tous les deux dans un même mouvement après avoir écrasé nos mégots dans le même soulagement. Nos fenêtres claquent et les bruits de la rue recommencent comme des rires gras sous de faux applaudissements de sitcom.
  • 17.2.22

La femme au balcon XIV

Le mur d’en face s’éclaire lentement. J’y vois chaque jour une lézarde de plus comme si la rue vieillissait à vue d’œil. Le balcon, lui, reste intact. Il est l’endroit où elle oublie les petits séismes de la nuit. Il est son refuge quand la pression se fait trop forte à l’intérieur, que les enfants l’agacent, que le manque étire sa peau jusqu’à en craquer et que de petits tremblements dans sa bouche appellent la cigarette. 
Le visage de la femme au balcon s’éclaire lentement. J’y vois chaque jour une ride de plus, bouffée après bouffée. Elle est devenue mon refuge. Je l’attends tous les matins, traque chaque changement de magnitude. Son corps, ses gestes sont devenus mon échelle de Richter, mon baromètre pour le jour qui vient.
  • 15.2.22

La femme au balcon XIII

Il était là hier soir. Je l’ai vu d’abord seul, fumer sa première cigarette. Grand homme, élancé, mince, brun, son copain, son ami, son amant. Il a tiré rapidement sur sa roulée. L’a rallumée à plusieurs reprises formant de petits flambeaux dans la nuit. 
Elle l’a rejoint pour la deuxième sortie, une heure après environ. Il était plus calme, apaisé, debout derrière elle assise sur sa caisse en bois. Solide piquet qui la soutient, une main posée sur son épaule. Ils sont restés un long moment ainsi après leur cigarette, à discuter, elle courbée, lui la main caressant son cou, son dos, la réchauffant de mots et de gestes. La main toujours revenant sur l’épaule. 
Est-ce que les femmes au balcon s’envolent si on ne les retient pas par l’épaule ?
  • 12.2.22

La femme au balcon XII

Elle est sortie sur Little girl blue de Diana Krall. Dans le même mouvement, un peu langoureux, trop peut-être, sur ces notes au piano qui font fondre un peu de guimauve dans le ciel. Trilles au balcon. La femme se moque bien de ce que j’écoute. Ce n’est que mon imagination qui la fait danser. Petite fille bleue. Elle a bien dû être une petite fille bleue un jour dans le regard de quelqu’un. Bleu comme le blues qui s’empare de nos deux balcons puis de la rue entière. Sometimes I’m happy enchaîne Billie Holliday, un peu désabusée.
  • 10.2.22

La femme au balcon XI

Emmitouflée dans sa couverture, les yeux dans le vague et les cheveux en bataille. Recroquevillée sur le balcon comme si elle portait tout le poids du monde sur ses épaules. Un matin difficile dans la rue grise. À bien y regarder, on peut même voir ses pensées s’évaporer. D’ailleurs, elle resserre plusieurs fois la couverture autour de son cou pour tenter de les garder au chaud. Au plus près de son intimité. C’est une scène que je ne devrais pas voir. C’est un geste du quotidien qui devrait rester à l’intérieur et ne pas s’afficher sur un balcon. L’errance du matin, la nuit se dissipe, le sommeil rampe encore un peu entre son corps et la couverture. La première cigarette fait tourner la tête. Ce moment du réveil où l’on ne sait pas démêler le souvenir du rêve ne devrait pas être public. Je suis certain qu’elle ne s’est même pas lavée. Cette femme est décidément bien impudique.
  • 9.2.22

L'homme de peu XXIII (et FIN)

XXIII

On s’abrite sous la tonnelle
décorée d’ampoules nues,
pour chasser la chape de peu
qui s’abat sur les toits de cuivre.

Des larmes lèchent les fenêtres,
rassemblent nos miettes
pour étancher ta soif d’hier
restée accoudée au zinc.

On revoit le rouge
qui monte à tes joues,
le silence par grappes
explore nos visages.

On continue à se mentir,
désavouant le vide abyssal
qui balaie nos pensées,
le précipice sous nos paupières.

On regarde tes cheveux
ne jamais blanchir
et s’éteindre les ampoules
une à une claquer

jusqu'au dernier filament.
  • 8.2.22

La femme au balcon X

Elle est revenue. Après deux jours d’absence, la revoilà à sa place : balcon, caisse en bois, assise tranquillement avec cigarette et téléphone en mains. Tout rentre dans l’ordre. 
Elle aurait tout de même pu me signaler qu’elle n’était pas chez elle pendant ces deux jours. Je ne sais pas mais ce sont des choses qui se font. On prend des précautions dans ces cas-là. Fermer les volets, par exemple. Elle ne les ferme jamais d’habitude. J’aurais alors compris qu’elle n’était pas là. C’est un incroyable manque de savoir-vivre. J’en étais presque à m’inquiéter. Elle vit seule avec ses deux enfants, la plupart du temps. Imaginons qu’il lui soit arrivé quelque chose. Personne pour lui venir en aide. Elle aurait pu tomber la tête la première sur la table basse du salon. Le crâne ouvert, pissant le sang, inconsciente avec des enfants en pleurs autour, incapables de la relever ou d’appeler les secours. Elle serait morte lentement dans de petits râles inaudibles depuis chez moi, laissant à sa progéniture comme seul souvenir une mare de sang sur le tapis. Voilà les années de psychanalyse pour ces pauvres bambins !
Enfin, n’en parlons plus.
  • 7.2.22

L'homme de peu XXII

XXII

Y penser un peu à couvert,
se laisser croire beaucoup
ce que le peu d’une vie
laisse comme traces

quand elles peuvent être
racontées auprès du feu
entre chaud et froid,
entre paix et neige.

Chercher la lumière
à défaut d’histoires
et ne trouver qu’une ombre
dérobée sous le souvenir,

silhouette hors de portée
sous les ruines du village
étirée jusqu’aux cimes
où tu grandis sans fin.

Sous tes vestiges noircis
pousse là une terre neuve,
des maisons aux jardins
qui taisent le labour des chevaux.

Au-delà, tu restes l’ombre vive
des journées de plein été,
dans les bras d’un figuier,
sur la margelle d’un puits,

tant qu’il y aura de l’eau.
  • 6.2.22

La femme au balcon IX

Le soleil arrive sur le balcon par petites touches. Il roule sur la rambarde puis commence à mordre l’encadrement de la fenêtre. Elle n’est pas là. C’est un balcon sans elle. Ne fumerait-elle plus ?

Je n’ose plus sortir. Le gars d’en face est toujours là à m’observer. Il me fait peur. Il a des yeux mauvais, un visage inquiétant. J’en ai parlé autour de moi. On s’est moqués. Mais je sens bien que son regard n’est pas naturel. Il me fixe. Bien sûr, nos fenêtres, nos balcons sont proches mais moi j’évite son regard pour ne pas le gêner. On ne se connaît pas. Il convient de garder des distances sociales même si l’on se retrouve proches physiquement.  On n’a pas choisi cette situation. Mais lui, je sens bien qu’il m’épie pendant que je sors fumer sur le balcon. Pas naturel du tout. Que me veut-il ? Je ne suis pas tranquille. Je vais descendre dans la rue pour fumer, désormais. Après tout, je n’ai qu’un étage à descendre. 

Elle n’est plus là. Ce n’est pas qu’elle me manque. Enfin, peut-être. J’ai essayé un temps de l’ignorer mais je n’y arrive pas. Elle m’obsède. Jusqu’à son absence. Surtout à cause de son absence. Deux jours que je ne l’aie pas vue. Elle n’a pas pu arrêter de fumer du jour au lendemain. C’est une grande fumeuse, le sevrage ne peut pas être aussi radical. Elle n’est tout simplement pas chez elle. Voilà tout. Il ne faut pas en faire un drame. 

Descendre pour fumer, oui mais je ne peux pas laisser les enfants seuls dans l’appartement. Ma fille est suffisamment grande mais mon fils en profiterait pour faire de bêtises. Mais qu’est-ce qu’il a, ce gars, à me mater comme ça ? 

Le soleil change de balcon comme résigné de n’y voir personne. Une ombre s’échappe de sa fenêtre. Il me semble apercevoir une silhouette l’entrouvrir. Mais ce n’est qu’un effet de réverbération sur la vitre. Voilà que j’entends sa voix dans la rue. Je la reconnais. Je sens l’odeur de sa cigarette. Elle est bien là mais ne sort plus sur le balcon. Pourquoi ?
  • 5.2.22

L'homme de peu XXI

XXI

S’étonner de la plaine sans toi,
du toit vide de la montagne,
des terres sans vignes,
des coteaux soudain si ternes,

une brume définitive
sur les pages non coupées
d’un livre que l’on n’aura jamais lu,
une stèle de silence.

Des mots, rien que mots
rangés dans un tiroir
au sein d’un vieux meuble
dont on a perdu la clé.

Inventer ce qu’aurait pu être
tes quatre-vingts sourires,
ta vie dans l'ordonnancement
des choses communes :

un grand-père avec l’œil
frisotant qui aurait aimé
petits-enfants et arrière toute
sur la peur de l’abandon,

une figure à admirer,
un chat un peu sauvage
posé sur tes jambes,
seul à savoir t’accueillir

dans la paix de l’ancien.
  • 4.2.22

La femme au balcon VIII

Je la ressens. La fenêtre magnétise mon corps et je ne peux m’empêcher de tourner le regard vers elle. Le balcon, la fenêtre s’ouvre, elle sort, s’assoie. C’est un jour sans fin. Des heures sans fin. Des cigarettes sans fin. Je la ressens. J’en arrive à deviner son humeur à ses gestes, à sa façon d’ouvrir la fenêtre, de la refermer, de s’assoir, de se lever. À ses sourires qu’elle tend à son écran de téléphone.  
Aujourd’hui, elle est calme. Sans ses enfants. Semaine impaire, ils ne sont pas là mais avec leur papa. Je les ai entendus dimanche dans la rue quand elle les a salués depuis le balcon. De la tendresse dans l’air, de celle qu’on pousse avec la main.
Elle est calme, je le ressens et je suis calme.
  • 3.2.22

L'homme de peu XX

XX

Exister sans toi revient
à huiler de vieux rouages,
tous les engrenages sont grippés,
à chaque cran un cri.

Dans le froissement
d’un vieux papier calque
sur une table en formica,
dessiner entre les craquements.

Malgré la minceur du fil,
être la coupe nette du lien,
ce jour où ta bouche
a glissé le dernier râle.

Dans l’oreille la douleur
si expressive de la honte,
t'entendre souffrir
et mourir pour si peu.

Chaque jour déglutir les mots
pour ne pas dire la colère,
refaire les derniers gestes,
poser la mèche rebelle

et sur ton front un baiser.
  • 2.2.22

La femme au balcon VII

J’ai abandonné l’idée qu’elle disparaisse. Je veux dire que mes actions auprès de l’agence immobilière et du syndic aboutissent. Personne ne comprend la gêne que cela occasionne. Tant pis, je vivrai avec la femme au balcon et ferai tout pour m’en détourner. L’ignorer sera mon remède. Je me concentrerai sur les petits désagréments que l’on peut rencontrer dans un logement en location et qui sont reconnus comme tels par l’agence et le syndic. 
Aujourd’hui, le bruit de l’eau - goutte à goutte lancinant - qui court dans les tuyaux reliant les radiateurs. Demain, la mauvaise isolation des fenêtres qui fait grimper ma facture de chauffage. Plus tard, le faux contact lorsque je presse l’interrupteur du couloir. Il ne me faudra pas oublier le voisin qui met en route sa machine à laver tous les samedis à six heures trente. Voilà de vraies revendications de locataire. 
Je ne regarderai plus la femme au balcon fumer toutes les heures. Je ne chercherai plus à changer les choses. Je ne m’offusquerai plus lorsqu’elle se coupe les ongles des pieds à deux pas de ma fenêtre. Je n’écouterai plus ses conversations téléphoniques ni ne chercherai à connaître quelle application elle fait défiler sur son écran, pas plus que ce qu’elle écrit sur son grand cahier bleu. J’ignorerai jusqu’à son existence même. Il faut que je sois fort. 
Mais j’ai peur qu’elle me manque.
  • 1.2.22