Les fins d’années sont toujours propices aux bilans. Introspection profonde ou ballet inutile de projections non abouties. Toujours la même rengaine. Qu’est ce que j’ai fait cette année ? Suis-je allé au bout de mes envies ? Etais-je plus heureux cette année que les années précédentes ? J’en passe des meilleures et des exécrables, des plus ou moins constructives, des voulues subies voire des endurées défendues.
En définitive, quelle importance ! Pourquoi devrais-je me régler sur le calendrier ? Des jours, des mois, des années. Et alors ? M’installer ainsi dans une temporalité figée ne m’apporte pas grand chose si ce n’est la pression sociale de tirer des leçons et in fine de m’imposer des résolutions. Alors, point de bilan attendu sur une année pourrie appelant la suivante à régler tous mes problèmes empiriques.
Je préfère, rebelle dans l’âme, m’accorder des parcelles de bonheur bien plus fixantes dans mon esprit que l’amoncellement d’emmerdes qui me précèdent et me poursuivront. Les cheveux hirsutes de ma chérie au réveil qui s’épandent sur l’oreiller valent bien mieux qu’un bilan global des dettes épandues tout au long de l’année. Les rires de mes enfants éclatants sans que je n’en comprenne la raison n’ont aucune mesure avec ma déraison éclatante s’agissant des choses alambiquées de la vie. Et quand j’écris cela, j’enfonce des portes ouvertes qui me rassurent.
Je vis et c’est déjà pas mal. Je ne construis ni ne crée rien de tangible. Tout juste un acteur décalé pris dans mon intemporalité chevauchant une époque qui presse le temps, le compartimente, le dissèque plutôt qu’elle ne l’apprécie. Alors en ces derniers jours de neuf, j’ajouterai une unité à mon demain parce qu’il faut bien suivre les grégoriens. Rien.