MASH-UP MORNING

Jeudi 10 décembre 2015

La nuit a tellement serré
Les dents qu’elle a mal
À la mâchoire et au cou
Du matin d’où elle pend
Nue

Le silence greffé à la glotte
De la rue ocre des lumières
Du réverbère file un doute
Dans les bajoues du jour
Etendu

*

Vendredi 11 décembre 2015

Le camion de la voirie
Cache la voix du dedans
D’un souffle long et laisse
La rue au silence trancher
Mon absence

Son gyro crée à la vitre
Sale un miroir d’éclairs
Gelé d’une nuit de cierge
Où la mort a tapé au lieu
Du rêve

_
Extraits de « Morning à la fenêtre » paru aux éditions Tarmac

.
  • 2.3.23

Une pluie serrée

Une pluie serrée devant la fenêtre,
Frappe au carreau pour entrer dans
Ma tête : cliquetis sur le pavé en pied
De grue.

Le vent perd l’équilibre des lignes
Les gouttes affolées tendent le front
L’hésitation redouble, par bouffées
L’eau pleurera tendre ou s’étouffera
A la mer.

04/11/2015
  • 4.11.19

On cause de Morning à la fenêtre #Morning

Ci-dessous des extraits de deux nouvelles notes de lecture sur « Morning à la fenêtre » paru en septembre 2016 chez Tarmac éditions : http://bit.ly/morning_tarmac
Un grand merci à Marilyne Bertoncini et Marilyse Leroux.


Marilyne Bertoncini, dans Recours au pème
.../...  Tout surprend dans ces poèmes, et d'abord le rythme syncopé de la syntaxe - rejets interne aux mots, coupe des vers... liés aux allitérations et inversions sonores, donnant à la lecture ce balancement musical qu'évoque le titre, cette impression de skat improvisé ( toutes les allitérations gutturales du perco (qui) crie son marc et casse/du sucre sur le dos du jour épris/ D'une aigrette rabougrie et bécas-/ Sonne pendue à l'heur où un geai/ La prendra"), ou cette finale de note bleue que connaissent les amoureux du jazz .../...
Lire l'article complet : http://www.recoursaupoeme.fr/critiques/feuilletons-rome-deguergue-marie-ange-sebasti-chantal-ravel-christophe-sanchez-g%C3%A9rard


Marilyse Leroux, dans la revue Texture
.../... On remarquera les coupes finales, riches, ouvertes, qui donnent à voir en décroché d’autres sens possibles, parfois contraires. Christophe Sanchez, dans la masse de gris silencieux qu’il sonde, aime faire ricocher les mots, les laisser libres de dire autre chose, en jouant sur leurs césures inattendues (« La fenêtre s’ouvre à l’ani- / Mal félidé aux beaux yeux »), leur homophonie (« sternes / cernes, s’étale / létal, mordu / Morgue… »), leur polysémie. Les mots bougent et changent comme le ciel à la fenêtre.
La forme contrainte, en ce sens, ne fige pas, ne caille pas, elle brille parfois en éclats singuliers jusqu’au calembour même, tel ce « piaf sot et étourdi » qui « Se prend l’aile / À la cuistre »… Ou ce temps à se faire / Des vœux brouillés ». Le gris, au bout du compte, doit bien contenir d’autres lumières comme les mots d’autres mots.  .../...
Lire l'article complet : http://revue-texture.fr/d-un-livre-l-autre-2017.html#morning




  • 7.2.17

On cause de Morning à la fenêtre #Morning

Ci-dessous des extraits de trois articles, notes de lecture, qui causent de « Morning à la fenêtre » paru en septembre dernier chez la toute jeune maison d'édition Tarmac, dirigée par Jean-Claude Goiri. Que les trois auteurs en soient ici une nouvelle fois remerciés.

(à noter la sortie en décembre du prochain ouvrage chez le même éditeur, un recueil de nouvelles de Thierry Radière, A un moment donné http://www.tarmaceditions.com/thierry-radiere-a-un-moment-donne)

-



Dominique Boudou, sur son blog Jacques Louvain
« .../... Dans Morning à la fenêtre, Christophe Sanchez est l'un de ces aventuriers du regard. Un réverbère, un goéland, une brassée de toits et la mer juste après. Autant d'éléments fragiles, il n'est pas sept heures, pour saisir les lignes de fuite dans le paysage.
Du jeudi cinq novembre deux mille quinze au mercredi treize janvier deux mille seize, le poème dresse au jour le jour l'état des lieux depuis l'observatoire promontoire de la fenêtre. En couples de quatrains proches parfois d'un chant aux accents de nuit blanche nougaresque et que le rejet d'un mot voire deux fait rebondir comme des galets. Lesquels composeraient pourquoi pas un nouveau poème modulable selon l'humeur du vagabondage immobile. .../... »
Lire l'article complet : http://dominique-boudou.blogspot.fr/2016/09/christophe-sanchez-morning-la-fenetre.html





Patrice Maltaverne, sur son blog de chroniques de poésie
« .../... Voilà donc un ensemble de poèmes-météo, à prendre au sens strict du terme, mais aussi au sens plus large de celui-ci. Car la météo est intérieure avant tout : on le voit bien, car, par exemple, lorsque les attentats du 13 novembre 2015 à Paris déteignent sur ces considérations d'extérieur, de leur sang versé.
Et l'imagination, donc la poésie, prennent le pas sur la description. Tant mieux, car je n'aurais pas aimé avoir affaire à un énième recueil de haïkus ! .../... »
Lire l'article complet : http://poesiechroniquetamalle.blogspot.fr/2016/10/morning-la-fenetre-de-christophe-sanchez.html




Jacques Ibanès, dans la revue Texture
« .../...saisir le temps dans sa spontanéité. Un temps dont le décompte est rappelé sans cesse : « La pendule balaie des miettes / D’heures tombées sur la table / A petits coups de tic et de tac / Qui rejoignent la rue à son / Silence perlé ».
Être ainsi dans l’attention au monde est une des meilleures façons de se rendre compte de son prodigieux foisonnement. À condition d’avoir les sens en éveil et sans trop mobiliser l’intellect, afin de mieux se laisser emplir par l’instant. Et il s’en passe, des choses, vues « Morning à la fenêtre » de Christophe Sanchez ! .../...  »
Lire l'article complet : http://revue-texture.fr/les-coups-de-coeur-de-jacques-785.html#sanchez

  • 7.11.16

Matin bas

Un cri dans le matin au visage blême comme s’il était soulé et flapi de la nuit. Un cri de goéland tel un appel au ciel à sortir le jour de la torpeur. C’est un potron-minet à terre et ciel boudeurs. L’air de ne pas y toucher et l’oiseau saisit le vol, soulève les toits pour réveiller les paresseux, maraude puis rebondit sur une flaque de brume, franchit la première ligne de toits, pique sur la plage et remonte dans le ciel enfumé. Du haut de son trône à pattes, le grand frère toise et met des vents. A la croisée, les cris racontent la mer, la houle et la douleur – ou bien est-ce la tristesse des nuages qui les prend et les jette au jour pour espérer en sortir.
Quoi qu’ils braillent, la brume gagne. Ils disparaissent sous la ligne d’horizon, descendent à la mer rase et montent et planent pareils à des suspensions végétales sur un fil invisible, un trait parallèle à la tension des ombres. Ils flânent le bec prêt à happer la lumière et se perchent sur d’autres lampadaires où le cri en dispute continuera leur monde. Il en sera ainsi toute la journée à traverser la mer par le large, à lui tailler des bavettes d’écume en espérant la nuit et ses toits en terrasses où, cachés sous les faîtes, ils se taperont les rires des mouettes qui jouissent.

Matin Palavas 21/02

  • 22.2.16

Morning à la fenêtre S10

L'hiver gagne sur la solitude, un ciel en met plein la figure, des oiseaux jouent aux tampons, une brume triangule sous la jupe du réverbère, mon éboueuse clignote et les articulations coincent aux jambes.
C'est la dixième semaine du « morning » par la fenêtre. Deux strophes de quatre vers avec la contrainte de terminer par un vers court, un ou deux mots. Chaque « poème » est publié sur les réseaux sociaux. Un par jour. Voici les sept jours de la semaine 10. Ç'a été de semaine en semaine, de jour en jour, de matin en matin… et puis cette nuit, ça s'est arrêté.


Jeudi 7 janvier

Une rosée fraiche
Pendue au balcon
Glisse en gouttes
Minées dans le ru
Court

L’eau fuit à la mer
Et ravine le sable
En étalant un pas
D’homme seul sur
Le carreau


Vendredi 8 janvier

Le feu à ras de barbe
Prend sur la bouche
Du jour un goût de fer
A serrer les dents et
Mordre

L’attente de l’aube
Monte en ventre bleu
Et rouge, couperose
Sur le visage de l’im-
Patient

Samedi 9 janvier

Un piaf sot et étourdi
Se prend l’aile à la
Cuistre et disparaît
Sur la grève sans un
Bruit

Une mouette rieuse
S’attache au râteau
De télévision et dif-
Fuse au ciel l’onde
De commotion



Dimanche 10 janvier

Sous le réverbère
Qui écarte ses yeux
La brume forme
Une jupe haute
De Lin

Une sterne au large
Braille à l’attentat
A la pudeur de sai-
Son et prend vague
En éventail
Lundi 11 janvier

A six heures et quart
Elle est souffle et lux
Qui trottent à la rue
Électrique et tricarde
Mon éboueuse

Le gyro est un tempo
Qui dit à la nuit belle
Ses heures comptées
Bientôt il sera invisible
Comme elle


Mardi 12 janvier

Les jambes de la nuit
Sont empesées de sel
Lourd qu’une moiteur
Affectée colle à la cuisse
Du jour

Le carreau coule l’eau
D’une vapeur tendre
Qui s’efface aux mots
Léchés par la bouche
Du vent

Mercredi 13 janvier

Une futilité a glissé
Au matin par la fenêtre
Sur un pavé de fatuité
Et filé vers la mer sans
S’arrêter

Le jour borde la mer
D’un drap clair à poser
Ici pour clore la nuit
Où s’arrêtent les aubes
D’oubli



_Palavas 11/01/16
  • 13.1.16

Morning à la fenêtre S09

Une poêlée de bouts d'an en vœux brouillés, le retour du vent sur la grève pour une presqu’île d'hiver, lorgner les goélands et leur habitude d'oisifs puis respirer le premier mimosa au premier coup de torchon de l'année.
C'est la neuvième semaine du « morning » par la fenêtre. Deux strophes de quatre vers avec la contrainte de terminer par un vers court, un ou deux mots. Chaque « poème » est publié sur les réseaux sociaux. Un par jour. Voici les sept jours de la semaine 9. Ça ira de semaine en semaine, de jour en jour, de matin en matin… et puis une nuit, ça s'arrêtera.


Jeudi 31 décembre

Un dernier matin
En forme de lutte
A tenir les mots
Les yeux grands
Au jour

Dur au vent l’an
Finit nez au ciel
A guetter de plus
Belles ombres à
Croquer


Vendredi 1 janvier

Nouvel an à mêler
Les heures du jour
Et de la nuit sourd
Des mots à glisser
Au ciel

Un temps à se faire
Des vœux brouillés
Avec le jaune au mi-
Lieu de cet immense
Rien


Samedi 2 janvier

Le vent étire ses bras
Et enroule le corps
Bu de la veille au cri
Rauque d’un goéland
Saoul

L’horizon est une courbe
Maligne sotte de brume
Qui cache l’année neuve
Dans une pochette sur-
Prise



Dimanche 3 janvier

Le matin a trébuché
Sur un trottoir de suie
Où gisait un goéland nu
Qui d’un cri fit sauter
Le jour

Revenu sur les toits
Le palmipède a cru
Que sa nuit refluait
Puis à bout de peur
S’est oublié
Lundi 4 janvier

Quand cesse le frigo
Et que l’horloge tic-
Taque trop je bois
Le ressac au balcon
Soûl

La mer serre au ma-
Tin un café entre ses
Doigts d’écume crème
Et vague en touillette
M’éveille

Mardi 5 janvier

Le premier mimosa
Tombe sa fleur
En pluie et essuie
D’un coup de torchon
L’ennui

La tension dans l’étang
Se prend au rhume gros
Des oiseaux, de l’aigrette
Qui renifle à la sarcelle
Qui nasille


Mercredi 6 janvier

Deux frères goélands
Se bataillent à becs
Acérés le haut siège
Du réverbère à tête
De brume

Depuis le faîte du toit
Les cousines rieuses
Cachées sous plumes
Se moquent des rois
Altiers



Réverbère soleil _ Palavas 06/01/2016
  • 6.1.16

Morning à la fenêtre S08

L'angoisse de noël se planque une nouvelle fois sous les livres et dans la mer. Le café est un piège à loup ou se diffuse en souffles longs, c'est selon. Selon qu'on ouvre et qu'on ferme des parenthèses sur les peaux.
C'est la huitième semaine du « morning » par la fenêtre. Deux strophes de quatre vers avec la contrainte de terminer par un vers court, un ou deux mots. Chaque « poème » est publié sur les réseaux sociaux. Un par jour. Voici les sept jours de la semaine 8. Ça ira de semaine en semaine, de jour en jour, de matin en matin… et puis une nuit, ça s'arrêtera.


Jeudi 24 décembre

Les livres serrés les uns
Contre les autres se dis-
Putent l’incipit d'un jour
A qui évitera de conter
Noël

Les étagères en bois
Se croient en sapin
Et chopent les boules
Quand brame Mille et
Une Nuits


Vendredi 25 décembre

Sac et ressac, au balcon
Se pend un homme bar-
Bu par tous ses pores
Ho Ho Ho, oh ! Fiche-moi
Le camp

Pas un temps d’hiver
A porter manteau rouge
Col de fourrure et tout
Le saint-frusquin à gaver
Des oies



Samedi 26 décembre

Le café est un piège à loup
Muni de larmes d’Arabica
Qui, distillées, tordent le cou
Aux images molles de la
Nuit

Le perco crie son marc et casse
Du sucre sur le dos du jour épris
D’une aigrette rabougrie et bécas-
Sonne pendue à l’heur où un geai
La prendra




Dimanche 27 décembre

Il n’est pas sept heures
Qu’un aboiement vient
Perturber la nuit dans
Sa paresse du dimanche
Mordue

Deux clebs s’écharpent
Pour un trapèze de vol-
Aille qui fut fourrée tel
Qu’il se veut de doigts
Sales
Lundi 28 décembre

Le café coule sur une nuit
D’astrakan en reniflant
Le jour qui peine à ouvrir
Les yeux sur la ville en-
Dormie

La peau du matin se traine
Entre les rougeurs de feu
L’odeur d’huile séchée au
Vent du plaisir et la lune
Douce
Mardi 29 décembre

Le vent se pose et termine
La nuit dans une trainée
De cérulé et de pain chaud
Qui donne au jour un goût
D’épices

Les ébouriffés recoiffent
Leurs idées et goutent au
Sel des bouches un éveil
Tendu aux corps et au re-
Tour prochain


Mercredi 30 décembre

Le ciel semble ranger
Dans un miroir confus
Entre draps froissés
Et gerbes de lavande
Séchée

Le jour étire ses jambes
Et craque aux chevilles
De la nuit une allumette
Qui crépite sous l'atonie
Du réverbère





Huile - Toulouse _28/12/15
  • 30.12.15

Morning à la fenêtre S07

Le vrai automne gris et sale, une cuisine avec des bruits de bois, un douceur de décembre à empiler des sommets écolo, le vent qui manque et le silence, la boite à liens toujours ouverte permanente et aliénante, la mer qui enfin se réveille pour un hiver de parade.
C'est la septième semaine du « morning » par la fenêtre. Deux strophes de quatre vers avec la contrainte de terminer par un vers court, un ou deux mots. Chaque « poème » est publié sur les réseaux sociaux. Un par jour. Voici les sept jours de la semaine 7. Ça ira de semaine en semaine, de jour en jour, de matin en matin… et puis une nuit, ça s'arrêtera.


Jeudi 17 décembre

Le matin coule un petit
Lait dans le ciel bougon
Enroulé dans son plaid
De laine vierge à tricoter
Le jour

Le goéland épie le souffle
De la rue de son lit de ciel
Perché sur le réverbère
Comme une sentinelle en
Faction



Vendredi 18 décembre

Le bois craque sous la langue
D’une nuit de visages et d’éclats
Qui n’arrivent pas à débaucher
Le labeur du jour d’entre meubles
Et corps

La pendule balaie des miettes
D’heure tombées sur la table
A petits coups de tic et de tac
Qui rejoignent la rue à son
Silence perlé





Samedi 19 décembre

Le ciel bat les nuages
Gris en neige sucrée 
Qui coule sur la mer
Comme une friandise
D’été

Décembre fait le beau
Dans une mousson im-
Probable dont personne
Ne sait le corps nu livré
Au reflux




Dimanche 20 décembre

Le vent manque à la mer
Manque à la rue solitaire
Qui se figent sous un drap
Tendu de nuit où s’usent
Les échevelés

Un vanneau à huppe basse
Roumègue dans sa mare
Flétrie par les jours sans eau
Et cherche bec au ciel les
Frimas atermoyés


Lundi 21 décembre

Trois lampes défient la nuit
Encore pleine alors que le led
De la boite à liens cille de vert
En signe de désir et de suture
Au jour

La connexion est permanente
De nuit à aube entre le monde
Et le salon où se tresse l’intime
Des paroles sourdes au flux
Des autres
Mardi 22 décembre

La rue est tirée à quatre
Epingles, toujours propre
Sûre et belle et la mer folle
Se moque de cette frigidité
D’esthète

La vague claque au charbon
De la grève et joue galapiat
A « tu me tiens tu me tiens »
Par l’écume avec les embruns
Sauvages




mercredi 16 décembre

La mer ronflante et grosse
Sous les paupières sort
De la nuit la plus longue
Par un matin doux comme
Un plaid

Sur les genoux nus s’assied
La cendre d’un jour calciné
Tandis qu’un pinson siffle
Aux ombres la riposte des
Heures longues





Denis Roche _Photolalies 1964-2010 _Pavillon populaire de Montpellier 19/12/15
  • 23.12.15