Complainte

28.7.16

Il aura joué. Seule la musique a démontré le chemin et les marées. Ses mains sur le clavier— en quête des notes parfaites. Les blanches, les noires tenues par un fil d’espérance. Les blanches, les noires aujourd’hui sur son visage aux rides neuves, chacune liée à une croche.

Lentement, l’hiver est venu glacer la forme et son contour. Un froid a posé une bure sur sa peau, un froid a fixé les engelures. Ses doigts se sont raidis sur des barres d’acier, son corps secoué d’aussi loin qu’il se souvienne par un dessèchement rapide et violent du temps comme un blizzard en lui. Il respire par cahots mais fait le sacrifice des modes, il tient la musique comme la vie entre ses phalanges et l’enveloppe d’espoir pour qu’elle porte au monde. Seul ce matin, dans ce port désert, à l’écoute des mers anciennes qui tiennent semblables la portée, il nait à la complainte heureuse, la plus ténue qui résonnera longtemps sous ses cheveux de crin.


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