bella ragazza

2.11.09


J'ai vingt et un ans. Elle, dix-neuf. Je suis amoureux, c’est indéniable. Je la regarde tout le temps, l’admire même. Elle est vive, souriante, intelligente, raffinée, légère, gentille, attentionnée. Je ne taris pas d’éloges sur elle et toutes les épithètes flatteuses se jettent de ma bouche, de mes yeux et allez - soyons fous - de mon cœur. Dithyrambique !

Nous sortons ensembles désormais, et son rayonnement n’a d’égal que l’ensoleillement qu’elle provoque dans ma vie. On se retrouve tous les matins devant le lycée, fébriles et heureux. Je l’attends sur les premières marches de l’entrée et j’imagine la tenue qu’elle va porter. Je me souviens de ce fin chemisier blanc légèrement dégrafé flottant au-dessus du vallon de sa poitrine. Je vois encore ce pantalon stretch arrondir ses courbes et galber ses fesses. Je sens encore l’odeur de son parfum délicat et sophistiqué titiller mes narines. J’entends toujours le cliquetis de ses escarpins beiges et marrons qui lui dessinent un démarche gracile aux pieds pudiquement découverts. Les sensations sont vives et chaudes. La retrouver chaque jour ajoute un nouveau lot d’émotions.

Elle arrive. A cinquante mètres des marches, son visage esquisse un sourire . Et plus elle se rapproche, plus ses pommettes se gonflent pour, une fois plantée devant mon nez; me laisser découvrir ses dents blanches éclatantes. Je saisis alors ses lèvres pulpeuses, les entrecroise au miennes et salive le premier baiser du matin. Nous passons la journée ensemble, voisins de pupitre à chaque cours. Les professeurs, au début méfiants, s’attendrissent désormais, sur ce qu’il faut bien nommer, le couple de l’année, voire de la décennie !

Le week-end, nous nous voyons peu. Trente satanés kilomètres nous séparent. Je n’ai pas encore de voiture. Alors, elle emprunte de temps à autres la vieille guimbarde de sa mère et viens me rejoindre. Elle déboule dans mon village et attise tous les regards. La citadine débarque et les têtes tournent. Je n’en suis pas peu fier. Pourtant, cette immersion soudaine dans ce monde de brutes épaisses la gêne. Elle ne se sent pas dans son élément et je fustige quelques-uns de mes camarades afin qu’ils reviennent à des postures de gentilshommes. Une fois la glace brisée, elle s’insère rapidement dans notre groupe. La « bella ragazza » entre dans ma vie pour de vrai, pour de bon.

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