Du chocolat noir sur mon riz blanc
15 décembreElle me râpe du chocolat noir sur mon riz blanc. Sur l’assiette encore chaude, un halo de lumière et autour rien, le noir. Et elle derrière moi, ses mains ridées par-dessus mes épaules qui pressent le moulin à râper. A l’intérieur, deux carreaux de chocolat noir, du Poulain, du vrai chocolat à 75% de cacao. Elle râpe et fait crépiter de fins copeaux qui tombent sur mon riz. J’aime beaucoup le riz, surtout celui qu’elle me prépare tous les mercredis. C’est du riz au lait, bien chaud, bien cuit qui forme une pâte onctueuse et sucrée.
Je ne vois rien d’autre que cette pluie de chocolat noir qui tombe. Bloqué entre ses bras, je reste figé, ne dis rien. Je ne sais pas pourquoi. Une douce vapeur d’eau s’échappe de ma collation et me chauffe le visage. J’ai chaud. Elle râpe, tourne la petite manivelle sans cesse, progressivement le cacao envahit mon riz, le noircit sur toute sa surface. Il fait noir dedans, il fait noir autour. Rien n’existe à part ce riz qui me fait saliver, ces mains et ces bras qui me cernent, ce chocolat qui tombe et s’étale fatalement.
Elle me râpe du chocolat noir sur mon riz blanc. Je n’aime pas le chocolat noir.
14 commentaires
Tant d'amour dans ces gestes et le souvenir des odeurs, des saveurs.
RépondreSupprimerO.K., je te prends le chocolat, tu gardes le riz (j'adore le chocolat noir)
Peut être n'avez vous pas connu Crunch l'antidote concocté par Neslé / le chocolat au riz soufflé. Les débuts de la pub TV et aussi le début de la fin de tous ces petits gestes comme dit Cat dans son commentaire
RépondreSupprimerhttp://www.ina.fr/pub/alimentation-boisson/video/PUB3212828050/nestle-crunch-chocolat-au-riz-en-tablette-a-la-campagne.fr.html
Désolé pour ce lien un peu long
Ah, cela me fait penser au riz au lait de mon enfance, cuit avec l'écorce d'une orange et saupoudré de cannelle.. une variante à ta recette chocolatée !
RépondreSupprimerBesitos
Cat > Ah oui, tu peux y aller. J'ai appris à aimer le pur noir depuis mais préfère toujours celui au lait. ;)
RépondreSupprimerJF > Ah oui Crunch bien sûr. Célèbres pubs mais je ne connaissais celle-là. Bonne soirée JF.
Babel > Ah j'aimais pas non plus la cannelle. pfiouuu.... m'aperçois que j'étais un gosse chiant en fait. Besitos too Loba del Sur !
C'est ce qu'on appelle être chocolat ! Touchant, comme toujours… J'adorais pour ma part les copeaux de chocolat bien noir rappés sur mes tartines beurrées au goûter…
RépondreSupprimerSes bras comme la maison des douceurs et l'odeur à jamais. Joli !
RépondreSupprimerLe coucou > oui, ou être marron ! ;)
RépondreSupprimerKouki > Oui, les odeurs. Me demande même si c'est pas le premier vecteur de souvenir. Merci.
"Elle me râpe du chocolat noir sur mon riz blanc." Ta première phrase m'a "choper".
RépondreSupprimerMaintenant, je crois mieux saisir ce fameux dicton : " Quand y'en a poulain, y'en a toujours pour l'autre !"
RépondreSupprimerSérieusement, c'est très bon et puis quelle chute !
Gilles > Elle t'a relâché j'espère. Pas tellement satisfait de ce texte, j'suis passé à côté de ce que je voulais dire en fait. Bref...
RépondreSupprimerMorgan > Oui ! :) Ou aussi "Un pour tous, et tous Poulain" hum... (merci)
"Je suis passé à côté de ce que je voulais dire". Comme l'enfant ? :-)
RépondreSupprimerEn tous cas, perso, je le trouve très bon, ce texte. Il sent bon, même si le chocolat...
Merci co errante. Disons que je voulais exprimer plus de contraintes derrière ce chocolat non désiré : comme toutes les choses qu'une enfant se doit d'aimer parce que les parents le veulent ou que la société l'impose.
RépondreSupprimerPareil que Morgan... Sinon rien de pire que le "tu ne sais pas ce qui est bon !" quand on n'aimait pas ;o)
RépondreSupprimerJ'admire toujours cette délicatesse à gratter la râpe à souvenirs où ça fait du bien ou du mal... Chapeau monsieur !
Merci m'sieu Luc :)
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