La porte

4.4.11

image Souvent, il s’arrête devant les portes. Des portes de toutes sortes, des blanches, des noires, des plus banales aux plus sophistiqués, des plus minces, portes intérieures sans poignées qu’il suffirait de pousser d’un doigt, aux plus hauts et robustes portails infranchissables de complexité, à double ou triple verrous. Pourtant, il sait qu’il doit trouver le courage nécessaire, que de franchir ces portes ou ne serait-ce qu’une porte, la sienne, s’avère nécessaire. Qu’on ne peut pas se retrouver sans cesse sur le seuil, les mains posées sur le chambranle et en vaincu courber la tête en appui sur le bois et puis décider de faire demi-tour parce que derrière se cache l’inconnu.

Il faut qu’il pousse, relève le cou, serre les dents s’il le faut, il doit regarder la porte de tout son long, en apprécier la matière, l’unicité. Surtout ne pas regarder derrière ou alors en conscience, sans inciter son désir de reculer, sans réanimer son mécanisme d’inertie. Il doit simplement apprécier le parcours, le long parcours qui l’a conduit sur ce pas, cette porte, pas une autre, celle-là, là, planter devant lui. Pas une vulgaire issue à portes battantes, non, s’il est à cet endroit devant cette porté là, ce n’est en aucun cas le fruit du hasard, c’est sa porte. Il mérite cette porte, elle est placée sur son chemin, pour lui, uniquement pour lui. En conscience, il faut passer le pas, en déduire le sens, la peine subie jusqu’ici, le travail qui a été nécessaire pour en arriver là et franchir. Traverser sans regret en laissant la porte ouverte pour ne pas oublier le passé et les chemins escarpés.

Il faut mais voilà, souvent, il s’arrête devant les portes.

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