Je vois
samedi 27 septembre 2014
Je vois dès le matin tes cernes lourds remplis d’une nuit interminable. Ce regard de chien battu que tu lances sur le monde, l’encre jaune que tu retiens. Je vois. Tout le poids des silences porté en valise autour de tes yeux. Tout ce que tu ne dis pas qui s’agglomère au fil du temps comme de la poussière.
Il faudrait passer un chiffon humide sur tes yeux, laver les souvenirs de cendres, ceux qui enrayent la machine par leur dépôt de nuit.
Je vois. Ton visage éteint, la lave froide qui fixe ton humeur. Tes joues qui tombent sur des lèvres qui n’embrassent plus. Je vois. L’amour qui se planque entre tes dents, les carries d’affectation qui sourient jaune. Toute l’amertume en peinture sur ton front strié d’un temps trop long.
Il faudrait détartrer la machine, du vinaigre blanc pour désoxyder les rouages de ton aventure, du baume au cœur pour dérider tes anxiétés.
Je vois. Ta vie en miroir. Tu ne dis rien, tu pars en laissant le poids de ta nuit en cernes lourds sur mon visage. Je vois toujours. Tout ce que tu es sans pouvoir y toucher.
edit
Voir c'est aussi toucher...
RépondreSupprimerdu regard.
Relire ce beau texte essentiel au hasard des RT sur Twitter...
RépondreSupprimerMerci Claudine pour tes lectures et relectures donc :)
SupprimerC'est exactement ça… Dans la lignée des précédents.
RépondreSupprimerC'est comme un seul pan d'une vision...?
RépondreSupprimerCette part qui voit, constate et perce au sein du secret...
Mais ce qu'elle en ressent reste dans le flou, comme un non-dit, pour mieux souligner tous les autres...