Je vois

19.3.16

Je vois
Dès le matin tes cernes lourds remplis d’une nuit interminable
Ce regard de chien battu que tu lances sur le monde
L’encre jaune que tu retiens

Je vois
Tout le poids des silences porté en valise autour de tes yeux
Tout ce que tu ne dis pas qui s’agglomère au fil du temps comme de la poussière
Il faudrait passer un chiffon humide sur tes yeux
Laver les souvenirs de cendres
Ceux qui enrayent la machine par leur dépôt de nuit.

Je vois
Ton visage éteint
La lave froide qui fixe ton humeur
Tes joues qui tombent sur des lèvres qui n’embrassent plus

Je vois
L’amour qui se planque entre tes dents
Les caries d’affectation qui sourient jaune
Toute l’amertume en peinture sur ton front strié d’un temps trop long
Il faudrait détartrer la machine
Du vinaigre blanc pour désoxyder les rouages de ton aventure
Du baume au cœur pour dérider tes anxiétés

Je vois
Ta vie en miroir
Tu ne dis rien
Tu pars en laissant le poids de ta nuit en cernes lourds sur mon visage

Je vois toujours
Tout ce que tu es sans pouvoir y toucher

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