Insinuation

1.4.17

Il s’insinue dans ma tête comme un songe au réveil qui m’assaille sans savoir qui ou quoi de la nuit ou du jour précédent l’a provoqué ; s’il fait partie d’un rêve tombé subitement dans la réalité ou, à l’inverse, s’il est une pièce de la réalité venue se prendre dans le filet d’un rêve. Il est un mot, ou du moins le langage lui donne l’apparence d’un mot. Un mot sans queue ni tête, un mot plein de sous-entendu, un mot qui ne cesse de parcourir les méandres de mon esprit. Il y a d’abord un son, lourd, plombé de doute qui ne résonne que pour moi et ensuite l’enchaînement de la verbalisation mentale : la mise en forme habituelle en un mot correctement composé de syllabes, de lettres bien taillées, propres, presque palpables. Derrière se cache une signification, tout aussi brève que peut l’être l’apparition puis la disparition de la tête d’un coucou s’éjectant et se rétractant d’une pendule. En quelque sorte, je suis face à la disparition inéluctable d’un mot, d’une idée ayant pris l’apparence d’un mot et qui, quelques secondes plus tôt, était un appel au réveil – le coucou du coucou – pour brusquement s’effacer à jamais dans le dedans du dedans de ma pendule.

Dans le même tiroir