Junkie

6.4.19

La rue est une junkie. Elle se traîne souvent parterre les soirs de mauvais voyage, snifant les restes de vapeur d’un pot d’échappement. La rue rampe et erre sans fin à la recherche de sa dope. Élevée depuis son jeune âge aux particules fines, elle guette, à chacun de ses coins, le dealer motorisé qui lui fournira sa dose pour la journée ou parfois même que pour une seule heure, quand elle a la malchance de ne trouver sur sa route qu’un de ces nouveaux véhicules hybrides équipés de filtres et gavés d’électricité.
La rue n’est qu’une pauvre droguée. Elle cherche notre énergie fossile comme un chien truffier sa perle. Les murs sont badigeonnés de son haleine carbonée, de son crack qu’elle s’injecte en intra-venelles.
Et nous, on ne voit rien. On continue à l’alimenter jour et nuit. Et lorsque, parfois, on aperçoit son corps endormi, soumis aux soubresauts du manque, on passe notre chemin en appuyant sur l’accélérateur.

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