Le confiturier

27.6.25

Je me souviens des notes que tu laissais sur le petit meuble dans le couloir. Juste à côté du téléphone à cadran et au fil torsadé, quelques mots sur des post-it bleus qui ne se détachaient jamais de leur bloc. Un nom, un numéro, une fleur ou un gribouillis déposés là lorsque ton interlocuteur parlait trop, ne voulait plus raccrocher, se perdait en bavardages inutiles.
Je me souviens de ce meuble aux grosses joues. Tu l’appelais le confiturier, le petit confiturier en bois brun. Aucune confiture à l’intérieur, mais des blocs et des blocs de papiers bleus, neufs ou déjà griffonnés : des noms avec des numéros, des fleurs ou des gribouillis d’impatience.
Je me souviens de ce confiturier, lorsqu’il a fallu le déménager. Je l’ai vidé de tout ce papier bleu qui sentait la poussière. Quelques blocs se sont défaits. Alors, j’ai trié : les fleurs d’un côté, les gribouillis de l’autre ; les correspondants que tu aimais, et ceux qui t’agaçaient.
Je me souviens du tout petit bouquet de fleurs.

2020

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