Une virée à deux ?

6.11.09

Une virée à deux [ Le cabriolet ] Et parce que je l’aime, mon sentiment de victime s’estompe très vite. Elle vient me rejoindre, me roule des yeux et m’emporte à nouveau vers des contrées inexplorées. Sa simplicité, sa douceur et son sourire émanant de toute son être ont raison de mon dépit de l’instant.

Elle m’aime aussi, je le crois. De roucoulade romantique au bord de l’eau, de frissons enivrants en virée à deux sous le soleil dans son automobile tels des « lilicub », nous sommes en route pour notre voyage périlleux en Italie. En définitive, de la célèbre botte, nous n’avons vu aucun détour mais le périple a bien eu lieu, au cœur de sa famille bergamasque d'un côté et sicilienne de l’autre.

Nous avons maintenant atteint un degré d’intimité suffisant pour parler de projets à long terme. Nous rêvons de voyages vers des lieux à la mode où nous pourrions exercer notre charme de jeune couple crédule. Impatient de passer du rêve à la réalité, je provoque des plans, les mets en place, pose des dates, des lieux. Tout un roman. Elle reste enthousiaste mais les choses évoluent peu.

Ce soir là, au clair de lune,  nous sommes allongés  dans son cabriolet. Une fois la chose accomplie, je l’interroge sur sa réticence. Son visage d’habitude si radieux se voile et elle m’avoue éprouver des difficultés avec sa famille. Elle me brosse le portrait de son pater familias : rustre, protecteur à l’excès, vindicatif et colérique. Je l’écoute s’énerver. Je suis étonné par les termes qu’elle emploie. Elle finit par se calmer et les yeux humides, conclue en me disant qu’avec tout ça, elle n’est pas prête à partir en idylle estivale avec moi.

Je reste perplexe sur ses révélations. Je trouve un décalage flagrant entre l'idée que je me fais de ses parents et  l’univers familial qu'elle me présente. Nous en restons là pour l’instant. Arrive le début de l’été et errer pendant deux mois entre mon village et le sien ne m’intéresse guère. Il faut que je bouge et si je bouge, c’est évidemment avec elle. Je relance alors la discussion et lui demande d'insister auprès de son père, quitte à le rencontrer pour lui prouver que sa fille n’est pas dans les mains d’un voyou ou autre animal lubrique. Attendrie par ma proposition, elle accepte ma démarche. Certainement, n’attendait-elle que cela.

Nous avons choisi un dimanche pour faire les présentations d’usage. Le rendez-vous plusieurs fois reporté est enfin arrivé. Ses parents attendaient le bon moment et, surtout, voulaient-ils s’assurer de la solidité de notre couple. Je me prépare depuis tellement de temps que la pression de l’événement réussit à me déstabiliser. J’appréhende le tête-à-tête avec « le parrain sicilien » diabolisé par sa fille. Elle vient me chercher chez moi et me découvre endimanché pour la circonstance. Les cheveux  courts, collés de gel extra-strong, le polo imitation Lacoste, le jean 501 tout neuf, et mes fameux mocassins à glands. Le look du gendre parfait. Je suis fin prêt pour l’entrée dans « l’aréna di bella ragazza ».

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