Étonnement

L’heure est assise
sur le bord de la fenêtre,
à compter ses atermoiements. 

L’œil de la lampe
à travers la vitre
lui lève un sourcil d’étonnement. 

Le jour descend lentement 
renvoyant à la nuit 
des questions sans réponses.
  • 17.11.25

La bille

J’écoute le vacarme du monde
que l’on jette à tous les balcons,

le bruit incessant des voix
comme des bottes sur le pavé

mais j’entends aussi l’enfant,
la bille qui de sa main glisse,

ce petit rebond sur les carreaux,
cette harmonie infinie dans le chaos.

2018
  • 15.11.25

Sous les routines

Parfois quelque chose remue
dans l’anodin des jours.

Un mot plus léger que les autres
apparaît dans un courant d’air.

Dans le bâillement d’un rideau,
une douceur caresse un désir.

Juste le temps d’en sourire
que tout disparaît sous les routines.

2019
  • 14.11.25

La saison des buées

C’est le début
de la saison des buées.

Sur la vitre
la marque de tes doigts,
je souffle dessus 
pour en préciser le contour. 

Lentement s’effacent
nos pensées 
— le jour peut rester gris. 

  • 10.11.25

Brume

Ce matin, j’aurais eu vite fait
de me perdre dans la grande brume,
hésitant sur le pas de la porte,
craignant d’y trouver
autre chose que moi ;

s’il n’y avait eu 
(est-ce une chance ?)
mon corps qui avance,
et fait le premier pas. 

On marche, mon corps et moi
petite densité
dans la rue sans fond,
brume d’intimité
où le grand tout s’agglomère 
et me retrouve.
  • 9.11.25

Dans le dos du ciel

Une main dans le dos du ciel
dessine au fusain l’esquisse
d’une fosse où sombrera le jour.

L’autre main porte la nuit jusqu’à toi 
qui attends quelque miracle
derrière une fenêtre sans fin.

2017
  • 7.11.25

J’écris pour rien

Le jour n’est pas fini,
que déjà je le pousse
pour m’assoir à sa place. 

J’imagine un soir de cheminée
de fauteuil, avec un bon livre
pour oublier le mauvais sang. 

Le jour n’est pas fini,
j’écris pour rien
juste pour que les jours
continuent de finir
  • 1.11.25