Tu disais, tu vois

28.8.11

Tu disais, tu vois

C’est toujours une surprise, tu disais, toujours une surprise ce désir qui creuse le ventre, sans raison, là, subitement, il te prend, tu disais, tu sais pas d’où il vient, pourquoi maintenant, pénible, pas le moment de, et tu renâcles à le laisser te pousser au dehors. Toujours un malaise qu’il provoque ce désir, tu disais, il me met mal, tu vois, il m’indispose, gêne ma tenue, les mots que je voudrais dire là, que je voudrais te dire là, à l’instant où il te saisit, sauvage, puant, troublant, sexuellement troublant, tu vois. Je sais pas si tu me comprends, tu disais, les yeux bouleversés par les formes introduites du désir, par le prisme du mien, de désir, du mien, appétit que je darde malgré moi, que j’accueille pour ce qu’il est, que je prends, que je m’essaye à te donner. Pas les même ondes, tu disais, malentendu, mal vu, pas les mêmes gestes que toi, tu disais, pas envie de, pas faire là, pas le temps, trop vite, trop brusque, tu vois. Moi je comprends, je m’écoute, je sais que, pas possible, tu vois, mais toi, tu comprends pas que, tu disais, tu comprends pas que, tu répétais sans finir tes phrases en esquivant le trop, en tournant le dos, le dos au désir, tu disais, je le veux, je te veux, mais il faut que je décide, tu vois.

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