Ce sont des nuits

11.8.13

Ce sont des nuits, des nuits fraîches à remonter la couette roulée en boule au fond du lit. Des nuits au sommeil agité, interrompu par le bruit dans le couloir, des pas lourds qui tapent les marches noires. Lumière éteinte, à tâtons, il entre. Ce sont des nuits qui ressemblent à des rêves, l’angoisse engourdie au bout des pieds. L’escalier dit ce qui ne se voit pas. Les marches projettent sourdes les images qui se combinent pour créer la scène. Et yeux clos, elle se déroule cinétique et muette.

Ce sont des nuits glaçantes, en noir et blanc. Un pas pour chaque marche, un souvenir pour chaque bruit. Il entre. Sa tête en cinémascope, gueule de bois et cheveux en lutte. L’étrangeté du rêve et le vivant mêlés composent, décomposent par séquences précipitées. En haut des marches, la caméra subjective filme depuis le plafond, tourne sur le haut de sa tête, file le vertige au spectateur endormi comme le réel se prend à tituber sur son intempérance.  Il entre. Reste figé sur la pellicule du rêve, tousse pour de vrai dans le souvenir puis s’en retourne à dégriser. 

Ce sont des nuits à remonter le temps, à cingler la couette à grands coups de regrets.  Des nuits à se repasser le film en boucle, du couloir à l’escalier, du palier à la salle de bains, des nuits à refaire le passé. Pour finir réveillé et écœuré à vomir son manque sans lever la lunette des WC.

Dans le même tiroir