Comme l'eau du puits

5.7.14

Entre deux orages d’été, par un temps au goût de serpillère mouillée, tu rinces le trottoir d’une eau claire tirée d’un puits imaginaire. Tu redresses les géraniums ébouriffés par le vent, jettes sur eux un regard de compassion. Le rouge fané des fleurs, délavé par l’essorage a chamboulé tes rêves. Le ciel en colère a renversé l’horizon. Te voilà le cœur javel, les pieds dans l’eau et un grêlon coincé dans la gorge, à ressasser le beau temps d’hier et les armories du ciel.

Un voile dans tes yeux, tu fixes l’arc-en-ciel dans le caniveau. Tu balaies les scories d’un passé persistant à fixer des couleurs identiques, fourbies d’un filtre sépia. Le trottoir bientôt sera sec et ne reflètera plus rien que le vide de tes idées désordonnées. Le grêlon dans ton ventre en sourdine fixera le fiel. Jusqu’au prochain grondement où l’espoir reviendra clair comme l’eau du puits.

Dans le même tiroir