Le pari

15.6.15

On a fait le pari. Le pari des songes qu’on avait enfouis. On l’a sorti comme un défi. On a tapé dans nos mains, aussi fiers que des galopins qui dupent le matin en se couchant dès potron-minet. On a filé la vie dans nos pognes, fiers comme des gosses et on a parié que demain on gagnerait.

On a bourlingué chaque de notre côté, connu d’autres paris bien lissés où la peur est calculée et les risques bien fluets. On a fait semblant de parier, la peur au ventre de trop raisonner mais, dans nos poches, toujours respirait le secret espoir de retrouver le pari premier, le vrai, celui qui nous a fait vibrer. 

Alors bien sûr, parfois, on a douté, de nous et du sang mélangé du jour où on a gravé sur nos poignets le pari qui nous a fait rêver. Le temps a usé nos promesses, battu en neige nos belles idées pour en faire des vœux brouillés. Les gens sont passés à nous détourner du pari des années déjantées, à nous dire et nous redire, en psalmodiant les règles de la bonne société, qu’il est sage de ne point trop rêver. Mais à chaque fois, on a retrouvé dans nos mouchoirs pliés ces quelques mots vieillis avec lesquels on a parié que de l’enfance jamais on ne se séparerait.

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