Morning à la fenêtre S07

23.12.15

Le vrai automne gris et sale, une cuisine avec des bruits de bois, un douceur de décembre à empiler des sommets écolo, le vent qui manque et le silence, la boite à liens toujours ouverte permanente et aliénante, la mer qui enfin se réveille pour un hiver de parade.
C'est la septième semaine du « morning » par la fenêtre. Deux strophes de quatre vers avec la contrainte de terminer par un vers court, un ou deux mots. Chaque « poème » est publié sur les réseaux sociaux. Un par jour. Voici les sept jours de la semaine 7. Ça ira de semaine en semaine, de jour en jour, de matin en matin… et puis une nuit, ça s'arrêtera.


Jeudi 17 décembre

Le matin coule un petit
Lait dans le ciel bougon
Enroulé dans son plaid
De laine vierge à tricoter
Le jour

Le goéland épie le souffle
De la rue de son lit de ciel
Perché sur le réverbère
Comme une sentinelle en
Faction



Vendredi 18 décembre

Le bois craque sous la langue
D’une nuit de visages et d’éclats
Qui n’arrivent pas à débaucher
Le labeur du jour d’entre meubles
Et corps

La pendule balaie des miettes
D’heure tombées sur la table
A petits coups de tic et de tac
Qui rejoignent la rue à son
Silence perlé





Samedi 19 décembre

Le ciel bat les nuages
Gris en neige sucrée 
Qui coule sur la mer
Comme une friandise
D’été

Décembre fait le beau
Dans une mousson im-
Probable dont personne
Ne sait le corps nu livré
Au reflux




Dimanche 20 décembre

Le vent manque à la mer
Manque à la rue solitaire
Qui se figent sous un drap
Tendu de nuit où s’usent
Les échevelés

Un vanneau à huppe basse
Roumègue dans sa mare
Flétrie par les jours sans eau
Et cherche bec au ciel les
Frimas atermoyés


Lundi 21 décembre

Trois lampes défient la nuit
Encore pleine alors que le led
De la boite à liens cille de vert
En signe de désir et de suture
Au jour

La connexion est permanente
De nuit à aube entre le monde
Et le salon où se tresse l’intime
Des paroles sourdes au flux
Des autres
Mardi 22 décembre

La rue est tirée à quatre
Epingles, toujours propre
Sûre et belle et la mer folle
Se moque de cette frigidité
D’esthète

La vague claque au charbon
De la grève et joue galapiat
A « tu me tiens tu me tiens »
Par l’écume avec les embruns
Sauvages




mercredi 16 décembre

La mer ronflante et grosse
Sous les paupières sort
De la nuit la plus longue
Par un matin doux comme
Un plaid

Sur les genoux nus s’assied
La cendre d’un jour calciné
Tandis qu’un pinson siffle
Aux ombres la riposte des
Heures longues





Denis Roche _Photolalies 1964-2010 _Pavillon populaire de Montpellier 19/12/15

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