Attraper le fil #RatsTaupiers #Fragments

22.12.15

Quelques fragments qui vont ponctuer un recueil à paraître en 2016.

Tu es une parole sourde. Un son ténu qui longe le fil comme une note de musique placée dans les très graves. Aujourd’hui ce n’est pas grave si tu n’es plus là. J’ai déréglé le fil. Tu es devenu une intonation aigüe sur la portée de ma vie.

Je me souviens de la violence de tes silences comme d’un fil qui serrait ma gorge. Tu as tapé dans mon ventre tant de fois pour que je déglutisse. Pour que le fil passe entre nous malgré tout. A jamais mal digéré le froid de cette absence et maintenant qu’elle est cruelle, j’attends chaque matin que tu me passes un coup de fil pour ne rien dire.

Je tiens le fil de l’élégance pauvre. Je te vois bouseux, tu es classieux. Tu es grand seigneur dans ton alcool de peau, ta fragrance grasse de patchouli. C’est ce qui nous tient au nez, à ta barbe toujours impeccable, à la gomina des années passées. Ton odeur de beau me tient au fil de toi entre haleine au goudron et accents fumés. Toujours tendu sur des odeurs boisées, terreuses et sèches.

Tu as laissé le fil dépasser de ta tombe. Je l’ai ramassé et fixé sur ma tête comme une antenne. On s’émet des sons, maintenant. On s’aimait sans son, avant. On s’aime comme on peut.


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