Pourtant, toi, tu as bien franchi le champ

24.2.20

Pourtant, toi, tu as bien franchi le champ. Malgré les herbes hautes, malgré les bêtes dont on entend le râle sous les taillis.
Tu es bien passé de l’autre côté et n'es jamais revenu.
Pourquoi n’ai-je jamais trouvé ta trace, ton élan ? Pourquoi n’ai-je jamais eu ni l’envie ni le besoin de te rejoindre ?
Toi, la bravoure et la brûlure.
Est-ce ici le courage qui s’enfuit quand trop de nuits sont tombées ?
Est-ce là le manque qui me prend dans ses bras, si proche qu’il me fait du bien, bien loin ?
Ou est-ce simplement l’histoire qui doit s’écrire sans toi, avec le souvenir comme personnage principal ?
Je ne traverse pas.
L’herbe est trop haute sous le cœur, trop de bêtes dans le ventre. Mon ombre est devenue une forêt.
Je garde la ligne sous l’arbre, j’attends le vagabond qui, pris dans le chant des oiseaux, voudrait te rejoindre. Je dois lui montrer la voie, faire toujours le tour du champ, continuer jusqu’à devenir le chemin.

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