Oui Non

5.6.12


Sur le mur, la confusion, oui et non mentionnés au crayon de bois, graffés à l’emporte pièce pour définir ce qui est, ce qui n’est pas, ce qui doit se faire, ce qui doit ne pas se faire. Oui. Non. Et fuse l’imprécision à la lecture de gauche à droite d’un oui d’un non abscons. Sur le mur. Pourquoi ? Que signifient deux mots si ennemis ainsi exposés au regard ? Oui gauche, non droite. Clivage de langue, absence de choix. Par le son, deviner leur poids, leur nécessité d’être là ainsi révélés au mur. Chercher à comprendre, déduire l’intonation. Voui, nan, moui, non, vi, no. Sifflante, courte, longue, lente, rapide, rigide, plaintive, craintive. Comment les prononcer, sentent-ils le doute ou la certitude ? La directive ou le désordre ? La patience ou l'emportement ?

Oui. Non. Sortir le manque angoissant de verbalisation, de possibilité d’exprimer clairement ce oui, ce non par la parole. Trop massif en bouche, trop sec à la langue, trop hurlant au petit. Trop de trop à dire à justifier après avoir lancé oui, après avoir jacté non. Trop de choses à défendre, indéfendables, impossible à tenir dans le regard de l’autre. Vaut mieux l’écrire, graffer ce qui ne peut pas se dire. 

Écriture rapide au crayon de bois effaçable, pirouette et expression corporelle, geste amble, claquement de talon, main qui s’élance, crissement de la mine sur le plâtre : oui, non collés créatifs au mur ! Et puis s’en va, c’est fait. Sans aucun sens, mais c’est fait et dans la fuite – dos tourné au brouillon – se retourne et glisse une frontière, une ligne pointée d’une flèche comme pour signifier un peut-être dissocié, un entre deux rassurant.


Dans le même tiroir