Manuscrit zéro

1.5.20

1er mai, 18h30, les cloches retentissent dans la cour. Je lis Yôko Ogawa et m’arrête un instant pour apprécier la douceur de l’air et la danse des cloches qui déjà se calme. 
À l’étage, j’entends parler italien. Une voix d’homme très forte qui n’en finit plus de parler. 
Les cloches sont remplacées par  les sirènes d’une voiture de police qui, elles aussi, se calment très vite. 1er mai, 18h30, les cloches retentissent dans la cour. Je lis Yôko Ogawa et m’arrête un instant pour apprécier la douceur de l’air et la danse des cloches qui déjà se calme. 
À l’étage, j’entends parler italien. Une voix d’homme très forte qui n’en finit plus de parler. 
Les cloches sont remplacées par  les sirènes d’une voiture de police qui, elles aussi, se calment très vite. 
Yôko parle encore un peu dans ma tête, en italien. Je ne comprends rien. Sinon, qu’elle écrit tout ce qui la traverse pendant l’écriture du manuscrit de son nouvel ouvrage. Manuscrit zéro, c’est le titre du livre. 
Le vent se lève. Je l’entends tourbillonner dans la cour mais ne le sent pas. 
Ogawa, c’est la fuite des idées ou plutôt la fuite du temps comme un vent que l’on ne ressent pas, comme si son écriture n’était guidée que par la pensée de l’instant. Le son des cloches qui très vite s’évanouit : c’est peut-être ça son écriture. Ou bien est-ce la sirène d’une voiture de police qui disparaît rapidement.
Elle capture la durée dans sa langue. C’est sûrement elle qui vient de faire taire l’Italien à l’étage. Elle capture la durée dans sa langue. C’est sûrement elle qui vient de faire taire l’Italien à l’étage.

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