L’étalon

23.8.11

imageChaque fois, il se cabrait, se dressait, torse bombé, quand il percevait chez l’autre un assentiment exagéré. Lui, il aimait la Vérité avec un grand V. Etalon dans sa curie, il ruait facilement dans les brancards lorsqu’il surprenait une once d’hypocrisie dans les yeux de son interlocuteur. Il lui fallait du brut au pur-sang, de la réponse au tac à tac. Jamais, répétait-t-il, au grand jamais il ne se vexerait devant la sincérité, même à son propos, même si celle-ci s’avérait être embarrassante pour sa personne. Il ne pouvait pas se contrôler, il le savait, il la sentait monter la fureur dans son corps à la moindre lueur espiègle, au plus petit regard veule du mensonge et à cet instant, une décharge d’adrénaline le faisait bondir au triple galop et foncer poitrail en avant dans le lard de son railleur. Point de nuance chez cet homme habitué à monter sur ses grands chevaux, aucun pensées décalées, réparties spirituelles ou autres gausseries. Pas son truc à l’équidé, au mâle tout puissant à la pensée unique et au tempérament de feu.

C’était ainsi, c’était acquis, connu de tous jusqu’au jour où tout a basculé. Au réveil, l’épouse de notre étalon, la jument câline allongée à ses côtés, la tête inclinée fiévreuse de déposer sur ses lèvres un baiser animal, murmura à l’oreille de son cheval qu’il fallait vraiment qu’il fasse quelque chose pour résorber son haleine de poney.

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