Morning à la fenêtre S01

11.11.15

L’aube douceur ou le jour tordu, le bruit apaisant ou le silence assourdissant, les cris d’un rêve ou les pleurs stimulants d’un chien errant, le pépiement bleu d’un étourneau ou la longue plainte d’un goéland.
Depuis une semaine, tous les matins, c’est « morning » par la fenêtre. Deux strophes de quatre vers avec la contrainte de terminer par un vers court, un ou deux mots. Chaque « poème » est publié sur les réseaux sociaux. Un par jour. Voici les sept premiers jours. Ça ira de jour en jour, de matin en matin… ou pas. 


Jeudi 5 novembre

Un goéland geint au jour naissant
Un nuage bas masque son soupir
Qui souffle dans le palmier sec
Le bruissement d’un étourneau
Perdu

La nuée noire a oublié un enfant
Son babillage est une détresse
Qui fait lever une lumière sale
Une asthénie dans le p’tit matin
Gris

Vendredi 6 novembre

La pendule cadence à petits tics
Le silence qui nappe les murs
Sa rumeur s’abime dans la
Terre souple comme une mine
D'espoir

Une empreinte douce suinte à
Ses pieds l’humidité perdue
D’un mois de novembre dans
Le murmure arpège d’un écho
De désir

Samedi 7 novembre

Au matin des nuits crues
Le jour endormi sur sa taie
Tire des traits au visage
Et pile les rêves au moulin
A rides

La figure à la lumière jaune
Des pâles trouées artificielles
Drague des canaux trop irrigués
La saveur amère des songes
A venir

Dimanche 8 novembre

Un ciel repu ceint les toits
De nuages en masse soûle
Seul, le goéland dégrisé vole
A la mer le chagrin des jours
Nus

Il épand au-dessus des visages
Un parfum de printemps indu
Comme un douceur sale sur
L’encre fraîche d’une nuit à
Trous

Lundi 9 novembre

Une cheminée à chapeau plat
Dresse au ciel une fumée bleue
Qui découpe le ciel aux ciseaux
Dans un silence rompu au jour
De traine

L’antenne râteau s’en prend au
Corbeau qui baye aux mouettes
Et prend la place et la fumée pour
Son piège à idées noires et lasses
De tout
Mardi 10 novembre

Par la fenêtre haute en brume
Le réverbère détruit d’un oeil
Plaintif l’épouvante des ombres
Sous le sable grêle des paupières
Molles

La nuit s’est couchée à front de
Grève pour un sommeil de paille
Et ce matin, le jour a une gueule
De croquemitaine à ronger des os
Jaunes

Mercredi 11 novembre

Une voix court sur le sable
Crie à la langueur des jours
Dans une clarté fade de bé-
Ton qui peint l’horizon de
Fiel

La fenêtre amollit son cœur
Étendu sur la rive souillée
Elle ira se manquer dans le
Poudrin parme qui voile la
Peine 



Toits, avenue saint Maurice _Palavas 11/11/15

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