Mêmes portes
2.3.18
On marche sur le trottoir d’une ville, le long d’un ensemble hétérogène d’habitations. On perd un peu l’équilibre devant le petit appartement de plain-pied et ses deux pièces engoncées dans le béton. On lorgne de l’autre côté d’un jardin clôturé de broussailles au sein duquel un petit pavillon flétrit. On étire le cou sur l’immeuble à hublots qui tutoient le ciel. On lâche notre hébétude sur la tour inhumaine flanquée de miroirs qui déforment la rue. Derrière, on sait les mêmes portes, les unes les autres, s’imiter. Pourvues de la même huisserie menuisée, du même battant, du même coulissant, de la même serrure, poignée, sonnette ou marteau. De la même matière neutre. Seules les couleurs varient de quelques tons, du gris, du marron, du blanc, du noir. Des mêmes portes fermées. Que la lumière disparaisse et c’est la fenêtre qui dira l’enfermement au travers d’un rideau aussi flottant qu’une nouvelle frontière ; ombres fugaces, scènes syncopées, gestes décousus, corps qui se cachent. On marche au bord des portes qui étouffent.